Velvet suivait tranquillement la vampire dans le long couloir qui menait à sa chambre. Le mobilier cassé, c'était un détail qu'on pouvait aisément effacer avec un peu d'argent. Et c'était une denrée dont elle ne manquait pas. Ce qui lui fallait maintenant, et qui allait être plus compliqué, c'était de convaincre la vampire.
Elle ne jeta qu'un bref regard à la chambre, laissant échapper une grimace.

"Et bien. Ils être vraiment déchaînés tout particulièrement contre vous on dirait. Mais je vous faire confiance pour la sale de bains. Etrangement, c'est toujours le dernier endroit que l'on va aller vandaliser. Peut-être par manque de temps ou parce que ce n'être pas glorieux de raconter qu'on a cassé une baignoire, allez savoir."

Elle haussa les épaules, sans se départir de son sourire pensif alors qu'elle fixait maintenant la propriétaire des lieux ave curiosité.

"Il y a donc encore beaucoup d'endroits en bon état. Les travaux ne devraient être ni très longs ni très coûteux. Sauf si bien sûr il y a des cadavres dans les murs ou des malfaçons dont vous ne pas avoir parlé. Mais je ne pense pas. Ce serait mauvaise idée pour vous n'est ce pas ?"

Elle voyait à sa façon se parler des lieux que la vampire y avait été attachée. Peut-être l'était-elle toujours, c'était maintenant le moment de le découvrir.

"Bien. Je pense m'être fait une idée précise des lieux. Le moment être venu d'entrer dans le cœur du sujet n'est ce pas ? Il va nous falloir négocier et discuter de certains détails qui devoir surement vous intéresser. Je avoir une offre que vous ne pourrez pas refuser."

C'était toujours la partie qu'elle préférait. D'autant plus que cette fois-ci, Hycks lui avait laissé une marge de manœuvre assez conséquente, comme bien souvent d'ailleurs, n'attendant d'elle que des résultats sans réellement se soucier des moyens. C'était ce qui faisait la force de leur équipe, une confiance totalement absolue et quasi aveugle que rien n'était jamais ébranler.

Des cadavres dans les murs ? Mais quelle drôle d’idée !

Mettre des macchabés dans les fondations ? Je ne verrais pas l’intérêt, ça finirait par pourrir et je vous raconte pas l’odeur ni les mouches… Non, on s’est occupés des morts de façon décente, je vous rassure.

Le moment était venu de parler gros sous, celui que la vampire redoutait le plus. En effet, elle était dans une position délicate qu’il était difficile de cacher : son affaire en miettes, son lardon endormi sur le bar du rez-de-chaussée, il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu’elle avait besoin de renflouer ses finances, ce qui la mettait dans une position vulnérable. Malgré tout, elle n’avait pas l’intention de se faire plumer, mais était-elle réellement en position de force pour négocier ?

Vous me voyez tout à fait intéressée par cette proposition alléchante, mais avant de jouer carte sur table je vous invite à me suivre dans un endroit plus propice à la discussion…

Ouvrant le chemin, Llylewin descendit les escaliers et mena son acheteuse vers les parties privées du dessous, la cuisine et le salon des girls qui était resté intact et dégageait de bien meilleures ondes que le lounge carbonisé.
Elle invita la russe à s’assoir à la grande table du coin cuisine et lui demanda de patienter un instant alors qu’elle se dirigeait vers le grand frigo qui avait accueilli tout les stocks du bar : il y avait donc de quoi concocter un parfait petit Bloody Mary, mélange de sang, vodka et sel de céleri, le cocktail favori de la maquerelle qui ne pouvait pas déplaire à son interlocutrice.

Elle retourna ensuite s’assoir en face d’elle et lui tendit son breuvage :
Tenez, vous pouvez y aller, il n’y a que des bonnes choses dedans ! Cheers !

Elle en descendit ensuite une bonne rasade, pour se donner du courage.

La vampire laissa échapper un sourire amusé à la réaction de Llylewin. Elle semblait avoir définitivement perdu toute forme d'humour en ce qui concernait son bâtiment, si tant soit peu elle en avait eu un jour. D'une certaine façon, cela ne faisait que confirmer l'attachement qu'elle semblait toujours avoir pour les lieux et ne renforçait que d'autant plus la détermination de Velvet qui se contenta de hocher la tête tandis qu'elle la suivait dans les méandres de la maison.

Alors qu'elles arrivaient dans la cuisine, elle jeta un bref regard autour d'elle. Il est vrai que, lorsque les pièces étaient en état elles étaient particulièrement agréables à regarder et Llylewin semblait avoir vraiment mis du temps et de l'énergie dans la rénovation des lieux. Espérant qu'il en serait de même une seconde fois, elle attrapa le verre et en but une gorgée avant de l'approuver d'un hochement de tête.

"Et bien, vous être douée pour faire des cocktails particulièrement savoureux. Cela doit mettre les clients dans un bon esprit tout ça. Et les investisseurs aussi."

Le mot était lâché. Elle attendit quelques secondes avant de reprendre, d'un ton toujours aussi tranquille et sans se départir de son sourire.

"Je vais être franche. Je n'avoir pas la moindre envie d'avoir une maison telle que celle-là pour y habiter et encore moins de tenir de moi-même une maison de passe. Mes… partenaires et moi sommes à la recherche de lieux plein de potentiels et qui avoir besoin d'un coup de pouce pour repartir sur de bonne base. Ce qui être le cas ici."

Un nouveau silence tandis qu'elle buvait une autre gorgée du cocktail qu'elle trouvait décidément délicieux. Notant dans un coin de sa tête la recette, elle reprit.

"Je savoir déjà que vous allez me dire que vous voulez partir d'ici et qu'il n'y a que des mauvaises choses pour vous ici. Mais si vous avoir l'occasion de tout reprendre à zéro dans de meilleures conditions. Avec la sécurité et des fonds conséquents. Vous en penser quoi ?"

Elle s'arrêta encore une fois, fixant la vampire sans ciller. Si elle était totalement hermétique à ces arguments, Velvet en avait d'autres dans sa manche. Elle espérait que son interlocutrice n'y serait pas totalement insensible.

La vampire attendait le début des négociations avec une certaine nervosité. Elle avait conscience que l’enjeu de ces tractations était crucial pour son avenir et donc qu’elle n’avait pas le droit de se louper.

Le début du discours de la russe n’avait rien pour la rassurer : que foutait-elle donc ici si la baraque et le fond de commerce ne l’intéressaient pas ? Racheter son commerce pour lui donner une nouvelle chance de repartir à zéro ?
Non mais c’était quoi cette arnaque, ils la prenaient pour quoi, une quiche suffisamment naïve pour ne pas sentir la baleine sous le gravillon ? Les business angels, ça n’existe que dans les contes avec les marraines bonnes fées…

Tripotant nerveusement son verre, Llylewin articula, tentant de rester posément courtoise :
Hum non attendez, je ne comprends pas bien… Vous vous proposez de racheter mon affaire, de réinjecter des fonds dedans tout en me la laissant ? C’est une blague, il est où le coup fourré, si je signe je vends mon âme au diable c’est ça ? Je deviens votre propriété ?

La maquerelle vida à nouveau une gorgée de son breuvage alcoolisé avant de reprendre :
Bref, c’est quoi votre intérêt à vous de faire ça ? Pourquoi vous me proposez ça à moi ? Alors qu’on ne se connait même pas ? Vous ne vous dites même pas que je dois être une mac pourrie pour avoir mis mon bordel en vrac ?

La réaction de Llyl ne surprit pas Velvet. Après tout, il y avait largement de quoi se méfier. Une parfait inconnue qui débarque la bouche en cœur pour lui proposer de l'argent comme ça, juste pour remonter son affaire sans lui demander de contrepartie, tout du moins au premier abord, c'était forcément louche.

Elle prit le temps de boire une nouvelle fois à son verre, sans quitter la vampire du regard et ne faisant preuve d'aucune nervosité en ce qui la concernait.

"Ne croyez pas que je venir vous faire cadeau de l'argent et que je partirai sans rien demander. Mais je suis un investisseur, je ne suis pas là pour gérer ce genre d'établissement. Ca, c'est votre travail et vous l'avez bien fait jusqu'à ces… évènements non ? Je ne crois pas que vous être une mac pourrie. Sinon vous n'auriez pas acquis une telle réputation avant tout ça. Je me suis renseignée, je ne suis pas totalement stupide."

Velvet laissa alors échapper un rire amusé et secoua la tête quelques instants avant de reprendre, les yeux pétillants.

"Vous avoir toujours une âme à vendre ? C'est bon à savoir même si elle ne m'intéresse pas dans l'immédiat. Si je vous propose ça c'est que Galway a besoin d'un lieu comme celui-ci. Nous avoir souvent des collaborateurs qui veulent se… distraire et cet établissement serait la certitude de leur fournir un service de qualité sans avoir à piocher une girl au hasard du bottin ou des ruelles sombres.

Je veux que vous pouvoir fournir des girls de qualité, des boissons et une soirée agréable pour nos collaborateurs et toute personne que vous souhaiterez ou que nous vous demanderons d'accueillir. Nous pourrons vous fournir argent et sécurité en échange. Ce serait être un partenariat mais vous gardez l'amplitude totale de vos actions tant qu'elles permettront de fournir ce cadre demandé."

Elle n'était pas de la police et n'avait pas l'intention de fliquer la vampire pour savoir ce qu'elle ferait pour contenter ses clients. Il était bien entendu évident qu'elle garderait un œil sur les investissements mais, à bien regarder la vampire, elle se doutait qu'elle ne tiendrait pas longtemps si elle se faisait contrôler toutes les cinq minutes. Un peu d'autonomie pour un travail de qualité, voilà ce qu'elle espérait obtenir en échange de la moitié de cette petite entreprise.

"Et ensuite, vous pouvoir rembourser ce que vous nous devoir et vous posséder la moitié des parts. Qu'en dites vous ?"

Des investisseurs intéressés pour placer des billes dans son commerce ?
Ça aurait pu lui paraître trop beau pour être vrai si elle n’avait pas déjà connu ça par le passé et que le conte de fée avait fini par virer au cauchemar, il y avait là comme un air de déjà vu…

Oui je vous, vous êtes une grosse boîte qui aurait bien besoin d’avoir un pied à terre pour que leurs ouailles puissent s’encanailler…
Voyez-vous je connais bien ce principe, car pour tout vous dire j’ai construit cet établissement grâce à un partenariat de ce type : une organisation plus ou moins légale m’a offert les fonds moyennant quelques services et information recueillies sur l’oreiller, seulement voilà quelques mois après l’ouverture, PAF ! fit-elle en donnant un grand coup de plat de la main sur la table, Ils ont pris leurs cliques et leurs claques en me laissant toute seule avec mes traites impayées donc…

La vampire marqua une pause avant de continuer :
Vous comprendrez que j’aurais besoin de quelques garanties avant de vous donner une réponse. Pour commencer, « VOUS » êtes qui ? Vous existez depuis combien de temps, vous faites quoi de beau dans la vie ? Parce qu’en général les petites boîtes bien propres sur elles n’ont pas besoin de posséder des putes, comprenez que je m’interroge…

La vampire laissa échapper un sourire aux propos de Llylewin. Les raisons de sa réticence n'en étaient que plus claires et il serait désormais plus aisé de réussir à passer outre. Après tout, tout ce qui l'intéressait c'était d'avoir des garanties et d'être sûre qu'on ne la laisserait pas une fois de plus le bec dans l'eau avec des dettes à ne plus savoir qu'en faire.

Elle hocha une nouvelle fois la tête, sirotant et terminant son cocktail avant de repousser délicatement le verre sur le coté.

"Je comprendre vos réticences et vos doutes. Ils sont tout à fait normaux, surtout après tout ce que vous avez vécu. Mais je suis persuadée que nous devrions trouver le moyen de vous faire avoir confiance en nous et vous éviter de vous retrouver endettées jusqu'au cou… les garanties financières ne sont pas compliquées à trouver, surtout avec un contrat en bonne et due forme."

Un instant de silence alors qu'elle réfléchissait à la meilleure façon de répondre à ses interrogations quant à ce qu'ils étaient. Il fallait choisir soigneusement ses mots, en espérant qu'elle avait déjà entendu parler de leur "petite" société en plein essor.

"Vous connaitre la Steel Corp ? Nous sommes arrivés il y a quelques mois, suite à l'incendie du parc d'attraction. Nous être au départ spécialisés dans la métallurgie depuis 200 ans environ, je n'ai plus la date exacte en tête, et depuis nous avons… comme vous dites déjà ? Ah oui, fructifié en investissant dans les secteurs qui nous semblaient prometteur… Et notre commerce être tout ce qu'il y a de plus légal. Notre président est très attaché à cette ville et souhaite lui faire retrouver un dynamisme économique, tout simplement.
Pourquoi cette ville et pas une autre, je vous laisserai lui demander vous-même. J'aurais préféré de loin rester à Londres en ce qui me concerne, mais certaines lubies sont incontrôlables. Et mon travail est de trouver des entreprises qui nous rapporteront plus que ce que nous investiront. Comme le théâtre qui a rouvert il y a quelques mois. Ou votre maison."

Inutile d'aborder les réels desseins de la Steel Corp. Peut-être qu'à terme, elle aborderait le sujet avec la vampire si elle jugeait qu'elle pourrait être un allié intéressant pour leur cause, mais pour l'heure, elle pensait que ses paroles devraient suffire à lui faire cerner qui comptait investir dans son petit commerce.

Elle reprit, après un temps.

"Et, ne vous leurrez pas nous ne sommes pas des gentils mécènes qui investissent à fonds perdus, j'aurais besoin moi aussi de garanties. Pouvez-vous vraiment m'assurer que vous trouverez de nouvelles girls de qualité ? Avec des moyens conséquents pourrez-vous rendre réellement à cet endroit son attrait d'avant ? Et vos vandales, reviendront-ils ? Il va falloir se pencher réellement sur le sujet, il est crucial que nous soyons sûrs que nos collaborateurs ne risquent rien s'ils viennent ici."

Les contours du tableau commençaient à devenir plus clairs pour la vampire : il s’agissait donc d’une grosse compagnie qui cherchait à s’implanter dans le coin en plantant ses racines dans le cadavre du Zombillenium, une sorte de version business des fleurs du mal…

Après tout, vu le coup de massue qu’avait subit son chiffre d’affaire après la disparition des touristes, pourquoi ne pas en profiter, ça ne serait que justice !

Bien entendu, la maquerelle n’avait jamais cru au Père Noël et savait pertinemment que ce contrat, s’il était bouclé, comprendrait bon nombre de clauses âprement négociées et qu’à ce titre il lui faudrait un peu de temps pour récolter des infos sur cette fameuse Steel Corp, mais cela ne lui faisait pas peur.
Quand la vie pose un citron sur la route, il y a ceux qui le contournent, et ceux qui le transforment en mojito.

He bien disons qu’il y a moyens et moyens, si vous voyez ce que je veux dire, fit-elle en frottant son pouce et son index pour faire le signe si distinctif du cash.

Tout dépendrait bien évidemment du budget : avec les fonds suffisants pour rénover les lieux il serait facile de donner une seconde jeunesse au bâtiment et de faire oublier totalement l’incident passé, mais ça ne sera pas donné, parce qu’en plus de réparer les dégâts il faudrait changer pas mal la déco…

Niveau recrutement par contre il n’y a aucun souci à se faire : ce n’est pas pour rien si on appelle ça le plus vieux métier du monde, il y a toujours eu et il y aura toujours des putes, le tout est de savoir sélectionner les bonnes !

Et pour finir en ce qui concerne mes agresseurs je vais être franche avec vous : je ne sais pas qui ils sont ni d’où ils viennent, je n’ai donc aucune certitude à leur sujet et je ne peux pas garantir qu’ils ne reviendront jamais ! En revanche… Avec les moyens suffisants ça ne devrait pas être trop compliqué de les éradiquer définitivement s’ils mettaient à nouveau les pieds ici, surtout que…
Une firme vieille de 200 ans qui fait négocier ses contrats par une vampire ? Vous devez certainement avoir des ressources humaines sympathiques en ce qui concerne la sécurité non ? conclut-elle par un petit sourire entendu. Si elle ne faisait pas plus confiance à cette firme qu'aux mafieux qui l'avaient laissé tomber, eux avaient au moins un petit quelque chose en plus: la maîtrise du sujet des créatures de la nuit, et ça ne pouvait que jouer en leur faveur.

Velvet observait la vampire avec attention. Visiblement elle commençait à envisager leur collaboration et elle voyait pertinemment que son interlocutrice était tout sauf stupide. Llylewin savait visiblement quand saisir une opportunité même si Velvet se doutait qu'elle irait mener sa petite enquête à propos de la Steel Corp. Mais nulle inquiétude de ce coté-là, la façade de leur entreprise était parfaitement honorable et la vampire n'y trouverait que de bons arguments en faveur de la conclusion de leur accord.

A la vision du geste de la main de Llylewin, la vampire esquissa un franc sourire.

"Ah, nous parler le même langage on dirait. Nous devrions trouver un terrain d'entente à ce niveau-là. Je pourrais vous répondre qu'il y a dépenses et dépenses. Au vu de ce que j'ai pu constater lors de notre petite visite des lieux, la rénovation ne devrait pas coûter un bras et je ne pense pas que vous vouloir recouvrir les murs d'or et de diamants.

Vous aurez tout loisir de modifier les lieux à votre guise, mais bien évidemment j'aurais un regard sur vos dépenses. Si vous accepter notre accord, je vous allouerais une somme de départ conséquente que nous modulerons en fonction des résultats.
Je vous faire donc toute confiance pour la qualité de vos employées. Mais s'il le faut, je viendrais le vérifier de moi-même, cela va sans dire."

Elle lui rendit sa mimique, son sourire se faisant un rien plus mutin alors qu'elle jouait distraitement avec ses gants. Bien évidemment, ils avaient les moyens d'assurer la sécurité d'un établissement aussi modeste, la question ne se posait même pas. Mais au vu de la façon dont la maquerelle avait abordé le sujet, Velvet se senti satisfaite.
Elles étaient sur la bonne voie si elle commençait d'elle-même à accepter la présence d'un groupe de sécurité de la Steel Corp.

"Oui je pense que nous pouvoir vous fournir une aide conséquente à ce niveau. Comment cela se passait avant ? Oh et il reste deux choses à voir. La première, au vu de votre nouvelle… situation… pensez-vous avoir tout le temps disponible pour vous occuper de la rénovation ? Ou aurez-vous besoin d'aide ? Voire de quelqu'un qui pourrait s'occuper de votre progéniture."

Elle avait dressé deux doigts et, après avoir abaissé le premier, elle continua.

"Et autre chose. Le 50/50 n'a jamais été une solution adéquate, elle peut souvent mener à des impasses. Je vous propose 51 pour vous, 49 pour nous en ce qui concerne la répartition des bénéfices. Avec bien sûr un droit de regard pour les grosses prises de décisions concernant la maison et ses occupants.
Qu'en dites-vous ?"

La conception des affaires de la russe était tout à fait intéressante : si rénover tout le bâtiment ne coûtait pas un bras à ses yeux, c’est que ce gens-là ne devaient pas être dans le besoin ! Et maintenant qu’elle parlait de tester la marchandise elle-même, elle l’imaginait dans de drôles de postures…

Ne vous inquiétez pas sur la qualité de mes girls, j’ai un process de sélection très strict : avant de les embaucher je les fais tester par trois de nos habitués les plus fidèles et les plus exigeants. S’ils ont la moindre objection à formuler c’est la porte, s’ils sont satisfaits on peut alors envisager de faire affaire…

En ce qui concerne la rénovation je ne vais pas vous mentir : je ne compte pas m’y coller personnellement, les deux pieds dans les bottes et les deux mains dans le ciment, non, ce n’est définitivement pas mon truc… Par contre je suis tout à fait capable d’assurer la maîtrise d’ouvrage et le suivi des travaux, quand j’ai acheté cette maison ce n’était qu’une bicoque délabrée et je pense pouvoir reprendre contact sans problème avec mon ancien entrepreneur, quand la finance va tout va comme qui dirait !

Une autre des propositions de la dame n’était pas tombée dans les oreilles d’une sourde… En voilà une qui savait parler aux jeunes mamans :
Par contre en ce qui concerne la progéniture ça me dit carrément ! Moi déjà les gamins à la base, c’est pas mon truc, mais alors ici en plus je ne suis vraiment pas aidée… Tenez l’autre jour par exemple, j’ai confiée ma gamine à une des girls, et elle me l’a amenée dans un bar, l’a refilée au première soiffard pour faire un strip tease, non mais franchement… fit-elle en levant les yeux au ciel, la mine désespérée par la situation.

En tout cas vous semblez bien maîtriser votre sujet madame, et le geste que vous faites concernant vos parts d’investissement montrent que vous avez un vrai sens des affaires et que vous respectez les gens avec lesquels vous travaillez, cependant vous comprendrez que malgré votre offre des plus alléchantes j’ai besoin d’un délai de réflexion… Dites-moi, dans l’optique où j’accepterais les fonds de votre compagnie, serais-je amenée à traiter avec vous ou bien aurais-je affaire à un nouvel interlocuteur ?

La question pouvait paraître anodine, cependant la vampire tenait à avoir une réponse : le feeling avec son contact était primordial, et elle préférerait laisser passer une occasion en or plutôt que de se lier avec un con fini.

Meluxine avait passé la journée en vadrouille, mais pas vraiment une partie de plaisir, c'était un service commandé. Llylewin avait un rendez vous, et elle ne pouvait pas sortir de jour, pourtant il lui fallait certains papiers qu'on n'obtient auprès des administrations qu'a des heures de bureau.
Meluxine avait donc fait la queue à la mairie pour être dirigée vers l'office du cadastre ou elle refit la queue, se pris une main au fesse, cassa deux phalanges, repatienta, remplit des formulaires de demande, repatienta, se fit mettre dehors pour la pause déjeuner. Elle s'offrit un Fish & chips et une bière. On ne va pas se laisser abattre non plus.
Elle alla à l'agence d'assurance, demanda une copie de la police couvrant le Quality Street, fit la déclaration de sinistre suite à l'attaque. Ensuite elle retourne à la marie, va directement à l'office du cadastre ou on se souvient d'elle, patiente a nouveau, et reçut sa copie des plans sous le regard pervers et dégoulinant de l'employer. Retour dans les rues. Le soleil déclinait, il fallait rentrer.

Quand Meluxine rentra à la maison, elle apprit que la patronne était déjà en rendez vous. Elle avait des ordres précis, il apporter les documents des qu'elle serait rentrée. Elle fit donc chemin vers sa chambre puisque c'est souvent la qu'elle recevait.

Toc toc toc

Meluxine ouvrit la porte après y avoir été invité

Pardonnez moi, J'ai les documents que vous aviez demandé, plan du cadastre, la police d'assurance et j'ai fait la déclaration de sinistre comme vous me l'aviez demandé. J'ai fais aussi vite que j'ai pu.

Meluxine lui remis la paperasse, et regarda l'interlocutrice de Llylewin. Une femme d'une grande classe, avec une robe qui ne jurerait pas si on était toujours au début du XXème siècle, et cette pointe d'exaspération de devoir respirer le même air de la populace. A ceci près qu'elle ne respirait pas. Une vampire donc ... merveilleux. Apres la raclée que lui avait mis Jaro, Meluxine n'était pas en confiance. Ce n’est pas parce qu'elle avait réussit à en dézinguer une qu'il fallait se croire à l'abris.

Le sourire de la vampire s'était fait complice. Les deux femmes étaient décidemment sur la même longueur d'ondes et, si Llylewin n'était pas encore totalement convaincue, elle ne semblait attendre que ça et son idée de vendre son entreprise semblait totalement passée à la trappe.

Elle se frotta les mains, comme pour montrer sa satisfaction avant de hocher la tête et de reprendre, en réponse aux propositions de la maquerelle.

"Bien, je vous faire confiance pour vos girls. Après tout, vous n'êtes pas novice en la matière. Votre méthode semble en tout cas particulièrement intéressante, je devrais peut-être l'utiliser pour d'autres choses…"

Sa voix s'était faite pensive avant qu'elle ne secoue la tête et reprenne avec un sourire.

"Pour ce qui être de la rénovation, nous avons utilisé une bonne entreprise pour le théâtre. Je pourrais vous donner leurs coordonnées si vous avoir besoin et si votre ancien entrepreneur n'est plus disponible. Après tout, la vie à Galway est plutôt… mouvementée, les disparitions mystérieuses arrivent plus souvent qu'on ne le croit n'est ce pas ? Et dès que vous avoir un devis, vous me tiendrez au courant et nous pourrons débloquer les fonds."

Elle retint un léger rire à la mésaventure avec le bébé. Voilà qui était pour lui confirmer que ce n'était vraiment pas le genre de choses qui la tenterait, définitivement pas. S'imaginer avec une reproduction miniature braillarde, ce n'était vraiment pas dans ses possibilités.

Secouant brièvement la tête, elle se racla la gorge.

"Bien. Je vous donnerai une petite liste des jeunes personnes les plus appropriées pour s'occuper de votre petite… fille. Comment s'appelle-t-elle à propos ?"

Si la réponse ne l'intéressait pas réellement, elle savait qu'elle serait amenée à parler de la demoiselle voire à la revoir dans un futur plus ou moins proche et à intervalles réguliers. Autant éviter de penser à elle comme "le désastre qu'elle ferait tout pour éviter". A sa dernière question, son sourire s'élargit.

"J'ai comme principe de finir tout ce que je commence. Si j'ai pris la peine de venir jusqu'à vous, ce n'être pas pour laisser quelqu'un d'autre prendre le relai une fois que le plus difficile être fait. Je serais votre principale interlocutrice… d'ailleurs…"

Elle fouilla dans une poche de sa veste cintrée et en sortit une petite carte de visite qu'elle tendit à la vampire.

"Je comprendre qu'il vous faut un temps de réflexion. Je serais bien sûr à votre disposition si vous avez des questions, des changements qui vous semblent essentiels ou des problèmes que nous ne pas avoir vus pour le moment."

C'est alors que quelqu'un frappa à la porte. La vampire salua la nouvelle venue d'un bref hochement de tête, l'observant avec une certaine curiosité.

La tournure que prenaient les évènements était plutôt satisfaisante : quand on commençait à causer devis, c’est que les choses concrètes approchaient à grand pas.

Excellente idée, comme ça je pourrais en prime faire jouer la concurrence si les deux entrepreneurs sont encore sur le marché ! répondit la vampire brune à la proposition de la vampire blonde. Malheureusement pour Llylewin, les choses allaient se corser pour la suite en abordant un sujet qu’elle maîtrisait bien moins que la prostitution ou le bâtiment : sa rejetone.

Heu… Son nom ?

Damned ! C’est qu’elle n’en avait pas, de nom ! Elle avait été bien trop occupée à s’en plaindre pour penser à la baptiser, en plus elle était nulle pour trouver des noms, et c’était bien pour ça que ses girls devaient trouver le leur toutes seules !

He bien c’est très simple… Vite, réfléchissons Jean-Pierre. Un nom, vite. On était à Galway, en Irlande… Un nom gaélique ? Non, elle ne connaissait aucun prénom féminin gaélique, les seuls qu’elle connaissait étaient des noms de whisky, et elle se voyait mal sortir un « Bushmills » ou un « Clontarf »... Bon, un nom local, un nom qu’elle avait déjà entendu dans les parages, un nom qu’un client aurait pu prononcer, celui de sa femme, de sa cousine…

Magdalene !

Ça avait fait TILT dans sa tête, en cherchant parmi ses clients une ancienne conversation avec un de ses habitués lui était revenue en tête, le monsieur lui racontait qu’en Irlande, pendant près de deux siècles on bazardait les jeunes filles de petite vertu – sous-entendu ayant eu des promiscuités sexuelles avant le mariage – dans des couvents tellement horribles qu’ils tenaient parfois plus du camp de forçats ou d’asiles pour les fous, et ces établissements étaient tenus par de charmantes religieuses, les Magdalene Sisters, en référence la prostituée repentie Sainte Marie-Madeleine… Ou le parfait pied de nez pour un pur produit de la débauche !

Ravie d’avoir trouvé une pirouette pour se sortir de cette situation épineuse sans passer pour une idiote, Llylewin attrapa la carte d’un air ravi, appréciant de voir ce projet se concrétiser, même si c’était par le biais d’une simple carte de visite.

Au moment où elle s’apprêtait à la ranger en lieu sur, une petite main toqua à la porte. Après avoir invité la personne à rentrer d’un QUOI ?! mélodieux, Meluxine fit son entrée dans la pièce, provoquant une grimace de Llylewin.

Non pas qu’elle la détestait, mais depuis l’attaque elle avait un peu de mal avec la jeune femme, la tenant sans doute inconsciemment pour responsable de ce fiasco… Aussi elle trouvait tous les prétextes possibles pour l’éloigner du Quality Street.

Hum merci, pose ça là, fit-elle en désignant un coin de la table. Lady Velvet, je vous présente Meluxine, notre … videuse, et Meluxine je te présente Lady Velvet, une charmante dame qui souhaite faire affaire avec nous… La Steel Corp, ça te dit peut-être quelque chose non ?

La vampire ne se sentait pas particulièrement à l’aide, ainsi prise en sandwich avec une des actrices principales du pire moment du QS et une future partenaire en affaire prometteuse… Mais elle ne se voyait ni mettre la lady dehors, ni congédier brutalement Meluxine, ça aurait l’air louche.

La vampire laissa échapper un sourire et un hochement de tête approbateur. Faire jouer la concurrence, voilà qui n'était pas pour lui déplaire et qui montrait que Llylewin n'avait pas l'intention de jeter son argent, enfin l'argent de la Steel Corp, par les fenêtres. C'était un point positif pour elle et elle ne pouvait que se féliciter de cette attitude.

Au temps qu'elle mit à donner le prénom de la petite, Velvet haussa un sourcil, sans montrer un quelconque autre signe de perplexité. Visiblement, il s'agissait là d'une question piège mais il ne fallut pas longtemps à son interlocutrice pour lui répondre.

"Magdalene. Quel prénom intéressant pour l'enfant d'une patronne de maison close. Je vois que vous avoir le sens de l'à-propos."

Quand Llylewin la présenta à la dénommée Meluxine, elle hocha brièvement la tête, un léger sourire se dessinant sur son visage quand elle entendit le petit résumé à propos de sa société.

"Voilà qui ma foi être une bonne entrée en matière à propos de votre futur partenaire. Nous avoir des moyens et nous savoir comment nous en servir. Voilà ce qu'il faut retenir d'essentiel. Si vous être avec nous, vous ne risquerez rien et vous aurez de quoi vous épanouir et faire vivre votre commerce. Soyez contre nous ou pire trahissez-nous et, contrat ou pas, nous saurons vous montrer comment nous traitons avec les traitres."

C'était probablement le sang russe qui s'exprimait mais elle tenait à faire passer le message. Si elles faisaient affaire ensemble sans coup dans le dos, tout se passerait à merveille pour la vampire et ses employées. Elles auraient tout à y gagner et même encore plus que ce qu'elles pourraient imaginer. Dans le cas contraire…

"Bien. Je pense qu'il être temps pour moi de prendre congé. Je vous remercie de m'avoir reçue et je suis ravie que notre discussion ait autant avancé. Je vous laisse me joindre lorsque vous être sûre de votre décision finale. J'espère ne pas avoir à trop me languir de votre appel."

Tout en parlant, elle s'était relevée et tendait sa petite main gantée en direction de Llylewin.

"Nul besoin de me raccompagner, je connaître la sortie et je pense que vous avez à discuter avec votre employée."

Le petit laïus final de Lady Velvet sonnait agréablement aux oreilles de la vampire mais elle savait qu’il était dans son intérêt de présenter une telle version de leur entreprise : généreuse avec leurs alliés, intraitable avec leurs ennemis, la bonne vieille technique de la carotte et du bâton en somme.

Néanmoins, il était primordial à ce stade de l’affaire de ne pas se laisser aveugler par un bon vieux discours commercial et de garder l’esprit clair pour mener des recherches. Avant de pactiser avec les démons, mieux valait se renseigner pour savoir ce qu’ils avaient dans le ventre.

Aussi, elle se contenta de se relever afin de serrer la main de Lady Velvet.
Vous avez raison, nul besoin de s’attarder sur des formules de politesses inutiles, j’ai votre carte et je vous recontacterais dès que j’aurais eu le temps de réflexion qui m’est nécessaire.

Alors qu’elle regardait la russe s’éloigner vers la sortie, Llylewin se dirigea vers le salon pour voir ce qu'il était advenu de son rejeton.
Suis-moi, lança t-elle à Meluxine avant de retourner au niveau du bar.

Le monstre s'était endormi, et le vibromasseur avait cessé de fonctionner, les piles étant sans doute épuisées. Le tableau était parfait ainsi, la chose endormie en train de sucer son pouce, elle décida donc de ne rien y changer afin de pas la perturber et de la mettre en mode alarme, même si le gros objet phallique rose dénotait un peu au milieu.

Dis-moi, d’après toi ça serait une bonne idée de faire affaire avec ces gros bonnets ? demanda-t-elle à son ex garde du corps, Tu n’aurais pas appris quelques détails croustillants à leur sujet qu’il serait bon que je sache avant de prendre une décision, comme tu as l’air bien au courant…

Peut-être que ses réflexes d’ex-mafieuse lui avaient permis d’emmagasiner quelques informations intéressantes à leur sujet ?

Les dires de Meluxine confirmaient donc bien la pensée de la vampire : elle avait affaire à de gros bonnets, et cela changeait relativement la donne, car si elle déclinait leur offre ils risquaient de vouloir la ratatiner pour l’exemple… Et elle n’avait pas vraiment besoin de ça.

Cependant, dans le cas où elle accepterait, leur puissance pourrait être un atout sérieux pour la protéger de cette bande de hyènes sauvages qui l’avaient attaquée, autant de poids qui pesaient du même côté de la balance.

Llylewin resta pensive quelques instants, brassant les informations dans sa tête : si elle décidait de redonner une chance à Galway et au Quality Street, il faudrait qu’elle tire les leçons du passé afin de ne pas répéter les mêmes erreurs, et cela passait par le fait de ne pas remettre une humaine seule et sans défense à la sécurité, malgré le coup de main proposé par la Steel la maquerelle se montrait désormais plus que méfiante, il lui faudrait encore plus.

C’est bon, arrête de t’excuser tu veux, ça devient pénible à la fin… répondit-elle sur un ton agacé. Ceci dit, dans l’optique où je déciderais de faire affaire eux il faudrait qu’on ait une discussion sérieuse à propos de ton poste, car tu te doutes que je ne souhaite pas réitérer la faille qui a causé notre perte. Je te donne donc rendez-vous dans le salon privé vendredi prochain à 22h, soit ponctuelle, conclut la vampire sur un ton sec.

Une idée était en train de germer dans son esprit, mais elle avait besoin de temps pour réfléchir à la mise en place.