Jaro rit à la remarque de Chango, effectivement il avait connu accueil plus chaleureux. Peut être étaient-ils un peu trop intimidants ? Le roi observa les deux jeunes femmes qui mirent un peu de temps avant de réagir. Une seule des deux parla, aussi le vampire s’adressa directement à elle.

« Pour ce qui est de ta patronne… »

Il marqua une petite pause, silencieux. A ce moment là on entendit de nombreux bruits sourds provenant à n’en pas douter de l’étage.

« Je pense qu’elle est fort occupée pour s’occuper de tes petits problèmes ! »

Jaro essuya le sang qui coulait de ses lèvres d’un revers de main.

« Voyez vous mesdemoiselles, votre patronne a manqué de respect envers mes amis, il est donc… »

Le vampire n’eut pas le temps de terminer sa phrase, que la videuse fit irruption dans la salle, lançant une tête en direction de Chango. Il n’était pas difficile de comprendre que la tête était une arme improvisée, et qu’elle appartenait à un membre de l’Undertown. L’idée déplut fortement au roi. Et alors qu’elle tirait sur le lycan, Jaro se tourna vers les deux prostituées. Il se saisit de la plus bavarde, envoyant balader la seconde d’un geste ample (Esténéa), puis d’un geste rapide il lui brisa la nuque (Irène).

Le vampire prit le corps sans vie de la prostituée un peu comme l’on se saisirait d’un sac de sable et le lança de toute ses force à l’encontre de l’importune (Méluxine), Œil pour œil, tête pour corps.

Tout avait dérapé tellement vite que Wednesday n’avait rien vu venir. En pleine discussion avec les girls, elle n’avait pas prêté attention aux nouveaux clients qui avaient fait leur entrée dans le lounge, et en un battement de cil la barmaid avait été tuée, Irene expédiée ad patres et Meluxine avait rappliqué en bombardant un de leur preneur d’otage…

Dès le début de l’assaut, la lycane avait décidé de faire profil bas : la pleine lune était loin, elle n’était donc pas assez forte pour se battre décemment, surtout avec cette tenue qui ne protégeait pas grand-chose, mais ironiquement suffisamment forte pour être une cible privilégiée, car à la place des agresseurs elle aurait liquidé en premier les individus potentiellement dangereux, à savoir les vampires et les lycans.

Heureusement pour elle, cela ne semblait pas être leur ligne de conduite, elle s’était donc retranchée derrière la scène pour attendre le moment opportun pour faire quelque chose de brillant…
L’arrivée en force de Meluxine arriva à point nommé : elle connaissait les atouts de sa collègue, et savait qu’elle n’avait pas besoin de s’encombrer de filles non armées, au contraire, elles les gèneraient plus qu’autre chose dans la manœuvre car elle aurait l’appréhension de les blesser.

Ni une ni deux, la lycane se saisit d’une chaise et la balança dans la fenêtre se situant derrière le bar, et profitant de la diversion créée par la belle blonde empoigna la girl rousse (Estenea) sous le bras pour s’engouffrer dans la brèche et se carapater vite fait bien fait jusqu’au poste de police afin de rameuter la cavalerie.

Le lycan observait son Roi, un sourire amusé flottant sur les lèvres alors qu'il fixait les différents occupants du salon d'un œil vaguement intéressé. La plupart semblaient terrifiés et les autres étaient tout simplement sous le choc, ne sachant visiblement pas comme réagir. Il était en train de se demander ce qu'ils allaient bien pouvoir faire d'eux quand plusieurs évènements se succédèrent en même temps.
L'alarme à incendie se mit à retentir et le lycan calcula mentalement qu'il ne leur restait plus que très peu de temps pour parvenir à leurs fins, c'est-à-dire faire le plus dégâts dans ce rade pourri. Et Jaro avait brusquement arrêté de parler, ce qui était mauvais signe.

Il tourna alors brusquement la tête dans la direction du Roi, réussissant seulement à esquiver une des trois balles que la videuse venait de lui tirer dessus. Il s'écroula sur le sol et il va sans dire qu'il prit de plein fouet la tête de la vampire sur le torse. Il laissa échapper un cri de douleur, le sang commençant à couler au niveau de son épaule gauche. Visiblement la clavicule était touchée. L'autre balle avait transpercé sa cuisse de part en part et le sang commençait lui aussi à s'écouler sur le sol.

Grimaçant, il réussit tant bien que mal à se relever pour assister à la réaction aussi brutale que rapide de la part de Jaro. Il laissa tout de même échapper, dans un souffle.

"Espèce de salope, tu vas me le payer. Je te garantis que si on te chope, tu vas comprendre ce que c'est que la douleur et la vraie."

Il attrapa la tête de la vampire morte et la balança violemment en direction du mur qui trônait derrière le bar, explosant littéralement les bouteilles qui s'écroulèrent les unes sur les autres dans un fracas innommable. Comme dans un effet domino, l'étagère finit par céder avec fracas, les alcools se répandant sur le cadavre encore frais de la barmaid qui gisait toujours là, définitivement attachée à son poste.

Chango savait pertinemment qu'il n'avait plus la force ni l'énergie de s'attaquer à la videuse dans l'immédiat, il comptait sur Jaro pour s'en charger mais il était animé d'une rage profonde. Il attrapa un tabouret et le lança de toute ses forces en direction d'un des clients qui s'était terré derrière un canapé, leur heurtant violemment au niveau de la tempe.

Et ces foutus jets de flotte qui leur coulait dessus était en train d'achever gentiment le mobilier. Etonnamment, cette image fit pourtant sourire le lycan alors qu'il envisageait vaguement de s'arracher les oreilles pour ne plus entendre le bruit de l'alarme à incendie.

La colère du roi monta soudainement, à la vue des blessures de Chango. Se servir du corps comme projectile et lui lancer n’était que les prémices de ce qu’il allait faire subir à cette humaine pour avoir osé tenter de tuer un de ses compagnons.
Il ne la tuerait pas tous de suite, non, il allait prendre son temps avec elle. Le vampire regarda Chango espérant que celui ci ne soit pas trop gravement blessé. C’est avec un certains soulagement qu’il le vit se défouler sur tout objets/personnes à porté de ses mains.
Le roi pourrait donc se concentrer sur l’humaine armée. Jaro accéléra et courut vers elle alors qu’elle continuait à leurs tirer dessus. Il sentit une vive douleur dans son épaule, mais cela ne le stoppa pas pour autant.
Alors qu’il s’approchait dangereusement d’elle, la jeune femme décida de changer de technique d’attaque. Elle se saisit d’une lampe, un peu comme lance et lui fonça dessus ! Trop lent pour Jaro, qui prit appuis sur son pied droit et évita l’arme improvisée.
Profitant de l’ouverture il attrapa la jeune femme par l’épaule pour lui faire connaître le même sort que le cadavre de la prostituée, la projetant violement, l’envoyant se fracasser contre une table.

« Tu n’aurais pas du te mêler de ça, tu vas mettre du temps avant de mourir, tu me suppliera de t’achever ! »

Il marchait maintenant en direction de la table, la douleur à l’épaule ne faisant qu’augmenter sa rage.

Malgré la douleur, un rictus de satisfaction se dessina sur les traits du lycan lorsqu'il vit Jaro bien décidé à s'occuper de Meluxine. Décidément, elle aurait presque pu l'impressionner si elle n'avait pas fait l'erreur de lui tirer dessus. Il aurait presque pu vouloir qu'elle s'en sorte mais là, il avait juste envie de voir son sang gicler et maculer les murs de cette baraque de merde.

Alors qu'il commençait à se demander comment s'en sortaient les filles en haut et combien de temps il leur restait avant que la police ne rapplique à cause de cette alarme, son regard fut attiré par un mouvement dans le couloir. Une girl, paniquée, et ne sachant visiblement pas où se planquer était comme figée au milieu de l'entrée. Sa chevelure rousse cascadait sur son dos et elle était vraiment jolie, sa mine effrayée lui rajoutant un je-ne-sais quoi d'attirant. Peut-être à cause des deux jolis ronds rouges qui se dessinaient sur ses joues qui disparurent à la minute où elle réalisa que Chango l'avait remarquée alors qu'elle devenait aussi pâle qu'une morte.

Bizarrement, avec la disparition de ces jolies rougeurs, elle n'avait soudainement plus rien d'attirant et il avait besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un, les meubles n'étant pas un exutoire assez efficace. Oubliant un instant ses blessures qui avaient enfin cessé de pisser le sang, il boitilla rapidement dans sa direction profitant de la frayeur de la jeune femme qui le regardait, bouche bée.

Un sourire mauvais se dessina sur son sourire alors qu'il la dévisageait de bas en haut.

"Laisse-moi une seconde pour me rappeler… Joleen c'est ça ? On a déjà passé une soirée fort sympathique toi et moi si ma mémoire est bonne. Tu es particulièrement habile de tes mains. Ce soir la soirée ne va être sympa que pour moi j'en ai bien peur…"

Sans attendre une seconde de plus, il se jeta sur elle et la plaqua sur le sol tandis qu'un nouveau hurlement se faisait entendre dans toute la maisonnée, accompagné d'un bruit de chair lacérée et autres sons caractéristiques d'un corps se faisant démembrer sans la moindre douceur. Quelques minutes à peine furent nécessaires à Chango pour créer une nouvelle entrée pour le QS digne du pire des films d'horreur, Joleen décorant désormais les lieux de plusieurs façons et surtout à plusieurs endroits artistiquement déposés.

Le visage couvert de sang, il releva brusquement la tête, à l'affut de ce qui pouvait se passer à l'étage. Il n'avait pas prêté attention aux différents bruits et il monta doucement les escaliers pour découvrir Anja évanouie et sa frangine empalée on ne sait trop comment sur on ne sait trop quoi.

Le lycan laissa échapper une grimace devant les dégâts et sembla hésiter un instant devant le corps d'Anja. Après tout, c'était son idée et c'était à cause d'elle qu'il avait pris du plomb dans la carcasse. Mais quitte à ce qu'elle crève, il le ferait lui-même et plus tard. Lui attrapant le bras, il réussit tant bien que mal à la soulever comme un sac à patates et à la mettre sur son dos avant de regarder aux alentours. La situation se corsait, il était peut-être temps pour eux de mettre les voiles. La mission était plutôt remplie avec un succès certain et la patronne des lieux n'oublierait pas leur visite avant un long moment.

Il se rappela alors que la gamine ne devait pas être bien loin. Il ne voulait pas la voir crever, du moins pas avant qu'elle n'ait l'âge de devenir intéressante ou totalement insupportable. Il cria alors dans le vide.

"GAMINE ! T'es toujours en vie ? Va falloir mettre les voiles si tu veux sauver ton petit cul !"

Il était prêt à attendre quelques secondes avant de redescendre pour avoir un signe de vie de la môme, quitte à lui venir en aide si besoin, avant de se barrer avec Jaro, qui aurait certainement fait son affaire à la videuse.

Alors qu’il était perdu dans ses papiers, le vampire avait entendu des hurlements stridents provenant du hall du commissariat. Agacé par le ou la trouble fête, il avait quitté son bureau afin de voir ce qu’il se passait.
Il était tombé sur une girls du Quality Street, totalement hystérique et dont une forte odeur de sang se dégageait d’elle. La fille était totalement paniquée, et le vampire cru comprendre deux trois mots parmi le flot verbal incompréhensible qu’elle hurlait.
Il avait réussi à isoler « vampires, attaque, boucherie ». Peu de mots certes mais largement suffisant pour Andrea qui avait décidé de se rendre immédiatement sur place. Le temps de se saisir de sa lance et le policier avait foncé en direction du Quality Street. Lorsqu’il était arrivé il n’avait pu que constater à quel point la jeune femme avait raison. Une forte, très forte odeur de sang, des hurlements, et des morceaux de chairs qui jonchaient le sol. L’heure n’était pas à la négociation ou la diplomatie. Andrea enleva le tissu qui protégeait sa lance et trempa la pierre rouge dans une des flaques de sang.

Il entra alors dans la pièce principale et observa deux vampires qui était en train de s’en donner à cœur joie. Le premier finissait de s’acharner sur un amas de chair ensanglanté, tandis que l’autre s’était saisit d’une humaine qui était certes amochée, mais encore vivante.

Andréa se saisit de la lance de ses deux mains, la pierre rouge se mit à briller étrangement et la lance commença à vibrer. C’était comme si le temps venait de s’arrêter. Il fonça sur le vampire qui s’amusait avec la survivante, et donna un violent coup de lance au niveau des côtes du vampire. Le pouvoir de la lance, associé à celui de la pierre rouge décuplèrent ses force et sous la violence du coup le vampire se retrouva projeter de l’autre coté de la pièce, à coté de celui qui venait de finir de mettre en pièce ce qui logiquement devait être une girls.

Le lycan s'apprêtait à redescendre, gardant son colis sur l'épaule comme un sac à patates quand il entendit la voix de la gamine lui répondre. Bon au moins, elle était pas encore morte, c'était plutôt bon signe et elle était suffisamment en bon état pour aligner 3 mots cohérents à la suite.

"C'est la guerre en bas ou quoi ?"

Sur le point de répondre, Chango jeta un bref regard en direction de l'entrée dont la porte venait violemment de s'ouvrir. Il ne reconnut pas la silhouette qui pénétrait dans le QS immédiatement mais il fut immédiatement gagné par un pressentiment des plus mauvais.

Ca sentait pas bon, vraiment pas bon.

"GAMINE c'est la guerre ! CASSE-TOI et vite !"

Reculant rapidement et bien décidé à ne plus descendre, Chango analysa rapidement la situation. L'entrée était bloquée et Jaro en mauvaise posture. Les frangines étaient mortes et il se trainait un poids inerte sur l'épaule qui ne lui était d'aucune utilité. Restait la gamine mais vu le bruit qui venait de la chambre, il avait des doutes quant à l'état dans lequel elle pourrait bien sortir de là.

"Quelle merde…"

Il avisa alors une des chambres ouvertes avec qui semblait être un balcon ou une terrasse, par là où était entrée la Pistache. Un violent coup de pied dans la porte, pour éviter d'être attaqué par surprise ou pris de court par une énième girl essayant de sauver sa peau, et il se précipita à l'intérieur, se dirigeant d'un pas décidé vers la porte-fenêtre.

Un bref coup d'œil et il laissa échapper une grimace. Le balcon était un peu haut et la chute allait être douloureuse mais mieux valait ça qu'affronter ce qui allait se dérouler au rez-de-chaussée. Il fit basculer le corps d'Anja par-dessus la balustrade avec une certaine maladresse, laissant échapper un "excuse-moi chérie, la délicatesse, ce sera pour un autre soir" avant de sauter à son tour.

Atterrissant sur sa jambe blessée, il laissa échapper un chapelet de jurons avant de s'écrouler sur le sol, à moitié consciente. Il allait avoir du mal à se remettre debout tout de suite et il espérait vaguement que personne ne viendrait l'arrêter avant quelques minutes. Un bref regard à Anja, elle avait toujours l'air de respirer, c'était déjà mieux que rien. Mais ils étaient dehors, une bonne chose de faite.

Restait plus qu'à croiser les doigts pour la gamine et Jaro. Il n'avait pas la moindre envie de retourner dans ce bordel, il espérait les voir rapidement sortir de là.

Ça se passait toujours comme ça à Galway, toujours : mal. Mal, n'importe comment en fait ; peut être ni mal ni bien, peut être mal et bien, bien mal ou mal bien, mais toujours n'importe comment, c'était la règle d'or. Ce qu'un cinquantenaire, cheveux blancs et cigare fiché entre les dents avait parfaitement cristallisé sous forme d'une éminente citation - dont on ne comprenait les tenants et aboutissants qu'après l'avoir vécue - : "j'adore quand un plan se déroule sans accroc !". Mais le plan ne s'était pas encore totalement déroulé. Tel un papyrus trop fragile dont l'intégrité était - au fil du déroulement - incertaine, celui-ci réservait encore bien des surprises aux personnes en présence.

Et en présence se trouvait Kelly, plombé, voulant prendre un bain et manger une glace à la fraise... ou à la cerise peut être ? Oui, une glace à la cerise, une Haagen Dazs pour être plus précis, en barquette, en bac, voire même en barriques toutes entières. Elle avait une folle envie de cerise, bien que ça ne soit pas elle qui fût enceinte et que les lycans étaient censés avoir une préférence pour tout ce qui était saignant : steak bleu, tartare, allé-retour, allé, ou juste cru - plus rouge que bleu donc. En présence se trouvait aussi Andrea Giacometti, son ancien employé, redoutable vampire, commissaire général de la ville, munie de l'arme sans doute la plus dangereuse de tout le pays, qui plus est aux mains d'un tel être. Mais cela, Pistache ne le savait pas. On pouvait sentir vampire et lycans lorsqu'on était l'un d'eux, mais reconnaître une personne en particulier à l'odeur nécessitait d'avoir passé un temps excessivement long à ses côtés et on ne pouvait pas dire que l'entretient de travail de Kelly et son intégration au sein de la Milice avait été longue. A base de "Salut, qui à la plus grosse ? C'est moi, tu me plaît, tiens, vas travailler", on pouvait même dire que le tout avait été plutôt bref.

Pour l'instant, elle ne se trouvait pas en vue de l'individu et donc ne pouvait pas le voir elle même. Elle pouvait s'enfuir, tout le monde étant occupé d'une façon ou du autre avec un quelconque partenaire de bataille, mais elle hésitait. Devait-elle porter secourt à ses camarades ou pas ? Il fallait dire qu'elle n'avait pas reçu énormément de soutient lorsqu'il s'agissait de s'avoiner avec la bestiole la plus dangereuse de la maison close, sans doute aussi dangereuse que monsieur le commissaire avec sa lance magique. Elle n'avait pas beaucoup d'équipement sur elle, il lui faudrait utiliser son atout le plus remarquable : la masse grotesque et visqueuse qui lui servait de cerveau.

Entre temps, Chango était remonté. Kelly doutait qu'il lui vint l'envie d'en découdre avec la patronne, toutefois c'était peut être la même idée qui l'avait incité à rebrousser chemin. Elle, n'était pas comme cela, si elle fuyait un combat, ça n'était pas pour en fuir un second. On pouvait la forcer à laisser l'os une fois, pas deux. Cela dit, le lycan s'inquiétait sans doute pour sa douce. Genre de passion à double tranchant qui s'installait dans les confrérie guerrière.

Elle se dirigea vers la base de l'escalier où se trouvait une porte caché par un trompe l’œil. Le contenu de se genre d'endroit était le même, bunker ou bordel. Comme il était évident, le placard à ballais n'était pas verrouillé. Il n'était d'ailleurs pas vide non plus. Il y avait là-dedans largement de quoi s'occuper. C'est instinctivement que Kelly prit telle bombe de désodorisant, tel puissant désinfectant, telle eau de Javel. Elle coupa une bombe à la tête pour mélanger le contenu après l'avoir refermé de façon hermétique avec des gants jetables puis en démonta une seconde, en utilisant le mécanisme de pression du premier pour récupérer le gaz de la seconde, dans laquelle elle finit par verser le contenu pour y ajouter de la lessive en poudre et refermer le tout en y réinjectant le gaz. Elle avait également ajouté les morceaux de verre de l'ampoule de la pièce afin que le tout ne manque pas... d'éclat. La tête du vaporisateur était à nu et à la place sortait un morceau de fil de fer.

Alors qu'elle s'engageait dans le couloir qui menait au bar, un corps traversa la pièce, tout du moins la partie de la pièce qu'elle pouvait voir d'où elle se trouvait. Sa ne devait pas chômer en bas. Apparemment le corps cosmique qu'elle avait entraperçut était dans son camp. Elle ignorait dans quelle posture se trouvait Jaro, mais elle pensait qu'il n'aurait rien contre un petit coup de main. Sans aucune forme de douceur, elle défonça la plinthe et arracha les câbles électriques qui s'y logeaient, protégée par deux énormes gants en caoutchouc rose bonbon. Elle enroula le câble autour de la bombe, plaçant les fils dénudés relativement prêt du fil de fer sans qu'ils ne se touchent pour autant. Le dispositif anti-incendie avait arrosé l'intérieur, le sol ferait office de détonateur.

Elle marchait le long du couloir menant au bar, arrachant un par un les arceaux qui retenaient les fils sous la plinthe et faisant tournoyer sa bombe en d'amples moulinets comme un gladiateur l'aurait fait d'une morgenstern. Lorsqu'elle arriva enfin dans le bar, elle se retrouva confronté à une silhouette qu'elle connaissait bien, celle d'Andrea. Bien qu'elle n'en fut pas étonnée (ce genre d'opération sanglantes étaient tout à fait du style à provoquer l'intérêt du commissaire, et puis après tout, c'était son travail), elle avait du mal à se faire à l'idée de se retrouver dans une salle occupée par ses deux employeurs en plein duel. Il ne manquait plus que son fanatique chasseur de créatures de la nuit du Nouveau Continent tiens ! Le fait est qu'elle allait devoir faire un choix, et qu'en réalité celui-ci était déjà tout fait : elle s'amusait bien plus chez les Undercasts. Cela dit, à cet instant, c'est surtout ses réflexes qui furent à l'origine de ce choix.

Exploitant de façon optimale la cinétique de son moulinet¹, elle déroula toute la longueur de câble qu'elle possédait, la bombe touchant presque le plafond, et écrasa cette dernière sur le sol. Le courant passa - le dispositif incendie, bien qu'il soit aux normes, ne prévoyait pas l’extinction du courant, tout simplement parce qu'en règle général, il était nécessaire à l'activation du dispositif de sécurité général - et le produit fit exploser la petite bombe. Lors de la destruction du bar, certaines des bouteilles qui avaient été brisées ne contenaient pas d'alcool mais un mélange graisseux, sans doute nécessaire à l'entretient des robinets, et formaient à présent une couche lipidique sur laquelle s'était surajouté de l'alcool, séparant ainsi le liquide hydrophile de l'eau qui n'avait éteint qu'à moitié l'incendie qui repartait de plus belle. Des morceaux de verre avaient été projeté à toute vitesse dans la pièce et un liquide épais s'était rependu - au grand dam du commissaire et du cadavre qui gisait à côté de lui². Le sol lui même s’enflamma du fait de la configuration chimique décrite ci-dessus qui le tapissait.

Aussitôt fait, Kelly décida de na pas rester planter là, car son petit doigt lui disait que le commissaire n'allait pas être comptant de sa prestation. A peine l'explosion avait-elle donc retentit qu'elle tourna les talons et entra dans la première chambre qu'elle croisa, sortant par la fenêtre, de peur que la matrone n'ait descendue les escaliers et ne l'attende au tournant.

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1. Elle effectua à cette occasion une magnifique roulade pour augmenter la force de son vecteur.
2. Je n'ai volontairement pas décidé si l'attaque touchait ou non, et à fortiori des dégâts.


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Meluxine eut la chance de ne pas etre trop touchée par l'explosion en elle meme, ne recoltant que de légères brulures, mais par le souffle par contre... Elle fut sacrement repoussée dans les reste de la table qu'elle avait involontairement écrasée et se pris d'autres debris qui ajoutèrent divers coupures et contusions et achevèrent de la plonger dans l'inconscience.

Spoiler:

Le choc avait été aussi violent que l’effet de surprise. En l’espace d’un instant le vampire fut projeté à l’autre bout de la pièce. Il mit une fraction de seconde avant de réaliser ce qu’il venait de se passer. Un nouvel intrus venait de faire son apparition, et ce n’était pas n’importe qui, le commissaire en personne !
Facilement reconnaissable grâce à l’objet qu’il tenait dans sa main. D’après ses investigations et les comptes-rendus des membres de l’Undercast, cette arme était un véritable atout pour le chef de la police. La situation dégénérait et il était temps de quitter les lieux.

Au moment où Jaro se redressa, il aperçut Kelly, la lycane imprévisible. Le roi était conscient de son double jeu, et il allait bientôt être fixé quand à ses véritables motivations. Undercast ou Police de Galway ? Elle allait devoir faire son choix maintenant.

Quand il comprit ce que Kelly était en train de faire, le roi ne put s’empêcher de sourire, il avait maintenant une alliée de confiance dans ses rangs. Et une alliée aussi perverse et créative n’était que positif pour l’Undertown.

L’explosion retentit et le vampire se protégea, même si les dégâts étaient dirigés vers le commissaire, Jaro ne voulait pas prendre un éclat de verre, aussi il rabattu sa veste en cuir contre son visage jusqu’à ce que la déflagration passe.

Andréa regarda rapidement si l’humaine était encore vivante après son intrusion, même s’il s’en fichait éperdument, il était commissaire et devait sauver les apparences. Non ce qu’il voulait maintenant c’était se confronter avec ce vampire, celui là même qui avait pris son coup de plein fouet et qui semblait s’en remettre avec un peu trop d’aisance, même pour un vampire.

Mais alors qu’Andréa se dirigeait vers le vampire, une nouvelle personne vint faire son entrée, une personne qu’il connaissait très bien.
Quelle ne fut pas sa surprise quand il aperçut Kelly, l’adolescente qui travaillait pour lui en ces lieux. Cela faisait un certains temps qu’il n’avait plus eu de ses nouvelles, et sa première surprise fut de la croiser… vivante !

Il n’eut pas besoin de réfléchir trop longtemps pour comprendre que cette sale gosse avait tenté de la lui faire à l’envers. Cela importait peu de toute façon, il s’occuperait d’elle une fois qu’il en aurait terminé avec le vampire.

Andrea n’eut pas le temps d’aller au bout de ses réflexions, qu’une violente explosion retentit. Il éprouva alors une immense douleur sentant le feu et les morceaux de verres pénétrer dans sa chair.
Hurlant de douleur, le vampire serra la lance de ses deux mains. La pierre rouge si mit alors à briller plus intensément encore, l’on pouvait percevoir comme une étrange aura entouré la lance.

Les plaies du vampire se refermèrent aussitôt. Chaque brulure, chaque coupure disparut en l’espace d’un instant. Le feu lui même ne semblait plus lui faire d’effet.

Andréa se sentait dans une forme exceptionnelle, il était comme invincible, personne ne pourrait l’arrêter, et personne ne s’en sortirait vivant, il les tuerait tous et nourrirait son arme, sa pierre de leurs sangs.

Il fixa le vampire encore à terre en rigolant. Le blanc de ses yeux était en train de devenir rouge sang, un peu comme ci tous les vaisseaux sanguin de ses yeux avaient éclaté.

Alors que le vampire pensait avoir un instant de répit grâce à Kelly, il constata avec un certains effroi qu’il avait sous-estimé l’artefact que possédait le commissaire. Il ne put que constater à quel point cette arme était extraordinaire. Ce qui était très mauvais pour eux. Jaro réalisa que si cela continuait comme ça, aucun des membres de l’Undertown ne s’en sortirait vivant. Ils devaient fuir, mais avec Andréa la chose serait plus complexe qu’il ne le pensait.

Le roi devait leurs donner du temps, et pour cela il devait occuper le commissaire.

Jaro se redressa, et hurla en direction du vampire, tout croc dehors. Il se précipita alors en direction du vampire, se saisissant d’un reste de chaise au passage. Le roi se doutait que lorsqu’il serait à porté de coups, le commissaire ne lui laisserait aucune chance, aussi il se devait d’anticiper ses attaques. Il y avait de forte chance que le commissaire se serve de son jouet, et vu comment il le tenait, le coup arriverait par la droite. Aussi dès qu’il fut à portée de l’arme, le vampire se servit de son morceau de chaise comme bouclier.

La ruse fonctionna et le morceau de bois vola en éclat amortissant ainsi le coup donné par le commissaire. Ainsi positionné Jaro avait une ouverture, une chance qu’il saisit immédiatement. Avec son bras gauche il donna un violent coup à l’épaule droite du commissaire alors que ses crocs s’enfonçaient violemment dans son cou.

Lorsque le vampire fut à suffisamment proche, Andréa se servit de sa lance pour lui asséner une attaque similaire à la première. Sauf que cette fois ci, cela n’eut pas l’effet escompté, ce vampire semblait être plus malin qu’il ne le pensait et il avait réussi à bloquer son attaque. L’inconvénient avec les lances, c’est qu’une fois le coup paré, les possibilité de contre attaque était nombreuse car l’arme était peu maniable.
Ainsi le commissaire sentit une douleur à son épaule, dont l’os se brisa sous la violence du coup, ainsi qu’une autre douleur à la base de son cou.

Si le commissaire n’avait eu que ses dons de vampires, il aurait eu peu de chance de se sortir d’une telle attaque. Mais les pouvoirs de la pierre rouge combinée à la lance étaient tel, que son épaule se régénéra presque instantanément rendant son articulation et donc son bras de nouveau opérationnel.

Il se saisit alors des cheveux du vampire et tira violement. Il sentit alors la tête du vampire se décoller de son cou, non sans emporter un morceau de chai conséquent. Andréa se recula alors, et avec une rapidité absolument pas humaine, ou même vampire, il assaini un violent coup dans la poitrine de son agresseur. Ce qui eu pour effet de le projeter une nouvelle fois en arrière.

Il porta alors la main sur son cou, pour constater que la plaie était déjà en train de se refermer.

Alors que Jaro pensait en avoir fini avec le commissaire, il sentit une violente douleur au niveau du crâne, puis une douleur pire encore au niveau de sa poitrine. Il entendit ses propres côtes se casser alors qu’il était projeté en arrière.

Il se redressa pour constater que son attaque n’avait pas eu l’effet escompté et déjà le commissaire était de nouveau totalement soigné. Jaro était peut être plus fort que lui, mais tant qu’Andrea avait cette arme, l’issu de la confrontation était malheureusement très incertaine pour lui.
Il espérait que le temps qu’il avait passé à jouer avec le commissaire avait été suffisant pour que les autres membres de l’Undertown aient eu le temps de fuir. Car lui même ne tiendrais pas longtemps, surtout que le commissaire avait pu demander des renforts. Le lieu était donc à fuir très rapidement.

Le vampire se redressa, et jeta un bref coup d’œil à la pièce. Il aperçut la fenêtre ou peu de temps avant certaines girls avaient utilisé pour fuir.

Il fit un petit sourire au commissaire, un moyen de lui signifier que ce n’était pas terminé, puis d’un bond il traversa la fenêtre pour disparaître dans la nuit.

Du sang, le commissaire sentait son arme en réclamer, ainsi que son corps. Il avait une soif inextinguible de violence, de sang, de chair. Il prenait un réel plaisir à se battre contre ce vampire qui était visiblement très puissant. Cela faisait des années que personnes n’avait réussis à lui tenir tête comme ça, et encore moins depuis qu’il possédait sa lance !

Aussi il était hors de question de mettre un terme à ce combat, à ce moment si amusant, à tout ce sang qui coulait à flot !

Alors qu’Andréa allait se lancer à sa poursuite, le bruit de l’incendie les toussotements des gens, les hurlements de douleur de certaines victimes furent comme un électrochoc. Un retour à la réalité, il était commissaire de cette ville, et son rôle était de sauver des vies, non pas d’y mettre un terme !

Au prix d’un immense effort, il lâcha son arme. Ses yeux redevinrent normal, et il sentit une violente douleur dans tous le corps. Il avait l’impression de subir un mélange de gueule bois et de manque. Il était tel un junky qui cherchait désespérément sa dose.

Andréa se saisit de son portable et composa un numéro.

« Les urgences ? Je suis le commissaire Andréa Giacometti, veuillez venir immédiatement au Quality Street il y a eu un attentat, beaucoup de blessés… »

Il raccrocha sans même attendre la réponse, puis scruta la pièce.

« Bon ou est donc la patronne… »

Maintenant que tout était terminé, le commissaire se mit en quête de la responsable des lieux.

Llylewin était affalée sur le sol du pallier de l’étage, l’estomac noué, la vision brouillée… Elle voyait tout tanguer autour d’elle, signe qu’elle avait perdu pas mal de sang à cause de ses blessures. Les sons se faisaient plus feutrés à ses oreilles, comme si son environnement proche avait été enrobé dans de la ouate.

Le temps semblait suspendu, comme au ralenti, c’est pourquoi quand un inconnu aux vêtements en lambeaux se présenta devant elle elle ne se demanda même pas s’il s’agissait d’un ami ou d’un ennemi, elle n’avait pas la force de lutter quoi qu’il arrive.
Le spectacle qui devait s’offrir à lui était édifiant : une vampire enceinte sanguinolente à terre, une autre épinglée au mur comme une macabre œuvre d’art, une humaine vidée de son sang et plus loin une autre traumatisée qui devait se cacher, roulée en boule dans un coin… Ces filles étaient sous sa responsabilité, mais Llylewin avait capitulé : elle n’avait pas réussi à les protéger de toute façon, elles s’en sortiraient mieux par elles-mêmes. Cédant à un puissant acouphène venant lui transpercer le tympan droit, la maquerelle vampire ferma les yeux.

EPILOGUE

Les secours arrivèrent rapidement suite au coup de fil du commissaire, et tous les occupants furent transférés en ambulance jusqu’à la clinique privée : Llylewin, Milicent et Meluxine eurent droit à un brancard aux urgences où elles retrouvèrent Wednesday et Estenea tandis que Gaëlle, Christia, Irene, Joleen, Anyi et Awa eurent droit à un meeting dans les sacs mortuaires de la morgue.

Une enquête fut ouverte par le commissariat, plusieurs officiers rejoignirent dès le lendemain les survivantes pour leur faire subir un interrogatoire afin de recueillir des témoignages les plus précis possibles sur les agresseurs tandis que le QS était fouillé de fond en comble pour recueillir des preuves.

Trois jours plus tard, les filles eurent le droit de sortir pour retourner dans un Quality Street physiquement dévasté à la réputation ruinée – La rumeur d’un attentat terroriste n’avait pas tardé à éclore, certains penchaient pour un revival de l’IRA, d’autres pour Al-Qaïda, d’autres pour une nouvelle guerilla inter-espèces… Mais bien que l’origine du conflit demeure inconnue, personne n’avait envie de s’y retrouver mêlé.

La nuit venait à peine de tomber et la vampire marchait d'un bon pas dans les rues de Galway. A son allure décidée et sa mine sérieuse, on pouvait deviner sans peine qu'elle savait exactement où elle allait et que visiblement, elle avait un but précis à remplir.

Elle s'arrêta devant une grande bâtisse et la fixa quelques instants, la mine pensive avant de laisser échapper un léger soupir en voyant l'état de certaines vitres qui avaient été retapées tant bien que mal pour continuer à cacher la lumière. Impossible de ne pas deviner quelle était la nature de certains des habitants de ce lieu et, c'est avec un sourire à peine perceptible qu'elle entra dans le jardin.

S'attardant une fois de plus devant la porte d'entrée dont l'état laissait présager un intérieur encore plus déplorable. Secouant la tête, la mine dépitée, elle effleura du bout des doigt la poignée de la porte, comme si elle se répugnait à la toucher. Dans son esprit flottait la dernière discussion qu'elle avait eue à propos des lieux et elle se demandait vraiment quel était leur intérêt dans cette histoire.

Mais elle était là pour investir et pour il savait ce qu'il faisait. Après tout, elle le suivait depuis trop d'années pour se poser encore des questions quant au bienfondé de ses actes. La mine légèrement plus assurée, elle frappa plusieurs fois à la porte, attendant qu'on lui ouvre.

Ce fut une espèce de petite chose rousse avec un nez bandé qui lui ouvrit, la mine totalement effarée. Elle était plutôt jolie et elle la fixait sans aucune méfiance, voire avec une certaine curiosité.

"Bonjouuuur ! D'peux bous aider ?"

La vampire haussa un sourcil, surprise de cet accueil qu'elle jugeait quelque peu trivial. Elle se racla la gorge après l'avoir dévisagée de bas en haut et, d'une voix froide.

"Bonjour. Je venir pour visiter le bâtiment. Je avoir rendez-vous avec la propriétaire."

"Hein ? Quoi ? euh… d'accord…"

La mine pensive et hautement perplexe, la rouquine laissa Velvet entrer sans insister. Mauvais point pour la sécurité songea la vampire. Pas étonnant qu'ils en soient arrivés là. Enfin, il ne fallait pas oublier qu'ils ne devaient plus avoir grand-chose à protéger ces derniers temps mais toujours est-il que Velvet ne put s'empêcher de retenir un hoquet de surprise à la vision apocalyptique du hall d'entrée.

Les dégâts étaient vraiment considérables. Quelques efforts avaient été faits pour camoufler les évènements mais l'odorat affiné de la vampire lui laissait deviner les odeurs de sang qui continuaient de flotter dans l'air malgré tout. Elle jeta un regard en biais à la rouquine qui semblait un peu mal à l'aise.

"Vous avoir vécu des évènements difficiles on dirait."

Elle hocha vigoureusement la tête alors que Velvet continuait d'avancer doucement, tout en prenant mentalement des notes sur tout ce qu'il y aurait à faire s'il s'avérait que l'affaire se concluerait.

"Bien. Si vous pouvoir prévenir … Llylewin c'est cela ? Que je suis là… je vous remercie."

Une nouvelle fois, la demoiselle hocha la tête avant de bondir hors de la pièce sous le regard presque amusé de Velvet. Elle put alors entendre retentir dans toute la maisonnée.

"Patrooooooooooonne ! De la bisiiiiiiiiiite !"

Llylewin était enthousiaste : enfin se profilait le bout du tunnel.
Elle avait réussi à mettre ses affaires en ordre et pouvait maintenant s’occuper de la mise en vente du bâtiment, et une fois qu’elle aurait trouvé un repreneur elle n’aurait plus qu’à voguer vers la Chine pour entamer une nouvelle vie.

Elle avait déjà un rendez-vous ce soir, mais l’agent immobilier lui avait conseillé de prendre des mesures précises des pièces car les acheteurs se montraient souvent pointilleux du mètre carré.
Désireuse de mettre toutes les chances de son côté, elle s’était donc armée d’un mètre et avait entreprit de prendre les mesures du lounge… Mais comme la pièce était très grande, et elle très inexpérimentée dans ce domaine elle avait du s’y reprendre à plusieurs fois, et le bébé braillant dans ses pattes ne l’aidait pas vraiment.

Elle l’avait donc transvasé dans une sorte de chaise longue pour morveux qu’on lui avait dit s’appeler « maxi cosi », mais elle ne voyait pas comment une chose aussi ridiculement petite et moche pouvait porter l’appellation «maxi» et encore moi «cosi» !
Toujours est-il que ce truc était bien pratique pour se désencombrer les bras, mais par pour passer le monstre en mode « mute », qui continuait de brailler comme si toute la misère du monde lui était tombé dessus.

Ben tiens, tu passes ta journée à bouffer, chier et dormir à l’œil, et tu veux me faire croire que ta vie c’est trop dur ? Mon cul oui !

C'est que mine de rien, les vagissements stridents de la bête commençaient à lui taper sur les nerfs, la vampire avait donc réfléchi à un moyen de la lui boucler, et comme elle avait déjà remarqué un lien de cause à effet entre le fait de la remuer et celui de la faire s’endormir, une idée brillante avait germé dans son esprit…

Elle avait donc été choisir parmi la collection de sex toys du Quality Street un énorme vibromasseur – propre non mais ho - et l’avait mis dans la chaise en mode ON à côté du lardon, qui bercé par les va et viens réguliers avait fini par trouver le sommeil, posé sur le bar.

Désormais tranquille pour finir ses mesures, la maquerelle s’attelait à longer le mur avec son mètre lorsque Milie vint l’interrompre :

"Patrooooooooooonne ! De la bisiiiiiiiiiite !"

*Holy Shit ! Dire que j’ai encore rien foutu à cause de l’autre boulet !*

Elle jeta alors un rapide coup d’œil aux murs carbonisés en se disant qu’il ne lui restait vraiment que les beaux volumes pour vendre son bifteck et alla accueillir celui qu’elle espérait être son futur sauveur.

Bonsoir, Llylewin, fit-elle à l’aide de son plus beau sourire commercial tout en tendant la main pour une poignée ferme, vous avez trouvé facilement ?

*Une vampire, et super bien fringuée en plus, elle a l’air d’avoir de l’oseille !*

Après le départ en trombe de la rouquine, Velvet resta quelques minutes seule, profitant de ce temps libre pour observer avec plus d'attention les lieux. Visiblement la pièce principale avait subi autant, si ce n'est plus de dégâts que l'entrée et une vague odeur de fumée se mêlait désormais à celle du sang, toujours aussi présente.

La vampire ne put s'empêcher de grimacer, se demandant, l'espace d'un instant, s'il n'aurait pas mieux valu tout démolir pour tout recommencer de zéro. Le travail serait peut-être moins important mais, après tout, elle n'était pas chef de chantier et ce serait à eux de trimer quand l'affaire serait conclue. Si elle l'était bien évidemment.

C'est le moment que choisit la patronne des lieux pour débarquer, visiblement aussi alerte que son employée et la mine plutôt défaite. Elle avait bien sûr entendu parler de la naissance du petit vampire et, malgré une certaine curiosité teintée de dégoût - se laisser engrosser était quelque chose que Velvet n'arriverait décidemment pas à concevoir, quelles que soient les circonstances - elle rendit sa poignée de main à Llylewin, abordant ce sourire qui était toujours le sien lorsqu'elle "entrait en affaires" comme elle aimait si bien à le dire.

"Bonsoir. Je suis Lady Velvet."

Malgré son accouchement récent, Velvet pouvait noter que la maquerelle restait des plus appétissantes. Elle se demanda un instant combien de jolies créatures pouvaient encore cacher ces lieux pour le moins sinistre puis se contenta d'un léger haussement d'épaules à sa question.

"Je avoir trouvé facilement. C'est très facilement indiqué et beaucoup d'hommes connaître la route jusqu'ici même s'ils font croire le contraire. Il suffit de se montrer persuasive et on obtient ce que l'on souhaite."

Un léger sourire pour accentuer ses propos alors qu'elle reportait son regard aux alentours.

"Tout le reste de la maison être dans cet état ? C'était quoi ? Un typhon ?"

Elle avait entendu parler de ce qui s'était passé et elle savait que sa question était un peu brusque. Mais la réaction de la vampire à propos des récents évènements l'intéressait tout autant que la visite de la maison en elle-même, si ce n'est plus. Après tout, elle voulait savoir où irait l'argent qu'elle pourrait potentiellement poser sur la table.

*Une ruscoff, de mieux en mieux, quelqu’un qui vient du pays de la vodka est forcément un bon présage*
Il faut dire aussi que la vision de la Russie par la vampire était quelques peu datée, du temps où les tsars se roulaient dans du caviar et donc que forcément pour elle, un russe était forcément un riche.

Après une solide poignée de main, Llylewin remarqua que la Velvet n’y allait pas par quatre chemins et tapait directement dans le vif du sujet : tant mieux, car de toute façon elle n’avait aucun moyen de cacher les sinistres et de faire croire à une mouvance néo-grunge en matière de déco, autant aborder les sujets délicats d’entrée de jeu.

Non, pas vraiment un typhon, quoique j’aurais préféré… Une attaque d’un groupuscule armé qui a fait beaucoup de dégâts aussi bien sur le mobilier que le personnel… Mais je vous rassure, ici c’est vraiment ce qu’on a de pire niveau sinistre, à l’étage c’est juste de la moquette tâchée et du mobilier en vrac, la structure du bâtiment reste très saine !

Enfin c’est ce qu’elle espérait, n’ayant pas osé faire diagnostiquer précisément toute l’étendue des dégâts sur la charpente de peur de voir son bien encore plus dévalué.

Bon, par quoi voulez-vous commencer la visite ? L’étage, le rez de chaussée ? Que voudriez-vous en faire par la suite, je pourrait peut-être vous donner des idées ?

Qui sait, en l’aidant à se projeter dans ses murs, même pourris, peut-être réussirait-elle à lui refourguer sa bicoque ?

Velvet observait la propriétaire des lieux d'un air cryptique pour qui ne la connaissait pas. Elle n'avait pas cherché à l'embrouiller et avait été franche à propos de l'attaque du Quality Street, c'était tout à son honneur même si ce n'était pas de cette façon qu'elle arriverait à convaincre un potentiel acheteur de récupérer des murs qui avaient été la cible d'une telle attaque.

"Je vois. Et votre groupe… il avoir attaqué au hasard ou pour une raison précise ? Que je sache s'il y a un risque de les voir revenir en force dans trois jours comme dans trois mois."

Tout en parlant, elle s'avança un peu plus dans la pièce principale et ôta l'un de ses gants avant d'effleurer un mur du bout des doigts, plus pas réflexe que par une connaissance quelconque dans la matière. Si besoin, elle ferait venir des spécialistes qui lui confirmeraient l'état solide des fondations mais pour l'heure, elle décida de faire confiance aux affirmations de la vampire.

"Et bien, nous commencerons par l'étage pour revenir ici alors. Comme ça je pouvoir voir tout ce qui m'intéressera. La moquette et les tapisseries tout comme les meubles se remplacent vite et bien. Ce ne sera pas un problème."

Ce n'était peut-être pas un problème mais, à mesure qu'elle évaluait les dégâts, elle en déduisait que l'investissement ne serait pas des plus minces. Mais, après tout, le jeu en valait certainement la chandelle.
A sa dernière question, Velvet se contenta d'esquisser un léger sourire. Des idées? Elle en avait bien évidemment. Elle avait même un projet très précis mais elle attendait le moment propice pour en parler. Et dans tous les cas, elle désirait faire le tour du propriétaire pour être sûre qu'il restait encore quelque chose à sauver mis à part une gamine rousse et une vampire dépressive.

"Je crois que je vous suis alors non ? Au fait, il rester beaucoup de demoiselles comme la jolie jeune fille que j'ai croisé tout à l'heure ?"

Llylewin se voyait mal répondre *En fait cette attaque était la vengeance d’une saloperie de négresse caractérielle, tout ça parce que j’avais mangé un ou deux de ses clients, elle a donc ramené toute sa tribu de sauvages pour tout mettre à sac*, elle se contenta donc de la version suivante :

Je ne saurais vraiment pas vous dire les causes de cette attaque, d’autant qu’ils n’ont rien volé, juste détruit… Des vandales sans doute, la police a aussi évoqué la piste d’intégristes religieux protestant contre le commerce du corps de la femme, vous savez, sont un peu coincés du cul ces gens-là…

La vampire décida de passer rapidement sur le sujet pour commencer la visite, et entraîna la dame vers le grand escalier de marbre relativement intact comparé au reste du hall menant à l’étage.

S’il reste beaucoup de filles ? Pas vraiment non… Il m’en reste trois qui vivent encore ici, une qui depuis l’attaque préfère rester cloitrée chez elle et deux autres qui passent de temps à autres mais qui n’ont plus vraiment de raisons de rester vu qu’on a officiellement mis la clé sous la porte ! Après si vous souhaitez reprendre mon fond de commerce je pourrais vous aider à en recruter de nouvelles, ce n’est pas ce qu’il y a de plus compliqué.

Elle mena alors sa convive à l’étage et marqua une pause sur le pallier. On pouvait voir à droite un pan de mur défoncé, témoin des endroits où avaient eu lieu les affrontements et où une attaquante avait été empalée, mais les murs avaient été nettoyés et la moquette tâchée retirée, laissant apparaître un sol en béton brut poussiéreux mais en très bon état.

A partir de là nous avons 7 chambres à l’étage, souhaitez-vous commencer par une en particulier ?

Velvet n'était pas dupe. Elle se doutait pertinemment que l'attaque ne pouvait avoir été le fruit du hasard, elle semblait avoir été trop bien orchestrée pour que ce ne soit que de simples vandales voire des intégristes. Il y avait là un acharnement très personnel, qu'elle connaissait bien.

Elle laissa échapper un sourire amusé aux propos de la vampire et se contenta de hocher la tête comme pour approuver ses propos.

"Les gens ne plus savoir se tenir de nos jours. Après tout, il s'agissait là d'un commerce comme un autre. Nul besoin de faire la fine bouche et de faire semblant de croire que ce genre de chose ne pas exister."

Hochant une nouvelle fois la tête quant à l'effectif restant, elle se passa cette fois de commentaires et suivit Llylewin, son regard passant d'un dégât à l'autre sans plus s'y attarder. La vampire semblait vraiment faire preuve de bonne volonté. Restait à savoir si c'était pour se débarrasser de l'affaire au plus vite ou parce qu'elle était persuadée que plus rien de bon ne pourrait plus lui arriver dans ces lieux. D'une certaine façon, avec tout ce qui s'était passé, Velvet ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Mais maintenant, elle devait la convaincre de faire autrement.

Une fois dans le couloir, elle s'arrêta, un sourire pensif sur le visage.

"Dans quel état sont les chambres ? Y a-t-il eu beaucoup de dégâts à l'intérieur ? Si c'est le cas, je préférer voir celles qui ont le plus souffert, pour voir ce qu'on peut encore en tirer."

Nul besoin de visiter celles qui étaient encore en bon état et elle était tout de même curieuse de voir jusqu'où les vandales avaient osé aller.

La maquerelle était plus ou moins blasée avec tous les malheurs qui lui étaient tombés sur le coin du museau, aussi elle ne prenait pas du tout ombrage à ce qu’on lui demande un listing détaillé de toutes les horreurs de son bâtiment, même si elle aurait clairement préféré qu’on lui en demande les points positifs. La piscine, elle était très belle la piscine !

Non, les chambres n’ont pas trop souffert de l’attaque, il y a surtout eu de la casse au niveau du mobilier mais le reste a été plutôt épargné. Si vous voulez voir la chambre la plus abîmée je vous invite à me suivre, comme je suis une petite chanceuse il s’agit de la mienne.

Les deux vampires passèrent par le bout de couloir aux murs cabossés pour arriver dans la chambre de Llylewin qui tenait plus de ruine d’après-guerre que de la chambre cosy à l’atmosphère sulfureuse qui avait fait sa réputation.

Le mur près de la porte était orné d’une couleur bizarre à cause de la fiole que la petite lycane avait jeté dessus, et si les meubles brisés avaient tous été retirés ceux qui restaient n’avaient pas exactement fière allure : le lit n’était qu’un matelas posé dans un coin, le bureau était bancal, la chaise qui allait avec l’était également, au final il n’y avait que la commode dont un tiroir servait de berceau au gremlins qui s’en tirait bien.

Voici, si vous voulez jeter un œil à la salle de bain vous verrez qu’elle est intacte, les agresseurs n’ont pas pris le temps de se repoudrer le nez !

Elle tenta de conclure sur une note d’humour pour dédramatiser la situation. Certes, son QS avait pris cher, mais il était en bien meilleur état que quand elle l’avait acheté ! Alors si elle avait pu être séduite par les lieux, pourquoi pas la russe ?

Velvet suivait tranquillement la vampire dans le long couloir qui menait à sa chambre. Le mobilier cassé, c'était un détail qu'on pouvait aisément effacer avec un peu d'argent. Et c'était une denrée dont elle ne manquait pas. Ce qui lui fallait maintenant, et qui allait être plus compliqué, c'était de convaincre la vampire.
Elle ne jeta qu'un bref regard à la chambre, laissant échapper une grimace.

"Et bien. Ils être vraiment déchaînés tout particulièrement contre vous on dirait. Mais je vous faire confiance pour la sale de bains. Etrangement, c'est toujours le dernier endroit que l'on va aller vandaliser. Peut-être par manque de temps ou parce que ce n'être pas glorieux de raconter qu'on a cassé une baignoire, allez savoir."

Elle haussa les épaules, sans se départir de son sourire pensif alors qu'elle fixait maintenant la propriétaire des lieux ave curiosité.

"Il y a donc encore beaucoup d'endroits en bon état. Les travaux ne devraient être ni très longs ni très coûteux. Sauf si bien sûr il y a des cadavres dans les murs ou des malfaçons dont vous ne pas avoir parlé. Mais je ne pense pas. Ce serait mauvaise idée pour vous n'est ce pas ?"

Elle voyait à sa façon se parler des lieux que la vampire y avait été attachée. Peut-être l'était-elle toujours, c'était maintenant le moment de le découvrir.

"Bien. Je pense m'être fait une idée précise des lieux. Le moment être venu d'entrer dans le cœur du sujet n'est ce pas ? Il va nous falloir négocier et discuter de certains détails qui devoir surement vous intéresser. Je avoir une offre que vous ne pourrez pas refuser."

C'était toujours la partie qu'elle préférait. D'autant plus que cette fois-ci, Hycks lui avait laissé une marge de manœuvre assez conséquente, comme bien souvent d'ailleurs, n'attendant d'elle que des résultats sans réellement se soucier des moyens. C'était ce qui faisait la force de leur équipe, une confiance totalement absolue et quasi aveugle que rien n'était jamais ébranler.

Des cadavres dans les murs ? Mais quelle drôle d’idée !

Mettre des macchabés dans les fondations ? Je ne verrais pas l’intérêt, ça finirait par pourrir et je vous raconte pas l’odeur ni les mouches… Non, on s’est occupés des morts de façon décente, je vous rassure.

Le moment était venu de parler gros sous, celui que la vampire redoutait le plus. En effet, elle était dans une position délicate qu’il était difficile de cacher : son affaire en miettes, son lardon endormi sur le bar du rez-de-chaussée, il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu’elle avait besoin de renflouer ses finances, ce qui la mettait dans une position vulnérable. Malgré tout, elle n’avait pas l’intention de se faire plumer, mais était-elle réellement en position de force pour négocier ?

Vous me voyez tout à fait intéressée par cette proposition alléchante, mais avant de jouer carte sur table je vous invite à me suivre dans un endroit plus propice à la discussion…

Ouvrant le chemin, Llylewin descendit les escaliers et mena son acheteuse vers les parties privées du dessous, la cuisine et le salon des girls qui était resté intact et dégageait de bien meilleures ondes que le lounge carbonisé.
Elle invita la russe à s’assoir à la grande table du coin cuisine et lui demanda de patienter un instant alors qu’elle se dirigeait vers le grand frigo qui avait accueilli tout les stocks du bar : il y avait donc de quoi concocter un parfait petit Bloody Mary, mélange de sang, vodka et sel de céleri, le cocktail favori de la maquerelle qui ne pouvait pas déplaire à son interlocutrice.

Elle retourna ensuite s’assoir en face d’elle et lui tendit son breuvage :
Tenez, vous pouvez y aller, il n’y a que des bonnes choses dedans ! Cheers !

Elle en descendit ensuite une bonne rasade, pour se donner du courage.