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Luc

Gordon adressa une phrase énigmatique à Amy, dont elle ne comprit pas le sens profond, les pensées trop tirées vers son émoi de réconfort, pulsions cardiaques croissant à mesure qu'elle s'approchait de sa soeur. Elle n'était néanmoins pas handicapé et pouvait tout de même capter la réflexion, qui fut reçut avec bienveillance, même si elle n'y vit qu'une allusion au jeu.

Les deux jumelles accueillirent avec une certaine satisfaction le baise-main du lion (Gordon), jouant la mondanité à outrance, gloussant de leur rôle. Elles rendirent en tout et pour tout un gracieux signe de tête à celui-ci toutefois que Charlie semblait se noyer volontairement dans son verre. Bien que beaucoup de choses leurs avaient échappées durant cette soirée, la gêne de la jeune anglaise (Charlie) avait éclaté à leur douce inquisition comme l'évidence même, et Amy appréciait bien malgré elle les réminiscences du bloody comme une situation où Gordon s'était détourné de Charlie. Bien sûr, les deux êtres n'étaient pas encore liés, mais la jeune inséparable (Amy) ne pouvait s'empêcher d'en retirer une sorte de plaisir sadique qui lui faisait tout de même honte.

Cela dit, lorsqu'elle se tourna vers les jumelles pour y trouver une sorte de diversion, elles furent ravies de la lui apporter :
"- Désolée pour votre carte, dommage que vous n'ayez pas eu plus d'une chance, après tout vous êtes deux, même si vous me donnez l'impression d'être une seule personne parfois !
- E : Oui, mais si ça peut te rassurer, nous sommes deux à ne pas raffoler du champagne.
- A : Tu rigoles ? Moi j'aime le champagne !
- E : Et bien moi j'aime le chocolat. Pourquoi l'enjeu n'était pas un pot de Nutella millésimé de la taille d'une machine à laver hein ?
- A : Parce que tu aurais été déçue d'avoir perdue.
(Emmy tire la langue à Amy, qui tente de la lui mordre).
- Alors, vous travaillez ici depuis un moment ? Je me demande, dites le moi si je suis trop indiscrète ou déplacée, mais... Comment ça se passe ici ? Je veux dire, travailler pour Llylewin ? Bien que l'endroit est superbe, je dois en convenir, la patronne, elle, me fait froid dans le dos ! Mais bon, c'est elle qui en a voulu ainsi.
- A : Ah ! Il me semblait bien avoir sentit un malaise la dernière fois qu'on vous a vu ensemble. Et pourtant tu es là, tu es bien courageuse ! Qu'est ce qu'elle a bien put donc te faire ?
- E : Ne t'inquiètes pas, je crois que tu es encore très loin de l'image que nous nous faisons de l'indiscrétion.
- A : Llylewin est têtue comme une mule, et je pense qu'elle est très certainement terrible pour les gens qui s'opposent à elle. Mais c'est une très bonne professionnelle, et tant qu'on s'entend avec elle sur ce point, tout ce passera bien.
- E : Je la trouve plutôt américaine dans l'âme. Elle n'attache vraiment d'importance qu'aux résultats, c'est bien pour nous ; on a toutes notre façon de faire dans la maison. Et, non, on ne travail pas depuis très longtemps ici. En fait, la première qu'on t'a rencontré, on venaient juste d'arriver. Deux ou trois semaines plus tard, on avait un entretient et puis le recrutement s'en est suivit de peu. Bref, on s'installe, en quelque sorte. Ça prend toujours du temps de se faire une vraie clientèle stable, mais on n'est pas inquiètes.
- A : Et toi alors ? C'est vrai : on ne connait pas grand chose sur toi en fait. Tu avais dis que tu donnais des cours de musique ? Tu arrives à en vivre ? Qu'est ce qui t'as conduit à choisir ça ? Les gens nous posent souvent cette question, mais bizarrement, on se sent pas concernées. C'est comme si toute notre vie nous avait logiquement conduit là tu vois ? Et nous, on a du mal à comprendre comment les autres peuvent faire ce qu'ils font. Surtout toi, je veux dire, c'est un métier, certes, mais ça m'a l'air entièrement dédié à l'art... Enfin, il y a comme un dévouement dans tout ça ; je me trompe ?"

Amy était réellement intrigué par le personnage de la tigresse (Charlie) ; et par tout les personnages qu'elle représentait selon elle. Non pas qu'elle lui parut foncièrement démarqué de la masse humaine - elle voyait, au contraire, l'unité en chacun, et l'intérêt dans presque tous - mais sa (chi)mère ballerine¹ était si morte-viande, si calculatrice, qu'elle n'avait trouvé en elle aucune artiste ; rien qu'une technicienne à la poursuite de la perfection et de la gloire. Elle espérait sincèrement que Charlie ne fut pas de ces gens, elle espérait trouver en elle une de ces personnes qui étaient capables de tant d'abandon avec l'art. Sans doute qu'en Charlie elle cherchait cette volonté de vivre d'une façon différente, ce courage du risque, cette soif de vide. Peut être aussi qu'elle voulait juste réhabiliter un catégorie de personnes qui avaient trop souvent eus l'occasion de la décevoir.

Elle sentait les ongles d'Emmy se promener délicieusement le long de son échine, lui arrachant quelques frissons. Tout en écoutant la réponse de la jeune femme (Charlie), elle retira le masque qu'elle avait dérobé à Gordon et le mit sur le visage de Charlie, avec un sourire de satisfaction.
"A : Dis moi : et toi, tu aimes le champagne ?"

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1. Il s'agit ici de la mère des jumelles, ancienne danseuse étoile du ballet de Lettonie.

Milicent, Prof, Juliet, Kain et Meluxine

Luc

Tout en écoutant Charlie parler d'elle, de sa passion pour l'art, Amy fut étonné de constater - d'après ce qu'elle avait entendu - que Gordon et Tamara semblaient s'être déjà rencontrés. Elle le savait ami de la tigresse (Charlie), mais là, ça faisait beaucoup de gens familiers les uns des autres au même endroit, au même moment. Il fallait dire que la ville n'était pas un centre touristique pour rien. Les nouveaux arrivants ne pouvaient que trop rarement résister à ses charmes. Ils finissaient invariablement dans un pub typique ou des lieux de rencontre, parce que le folklore qui s'en dégageait les attirait. A Galway, une grande partie de l'affluence était pétrie d'âmes égarées qui ne cherchaient qu'à fuir la vie, ou au contraire à rentrer dedans tête la première. Amy était là depuis trop peu de temps, c'est pourquoi elle n'en avait pas conscience ; auquel cas contraire elle n'aurait pas trouvé cela notable.

Les jumelles étaient tout de même attentives à ce que leur disait leur interlocutrice (Charlie), et non perdues dans leurs pensées comme la précédente introspection aurait put le faire penser. Emmy, particulièrement, était assez impressionné par la façon dont Charlie voyait les choses : elle, avait toujours considéré l'art comme un sujet de raffinement qu'il fallait maîtriser pour contrôler plus de gens. L'art, selon la jeune tangerine (Emmy), était un morceau de charisme matérialisé ; elle aimait de belles toiles, de belles mélodies, de beaux livres, mais elle les estimait avant tout comme un moyen de toucher les autres, un filet. Cependant, elle avait bien conscience qu'il s'agissait là d'une opinion qui n'était qu'exceptionnellement au goût desdits artiste et, bien que l'anglaise (Charlie) lui parût tout à fait ouverte d'esprit, elle ne s'aventura pas à une telle gageure. Elle lui répondit toutefois que sa sœur (Amy) manipulait le masque de Gordon :
"E : Oui, je comprends ce que tu veux dire. La plupart du temps c'est une question de réputation et de bouche à oreille. En fait c'est un peu pareil pour nous, on ne peut pas vraiment se permettre de bouger régulièrement. Mais courage alors, ça n'ira qu'en mieux ! En tout cas, je trouve ça beau de voir qu'on peut être à ce point épris par quelque chose qui n'est pas donné."

Amy la coupa presque. Non qu'elle n'écoutait pas ce qu'elle disait ou qu'elle n'en avait rien à faire, mais elle savait qu'il ne restait plus beaucoup de temps avant la fin de leur petit jeu. Elle n'avait pas oublié leur première rencontre il y avait de cela quelques mois et elle se souvenait notamment que l'infortunée tigresse (Charlie) n'avait pas eut la même chance que les jumelles. Elle avait au fond d'elle comme une sorte de sentiment de devoir, qui l’exaltait surtout de part sa dimension altruiste, une envie, de la faire gagner. Au vu du nombre conséquent de cartes qu'elle possédait, la victoire ne semblait pas inenvisageable, mais elle n'avait pas vraiment fait attention aux pronostiques ambiants. Gordon avait prit leur carte, qui le désignait comme cible. Un tel état de jeu faisait donc de lui un joueur imprenable. Tout du moins eût-ce été le cas si une règle n'avait pas lourdement contrebalancé cet avantage : le joueur qui se voyait en possession de la carte le concernant était la cible potentielle de tout un chacun, pourvu qu'on connut son contenu. Charlie ne connaissait pas son contenu, mais Amy si. Il fallait porter le masque du lion pour que celui-ci soit en cage. Hors, Charlie portait le masque du lion. Amy le lui avait échangé de manière bien entreprenante avec sa carte lorsqu'elle avait perdue dans un accès d'enthousiasme à l'idée de revenir aux côtés d'Emmy ; et il ne le lui avait pas reprit. C'est comme cela que la beauté emplumé (Amy) avait finit par avoir en tête de prendre sa revanche, afin que les cartes de Gordon ne passent dans une main qu'elle avait elle même choisie.

Mais les événements ne se déroulèrent pas selon ses espoirs. Un petit remue-ménage s'était manifesté vers les salons. Les jumelles identifièrent très rapidement le problème et avaient comprit que Llylewin s'en chargerait. Elles décidèrent donc de rasséréner l'ambiance de leur côté. En effet, malgré la musique et la rumeur environnante, le tapage du scandale parvenait jusqu'aux oreilles d'à peu près tout les invités - car la dissonance entre le bourdonnement de la foule et la voix qui s'était subitement élevé avait été perçue plus que la voix en elle même - nombreux étaient ceux qui se taisaient, surprit ou juste curieux. Les autres, se demandant pourquoi le volume sonore diminuait, suivaient rapidement le mouvement afin d'observer de leurs oreilles d'animaux de la jungle. C'est ainsi que Kain eut toute l'attention désiré pour se donner en spectacle.

C'était, sans nul doute, une prestation réussite sous tout point de vue - bien qu'elle manquât un tantinet d'élégance -, mais les jumelles ne s'y firent pas prendre. Elles avaient l'habitude de ce genre de comportement, de ces fausses indignations, elles avaient connues bien des hommes se plaindre pour obtenir des faveurs, même si celui-ci ne cherchait que la discorde, et elles connaissaient tout les signes - aussi bien interprétés fussent-ils - qui trahissaient une soif d'attention. Alors que certains se murmuraient les uns les autres, Amy entreprit de détendre l'atmosphère pour détourner l'attention de cette scène et en égarer le plus rapidement possible le souvenir :
"A : Le mauvais cocktail, la mauvaise main : parfois il ne faut pas grand chose pour qu'une journée pénible ne se transforme en caprice."

On répondit à son trait par un rire partagé. Certains étaient toujours attentifs, mais d'autres revenaient à leurs moutons, comme si le perroquet (Amy) avait résumé l'épisode et clos son intérêt. D'ailleurs, les autres girls ne furent pas longues non plus à réagir, trouvant certainement que c'était là l'occasion idéale pour désigner un gagnant au jeu. Des demoiselles charmantes en tenues affriolantes déambulèrent dans les rangs, non pour parler ou parader mais cette fois pour récupérer les cartes. Elles avaient une liste des invités qui avait été constitué à l'entrée par l'une des filles et y inscrivaient la performance du joueur correspondant. Peu de temps après, Wednesday annonçait la finale. Aussitôt les sœurs regardèrent Charlie avec une bouille enthousiaste et des yeux brillants. Elles battirent des mains en applaudissant légèrement mais fébrilement.
"E : Allé allé allé tu vas gagné j'en suis sûre ! Hihi ! Du champagne pour Charlie !"

Amy, pour sa part, lança un regard affable à Gordon ainsi qu'un "Bonne chance beau lion." qui se perdit dans le tumulte des invités se pressant en partie vers l'estrade où avait lieux la nomination du vainqueur ; le grand prédateur. Emmy, quant à elle, lui fit un salut de la main et lui envoya un baiser soufflé alors qu'il suivait de près la tigresse (Charlie).

On tâcha de ménager le suspens à l'aide d'un jeu de hasard. Sans doute, se dit Amy, le hasard n'était-il pas total dans ce genre de jeux. En effet, les gens avaient souvent tendance à s'identifier à des animaux, des totems pour ainsi dire. Chacun ne s'en était-il pas choisit un pour venir à cette soirée ? Cette dernière épreuve était donc, comme les précédentes, une épreuve de ruse. Lorsque Grodon fut annoncé heureux propriétaire d'une énorme bouteille de champagne, Amy n'en fut pas déçue. Elle aimait bien Gordon aussi - même s'il lui apparaissait encore plus comme un client potentiel que comme un ami - et de plus, il était assez proche de Charlie pour qu'en toute probabilité elle en profite aussi. Elle espérait simplement que les deux perdants ne seraient pas dépités.

Les jumelles applaudirent et on annonça la fin de la soirée, avec cependant une surprise pour tout ceux qui étaient venus. Le travail éreintant des jumelles n'allait pas tarder à commencer. Il faudrait dire au revoir aux invités qui les solliciteraient - en général des gens avec lesquels elles avaient parlées au court de la soirée - et se souvenir de toutes leurs conversations sans les mélangées. Elles auraient très certainement à gérer des égarements et des confusions de vêtements dans les vestiaires, des gens passablement saouls et autres avaries de ce genre. Ensuite, et là serait le plus dur, il faudrait mettre de l'ordre dans le QS, enlever les décorations, nettoyer les lieux, le sol piétiné de mille pieds, les cocktails involontairement renversés. Et enfin, elles pourraient rentrer chez elles. Elle décidèrent donc d'anticiper l'action en se rendant vers le hall d'entrée afin de pouvoir souhaiter la bonne soirée à tout les invités et leur donner leur veste.