"Bonsoir Irene, Esténea c'est ça ? je suis Meluxine, l'hotesse d'acceuil et celle que tu dois venir voir si un client te pose des problemes. Si tu es là c'est que engagée non ? alors bienvenue au QS. Ce soir on a quatres jeunes plein au as qui enterrent une vie de garçon. Wednesday va pouvoir s'en donner à coeur joie."

Une heure, on pouvait dire que c'était assez sec comme délais, surtout pour elle qui habitait dans le coin le plus paumé de la ville. Tant qu'elle était à l'Undertown, elle en profita pour faire ses emplettes. Elle acheta de l'eau bénite à un des pseudo-apothicaires qui sévissaient dans les profondeurs. Elle avait quelque chose de bien précis en tête. C'était tellement peu original et par conséquent peu amusant d'utiliser de l'eau bénite isolément lorsque l'on pouvait créer des cocktails bien plus intéressants. Puisqu'elle ne disposait que de peu de temps, elle dût prendre le bus pour se rendre le plus prêt possible du parc, s'étant encore changée, transformant son apparence avant même d'atteindre la surface. Puis, elle continua à pieds jusqu'à son repère secret, lequel avait bien besoin d'un coup de balais. Elle se rendit vers ce qui de toute évidence faisait office chez elle de laboratoire : une salle aux trésors... dont les trésors auraient étés remplacés par des substances instables et dangereuses. Elle fouilla dans son fourbit un instant, le temps de ce rappeler ce qu'elle avait fait du précieux liquide qu'elle cherchait, pour finalement le trouver - le visage illuminé d'une lueur de victoire.

Elle s'était intéressé, et ce depuis bien longtemps, aux propriétés de l'eau bénite. Elle était absolument incapable de raisonner les choses sur un mode analogique, aussi la magie lui était tout à fait étrangère, et elle la considérait avec un statut égal à celui de l'art : quelque chose de beau et divertissant quoique impossible. Mais si elle avait put constater un fait indiscutable, c'était bien que le caractère béni de l'eau n'était pas observable à échelle chimique. D'ailleurs, elle savait par expérience que la pureté de cette dernière n'était en rien un facteur pouvant avoir une quelconque incidence sur l'efficience de la propriété de l'eau bénite. Elle pensait sans doute explorer la voie de la somatisation psychosociologique dont la race vampire pouvait éventuellement porter les gênes, mais ce serait là travailler sur un domaine pour lequel elle n'avait que trop peu de moyens matériels.

Aussi fit-elle confiance en la thèse homéopathique de conservation du mystérieux 'principe actif'. La pratique montrait l'efficacité, certes aléatoire voire sporadique, mais belle est bien présente, de ce procédé dans la pharmaceutique. Et s'il se limitait exclusivement à l'effet placebo comme elle le pensait, elle n'en estimait pas moins qu'il puisse très certainement en être de même pour l'eau bénite. C'est ainsi qu'elle tenta de transférer la dangerosité de l'eau bénite à celle de l'oxygène liquide. Peut être était-ce du gâchis pur et simple de mener cette expérience à bien, mais dans le pire des cas, le liquide récepteur était redoutable en lui même. Les vampires avaient le sang froid ? Oui, mais le corps était fait de chaire. Cela dit, cette petite fiole aurait put lui être bien plus utile dans d'autres usages et le fait est qu'elle avait déployé tout les efforts du monde à en voler à un institut de recherche (le plus dur avait était de trouver une fiole Dewar), efforts motivés par le seul vecteur du caprice : "Je veux de l'oxygène liquide ! J'en veux j'en veux j'en veux !"

Sa deuxième arme était quant à elle, plus incertaine. Ayant travaillé avec plusieurs chasseurs de créatures de la nuit, elle avait apprit nombre de techniques extravagantes afin de neutraliser l'une d'entre elles. Mais s'il y en avait une qui, pour des raisons tout à fait obscures, avait attiré son attention, c'était bien celle de neutralisation par ultrasons. Il est un fait reconnu que les sens des vampires sont remarquablement supérieurs à ceux des humains, l'ouïe en faisant partie. Mais il était difficile de savoir avec certitude jusqu'où ils étaient capables de percevoir dans le magnifique champ invisible qu'était le spectre sonore. Cette limite était, comme la plupart des caractéristiques vampiriques, principalement fonction de l'âge de l'individu. Cela dit, beaucoup s'accordaient à dire que la femme vampire voyait ce champ s'élargir au moins autant que le diamètre de son tour de taille, lorsque celle-ci était enceinte, et qu'il s'agissait là d'une perception à laquelle son corps ne saurait être habitué, provocant des vertiges, nausées voire des vomissements ou des permutations cérébrales lorsque la dose d'ultrasons était trop forte (jusqu'à 35KHz était une mesure qui semblait faire consensus auprès de ses anciennes connaissances). Elle n'avait pas la moindre idée de la véracité de ces dires mais toujours était-il qu'elle s'était forcément adonné corps et âme à la conception d'un petit appareil émetteur de sons à haute fréquence. En fait, elle en avait juste acheté un dans une animalerie et l'avait modifié à sa guise, ce qui avait concrètement été un jeu d'enfant.

Enfin pour ce qui était du reste, elle avait prit un attirail qu'elle considérait comme étant classique, composé de son TPH bourré jusqu'au chien de balles en argents/titane, de couteaux et scalpels, d'un kukri ainsi que de son costume de Miss Carnage et d'une balise fumigène rose dont elle avait intention de faire usage pour son seul plaisir personnel. Seules sortaient du lot des seringues, au nombre de trois, contenant son sang. Le noir de la nuit sans lune que le temps avare de l'Irlande avait fait s'abattre sur la capitale du mal jouait, selon elle, en sa faveur. Elle se faufila dans les rues avec la prudence d'une Bambie désabusée et arriva bientôt au cœur de la maison close.

Ce lieu de perdition exerçait sur elle une certaine fascination : elle n'était bien fatalement pas ignorante des détails concernant la reproduction de l'espèce humaine et en tant que chevalier du net, elle était tombé plus d'une fois sur des choses qui l'avait profondément dégoûté, bien qu'elle n'aurait su déterminer ce qui la choquait réellement, elle qui avait exploré l'intérieur de plusieurs corps humains et non humains d'une façon bien plus répugnante et traumatisante que par cette voie qu'elle tenait tant à ne jamais connaître. Cela dit, le fait que ce genre de pratiques, qu'elle considérait comme abjectes, soit institutionnalisé, au sens figuré d'industrialisé, était profondément curieux à ses yeux. Et il fallait bien avouer qu'elle trouvait les femmes qui y travaillaient d'une beauté à l'en faire baver d'admiration. Les petites filles se projetaient dans des princesses de contes de fées, Pistache admirait des prostitués. En réalité, ce n'était pas foncièrement vrai ; elle s'extasiait devant n'importe qu'elle figure féminine dégageant un sentiment de beauté et de charisme, ce qui était des atouts particulièrement récurent au sein du QS.

Profitant de son agilité de jeune lycane ainsi que de la générosité des arbres qui décoraient les somptueux alentours de l'édifice de maître, elle se rapprocha et observait comme elle le pouvait les lieux. Difficile sinon impossible d'y voir correctement et de juger de la situation, son angle était des plus désavantageux pour l'observation, à laquelle elle avait préféré la discrétion. Elle put cependant apercevoir Chango se diriger vers l'entrée et elle se dit simultanément que cet homme ferait bien d'apprendre la notion d'anonymat et que c'était le moment idéal pour entrer. Elle ne pouvait pas voir le pas de la porte principale d'où elle se trouvait, à l'est du manoir, mais elle ne pouvait pas non plus y être vu elle même, ce qui lui laissait assez d'aise pour avancer discrètement. Fouillant méthodiquement chaque interstice rocheuse de la paroi murale, elle se dirigea lentement mais sûrement vers la balustrade sur laquelle elle posa pieds. L'architecture victorienne avait cela pour elle qu'elle proposait au moins des toits accueillants. Elle partit en quête d'un moyen d'entrer en toute discrétion, dans l'optique de faire une entrée remarqué, spectaculaire et efficace. Ambitions Pistachéennes.

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Spoiler:

Kelly vérifiait son équipement avant d'entrer quand elle vit un visage familier. C'était Awa, celle des trois sœurs qu'elle préférait. Anja était trop sérieuse et Amy un peu bizarre, même si elle dégageait une certaine classe. C'eut été une inconnue qu'elle lui aurait tiré en pleine tête avant même que celle-ci ne comprenne que la silhouette qui se profilait passablement devant elle n'était pas une hallucination mais une personne bien réelle et que l'adrénaline n'ait commencé à se répandre dans son sang. Mais ça n'était pas le cas, encore heureux : cela lui laisserait plus de temps pour s'amuser avant que le remue-ménage ne devienne trop distrayant.

Elle n'eut donc pas à entrer par effraction car sa camarade de jeu lui avait ouvert les fenêtres, que Pistache refermait aussitôt pour éviter le moindre coup de vent, répondant au sourire d'Awa par la symétrique - bien que plus jeune et moins denté.
"Salut gamine ! Tu cherches quelque chose ? On a de quoi s'occuper à l'étage si tu veux faire équipe !"
Elle parlait certainement d'otages/cibles/victimes/clients/personnel, et c'était suffisant pour elle. Kelly serra ses poings d'excitation, les agitant victorieusement au niveau de la poitrine tel un parieur dont le favoris aurait gagné de justesse une course, avec un "Ouaiiis !" chuchoté mais non moins enthousiaste, le visage illuminé de la fille que l'on emmène au parc aquatique. Puis celui-ci se transforma pour redevenir le visage au sérieux théâtral de Miss Carnage, le génie du mal. Un génie du mal bleu fluo.

Avec la posture droit et fière caractéristique à son personnage, elle dévissa les ampoules qui se trouvaient sur les lampes à abat-jour modernes. Elles étaient bien pratiques ces petites lampes, ça lui faisait beaucoup de munition pour le coup. Après avoir fouillé dans une armoire pour en retirer une serviette, elle l'enroula autour du verre qu'elle fit craquer dans un petit bruit sourd. Le pas de chaque porte d'où émergeait les aboiements de la fin du monde fut recouvert de petits morceaux coupants. Dans le doute, elle en mit même devant les autres portes. Lorsqu'elle eut fini sa petite manœuvre, elle se retourna vers Awa et perdit une seconde fois son aire sérieux pour pouffer dans sa main, en se pliant légèrement.

"On devrait voir ce qui se passe en bas tu crois pas ? Moi je vais chercher des info sur les clients, on trouvera peut être des choses intéressantes." Fit-elle, toujours en chuchotant de sa voix frêle qui faisait contraste avec les grognements porcins environnant. Elle descendit à pas aussi feutrés qu'elle pouvait se le permettre et jeta un rapide coup d’œil dans le hall avant de s'y engager étant donné que la responsable de la sécurité était hors d'état de nuire. Elle entra dans la loge de sécurité après avoir réaliser une fouille au corps chez Meluxine afin de prendre ses clefs et de retirer de sa personne tout ce qui pouvait - de près comme de loin - s'apparenter à une arme. Elle avait oublié d’embarquer des tranquillisants et cela n'était pas sans la contrarier. Ce n'était certainement pas avec des paires de menottes à froufrou qu'elle pourrait neutraliser la demoiselle, ou plutôt la sécuriser puisqu'elle était déjà neutralisée.

De nombreux manteaux ornaient la petite loge de sécurité, qui faisait manifestement office de vestiaire. Elle fouilla inquisicieusement chaque porte feuille et récupéra les cartes SIM de tout les portables. Elle faisait déjà le compte des avantages que cela leur apporterait. Environs 20% d'hommes mariés à en juger par les photos présentes dans les porte-feuilles ainsi que les alliances glissés dans les poches des manteaux. Elle garda un des portables déjà allumés avec elle afin de s'en servir comme d'appareil photo après, bien sûr, s'être assurer que la qualité était bonne et qu'il avait assez de mémoire.

Quand elle fut satisfaite de ses trouvailles, elle s'en alla en quête d'autres coéquipier pour s'amuser. La soirée semblait se dérouler sous le signe du youpi.

"Hep Kelly ! Tu pourrais gérer l'étage avec Awa ? J'ai pas franchement confiance dans ses capacités à canaliser les dangers potentiels alors que toi… même haute comme trois pommes tu m'as l'air un peu plus fiable…. ça doit être le coté lycan."
Elle n'eut pour autre réponse qu'un salut militaire bref, pour signaler qu'elle avait entendu et qu'elle s'en occupait. C'était d'ailleurs son objectif, elle n'était descendue que pour fouiller les affaires des clients et s'assurait que tout se déroulait correctement en bas. Elle rangea le portable qu'elle venait de récupérer dans une des multiples poches de son gilet pare-balles.

"- Je sais pas trop où se planque la patronne. Pas dans le salon visiblement. Il faudra la localiser et la laisser à Anja. C'est quand même le but de la visite. Elle devrait pas tarder d'ailleurs notre chef d'équipe. Elle doit vouloir préparer une entrée fracassante, t'en dis quoi petite ?
- En principe, avec des otages, l'engrossée ne devrait pas poser de problème mais je ne fais pas confiance à une outre à hormones vampirique pour rester raisonnable, après tout, c'est pour ça que nous sommes ici. Elle peut décider de ne garder aucun témoin mais jamais elle ne sacrifiera ses girls, je vais m'en mettre sous la main."

Elle se rendit à l'étage, là où elle avait vu Awa pour la dernière fois. Allant sur sa gauche, elle prit une seringue dans sa main, avançant silencieusement de la première porte d'où émanait la certitude que la furtivité n'était tout compte fait pas particulièrement nécessaire. Elle enclencha la poignée avec une parcimonieuse lenteur, puis l'entrouvrit juste assez pour entrer, accroupie, faisant confiance à la violence des ébats pour assurer sa discrétion. Elle enjamba les morceaux de verre qu'elle avait laissé sur le sol et s'avança vers le lit. A vue ce qu'il s'y passait, il lui fallu se retenir de pouffer ; elle ne trouvait pas cela seulement répugnant mais également ridicule.

Néanmoins, sa présence ne passa pas longtemps inaperçue et le couple de fortune s’arrêta net à la vue de la petite enfant déguisé en... power ranger ayant prit du LSD. Se devant de réagir, elle se jeta sur le pauvre client et enfonça la seringue dans son coup. Il se mit à hurler tandis que la fille de joie essayait tant bien que mal de se dégager, écraser par la masse de son cavalier. Le mouvement ne devait rien arranger à sa douleur car l'aiguille semblait bien tirer sur la peau. Finalement dans un sursaut, il se redressa d'un coup et tomba par terre, projetant Kelly qui se releva aussitôt. L'homme arracha vigoureusement l'aiguille de son coup, et plaça ses mains devant, sans le toucher, comme s'il saignait abondement. Un fin filet coulait tout de même.

Sans demander son reste elle s'en alla, refermant même la porte derrière elle puis passa à la suivante. Comme personne n'était présent, elle continua sa course effréné à l'amusement. Devant la porte du fond, elle se demandait quel petit tour elle allait bien pouvoir jouer aux occupants. Mais, tandis qu'elle s'approchait de se destination, elle remarqua que la porte était légèrement entrebâillé. Elle entendait des voix s'y élever. Elles - car il y avait deux femme à l'intérieur - étaient en train de réagir au hurlement qu'elles avaient très certainement entendu. Elle reconnaissait l'une de ses deux voix. Son cerveau l'avait ressortit de son immense base de donnée cognitive pour l'avoir déjà entendu une fois. C'était la voix de la propriétaire des lieux, qu'elle avait espionné lors de la réunion démagogique organisé par la gouverneur oisive. C'est d'ailleurs après cette réunion qu'elle avait commencé à se renseigner sur elle. Elle n'avait pas put retrouver grand chose sur elle à part le QS et des broutilles comme un dépôt de plainte et autres, mais c'était déjà ça non ?

Quoiqu'il en soit, elle ne perdit pas la moindre seconde en pensées inutiles en envoyant dans l'ouverture de la porte sa grenade flash. Ça serait suffisant, elle l'espérait, pour se carapater avant que la génisse ne lui tombe dessus. Elle n'avait pas dans l'idée de se frotter à une vampire enceinte, bien que l'envie la titillait légèrement. Sur le chemin, elle croisa justement l'une des employées, celle qu'elle venait de violenter, qui se dirigeait vers le bureau de sa patronne. Dommage pour elle. Elle la mit en joue et s'empara d'elle comme d'un otage, se dirigeant vers le hall, tournée vers là où la vampire pouvait débarquer d'une seconde à l'autre.