C'était une fin d'après midi, le ciel était légèrement couvert et la bruine hivernale avait mouillé le sol et la végétation. La pluie avait cessé de tomber et une faible éclaircie apparut dans le ciel, montrant la pâle lueur du soleil couchant dans cette froideur de l'hiver. Un homme de forte carrure entra dans le parc. Il était habillé d'un costume gris-bleu de très bonne facture, une chemise bleu nuit, des chaussures grises et un manteau trois quart. Il avait des lunettes de soleil de grande marque sur le nez. Que pouvait bien faire là un homme ressemblant soit à un homme d'affaire soit à un garde-du-corps dans cette ménagerie fantastique à cette heure tardive ?

Hunter MacBrides, chasseur de têtes de la puissante organisation la Steel Corp, était venu dans ce lieu après une dure journée de réunions. En effet, les troubles qui avaient eu lieu pendant l'ouverture du centre commercial avait fait couler beaucoup d'encre et en plus avait mis en effervescence l'entreprise. Il fallait des réponses à ces problèmes et surtout des solutions. Mr. Hycks avait demandé à beaucoup de ses collaborateurs des informations et des résultats. Le lycan n'échappa pas à cette agitation et il se devait, pour le bien de l'entreprise, de faire son maximum pour aider son patron. C'était pourquoi les journées étaient longues et éprouvantes. Hunter avait donc décidé ce soir-là de s'octroyer un moment de détente et il était allé au zoo de Galway. Un endroit regorgeant d'animaux fantastiques qu'il n'avait jamais pris le temps de visiter, mais il rencontra quelques-uns de leur pensionnaire lors de l'inauguration d'un bar.

Hunter enleva ses lunettes et lu la pancarte : Brun de Cuailnge. Il regarda ensuite dans l'immense enclos pour l'apercevoir. Il ne le vit pas, mais entendit un long meuglement d'une puissance inouïe.

Le lycan reconnut le son de la voix et l'odeur de la promeneuse qui venait de l'accoster. Il ne prit pas la peine de se retourner immédiatement.

- Bonsoir Absolem ! Il se retourna ensuite vers elle ne trouvant pas l'animal qui avait fait ce bruit épouvantable. Je voulais me détendre un peu après cette longue journée et je suis venu directement au zoo. C'est la première fois que je le visite, vous vous rendez-compte ! s'exclama-t-il avec un sourire et il se retourna vers l'enclos. Vous êtes déjà venu Absolem ?

Hunter, qui détestait pourtant les humains, faisait une exception pour les paranormaux. Mr. Hycks avait décidé de réunir les meilleurs humanoïdes de la planète et il n'était pas question de le contredire. Il vouait une admiration et une indéfectible obéissance à la personne qui lui avait donné un but dans sa vie.

- Au fait mademoiselle ! Dernièrement, je ne vous ai point vu à nos réunions. Mr. Hycks vous a donné une mission particulière ? s'enquit-il auprès de ça collègue.

Hunter ne pouvait concevoir la maladie des simples mortels, lui qui n'était jamais malade avec son immunité de lycanthrope. Il continua a fixé l'enclos et commença à apercevoir un museau au loin sortant d'un petit regroupement d'arbre. Que cet animal était gigantesque ! Ce dit Hunter.

Absolem s'était, elle aussi, tournée vers Hunter, regardant un peu plus attentivement son allure, hochant presque imperceptiblement la tête, un petit sourire aux lèvres. Il était vraiment très élégant dans son costume.

"Je connais très bien cet endroit oui, j'adore venir m'y promener, histoire de déconnecter un peu avec le boulot... Elle lui sourit puis, comme lui, se tourna vers l'enclos. Je pourrais vous le faire visiter si le cœur vous en dit, à moins que vous n'ayez déjà fait tout le tour."
Son regard chercha de nouveau l'animal, se penchant légèrement dans toutes les directions pour essayer de l'apercevoir.

"Mr. Hycks m'a donné la mission très particulière... Elle laissa passer quelques secondes de suspense De ne pas contaminer mes collègues de travail ! Je suis en fin de convalescence. Vous savez... une bonne vieille maladie... humaine ! Vous pourriez peut-être me mettre au courant de ce que j'ai loupé ?"

D'un coup, Absolem pointa du doigt un coin de l'enclos. "Oh, le voilà !" s'exclama t-elle avec enjouement.
Elle tourna la tête vers Hunter pour s'assurer qu'il l'avait vu, et observer sa réaction. Elle avait beau bien connaître les animaux de cet endroit, certains l'impressionnait toujours, et celui-là en faisait partie.

Absolem connaissait cet endroit pour y être venu déjà plusieurs fois. Une bonne chose pensa Hunter, elle pourra lui indiquer les endroits intéressants et les points d'observation les plus pertinants, ce qui fera une agréable balade sans se soucier à chercher comment mieux voir les animaux.

- Je serai ravi que vous me serviez de guide. Je viens à peine d'arriver.

Absolem lui fit part ensuite du fait qu'elle n'était pas présente à cause d'une maladie humaine. Hunter eu un petit rire suite à la façon dont sa collègue avait décrit la mission particulière de ne pas contaminer ses collègues.

- Oh, très bien. J'oublie parfois ces problèmes qui peuvent arriver. Pour ce qui est de l'inauguration du centre commercial tout s'est très bien passé jusqu'à la soirée qui fut désastreuse. Nous avons, en début de soirée, fait un défilé accompagné d'un buffet qui s'est très bien passée. Madame le gouverneur Giacometti était présente et ce fut une parfaite réussite, nous avons même défilé en personne ainsi que Mr. Hycks. dit-il avant de s'arrêter pour regarder dans l'enclos suite à l'exclamation d'Absolem.

L'animal sortit de sa cachette et les deux observateurs purent le voir en entier. Un animal énorme, bien plus grand qu'un taureau normal était devant eux à une dizaine de mètres.

- Ah oui ! Je comprends pourquoi c'est un zoo unique en son genre maintenant, s'exclama-t-il. Allons voir un autre enclo, je suis curieux de voir le reste de la ménagerie. Je vous suis, vous êtes mon guide attitré, plaisanta-t-il avant de continuer sur le récit de la soirée d'inauguration. Après dans la soirée, les vampires sont arrivés et nous avons eu l'honneur d'avoir le commissaire Giacometti à nos tables de jeux. Et puis après un magnifique discours de Mr. Hycks et un splendide feux d'artifices, nous pensions que la soirée allait être tranquille, mais... son regard se remplit de tristesse mêlé à de la colère, nous avons eu la visite d'un certain Jaro et des lycans que je n'avais jamais croisés jusqu'ici. Et ce fut un vrai massacre, mais je vous ferais parvenir le compte rendu de la soirée pour que vous ayez tous les détails. Ne parlons plus de ça et concentrons nous sur les enclos.

Hunter n'était pas venu dans ce parc pour reparler de cette soirée épouvantable, mais bien pour l'oublier.

En avançant le long d'une allée, un des promeneurs généra un étrange KROUNCH.

En effet, il avait posé son pied sur un genre de débris blanc tacheté, à la texture calcaire et aux bords irréguliers, mesurant environ 8x4cm.

Allait-il décider d'ignorer ce simple déchet ou bien s'y intéresser de plus près?

Alors qu'Hunter lui racontait la soirée d'inauguration du centre commercial, Absolem et celui-ci purent observer l'animal apparu. Elle avait sourit à l'évocation du défilé et lâché un petit rire en imaginant Mr. Hycks jouer les mannequins.
Après quelques minutes, elle avait invité Hunter à se déplacer. Elle remonta son col de manteau, enfouis ses mains dans ses poches et avança lentement vers le prochain enclos, celui du Boggart, marchant juste à coté du lycan. Lorsqu'il reprit son récit, elle ne pu s’empêcher de secouer légèrement la tête à l'annonce, très briève, des problèmes qui avaient gâché le moment.

"J'aimerai avoir un compte rendu de la soirée oui, si ça ne vous dérange pas. Il est toujours bon de savoir à qui nous avons à faire et ce que l'on risque... Elle avait un petit air triste en disant cela. Mais vous avez raison, parlons de choses plus distrayantes ! Nous aurons tout le temps de reparler de cette soirée au travail."

Alors qu'ils étaient à quelques mètres de leur destination, Absolem baissa les yeux sur ce qu'elle venait, pensa t-elle, de casser en marchant dessus. Elle fit une petite moue, puis ne sachant ce que c'était, regarda Hunter, haussa les épaules et fit quelques nouveaux pas en direction de l'enclos suivant.

Il avançait tout deux vers un autre enclos quand Absolem écrasa quelque chose par terre. Elle n'y fit pas plus attention que cela et Hunter, au début, n'en fit pas cas. Mais après quelques réflexions, il se retourna et alla jeter un coup d'oeil un plus précisément.

- On dirait une coquille d'oeuf. Enfin je crois. La couleur est un peu bizarre, mais la texture semble si rapprocher. Un animal du zoo aurait jeté cela ? Ou bien un soigneur l'aurait laissé tomber ? Enfin que peu importe, c'était une parenthèse, allons plutôt voir la suite du zoo.

Il revint vers Absolem et, après quelques pas, lu les pancartes du zoo et vit l'enclos des Boggarts.

- Pour les Boggarts, pas besoin de s'y attarder. J'ai eu l'occasion de les côtoyer de près et même d'en écrabouiller un. Si vous avez lu mon rapport sur cette fameuse soirée. Une inauguration de bar tout à fait banal quand il a eu l'intervention des petits gnomes verts. Ils s'étaient échappés de la ménagerie et avait un peu abusés de la bouteille. Mais allons plutôt voir les Wulver ! dit-il en indiquant les panneaux.

La nuit était tombée, les éclairages de la ménagerie était allumés. On ne voyait pas les étoiles à cause des nuages, mais la pluie ne tombait pas.

Alors qu’ils avançaient vers l’enclos des Wulver, les deux promeneurs entendirent une plainte déchirante.

Non loin de là, ils aperçurent une petite masse blanche-grisâtre à la fois duveteuse et gluante, lovée entre deux cailloux, au beau milieu de ce qui ressemblait à des débris d’œuf.

S’ils se rapprochaient, ils pourraient apercevoir que la créature ressemblait à un mélange entre une petite autruche et un petit cygne (d’environ 40 cm de hauteur en version dépliée, mais là roulé en boule), au bec toutefois curieusement acéré pour une chose à l’air aussi vulnérable.

Absolem se retourna lorsque Hunter revint sur ses pas, l'attendant en silence. Elle ne fit pas plus attention que cela à la coquille d’œuf supposée par Hunter.
Elle lui sourit lorsqu'il revint à ses côtés.

"Filons aux Wulver alors !" répondit elle lorsqu'il lui rappela sa rencontre avec les Boggarts.

Absolem rajusta son manteau et croisa les bras, essayant de se protéger un peu de l'air frais.
Une plainte déchirante, elle sursauta et regarda autour d'elle d'où cela pouvait provenir. C'est alors qu'elle remarqua la petite chose entre deux cailloux.

"Oh, regardez Hunter Dit-elle doucement, tout en pointant du doigt les débris d’œuf. On s'approche ?"

Joignant l'action à la parole, elle s'approcha très lentement, attrapant le lycan par le bras pour qu'il la suive. Elle pencha la tête, observant attentivement l'animal qui se tenait devant elle.

Absolem commençait à avoir froid. Hunter remarqua en effet que la disparition du soleil avait entraîné une petite chute de température que la brise hivernale ne faisait qu'aggraver. Il serra, lui aussi, un peu plus son manteau.

Pendant qu'ils se dirigèrent vers l'enclos des Wulver, un cri déchira la nuit. Un son que Hunter n'avait jamais entendu auparavant. Il sursauta légèrement et regarda à droite à gauche pour voir d'où pouver venir un tel son affreux. Effectivement, ils étaient dans un zoo particulier et Hunter sentait que la visite allait apporter son lot de surprise. Absolem fut la première à voir d'où provenait le cri. C'était une sorte de poussin ressemblant vaguement à un bébé autruche, qui se tenait pas loin de son oeuf cassé. Il venait juste de naitre apriori. La jeune humaine tira par le bras le lycan pour s'approcher de la frêle créature.

- Et bien nous avons la réponse. C'était bien une coquille d'oeuf. Ne vous l'avais-je pas dit Watson ! C'était élémentaire, dit-il d'un air amusé. Mais la question qui reste en suspens et comment cet oeuf est arrivé ici ? Tout un mystère n'est-ce pas ?

Hunter était d'humeur joviale. Il fallait bien se détendre après tout le travail qu'il accomplissait depuis les évènements du centre commercial. De plus, il était en compagnie d'un être supérieur, cela il le savait puisque Mr. Hycks l'avait lui-même engagé. La seule chose que le chasseur ne savait pas, c'était le don que pouvait avoir Absolem. Un don dont le patron ne l'avait pas tenu informé. Hunter savait que si le directeur ne dévoilait pas ce secret, c'était pour une bonne raison et il ne serait jamais venu à l'idée au lycan de le demander pour assouvir sa curiosité.

La petite créature était blottie dans les cailloux et tremblait comme tout nouveau né qui se respecte. Une chose vient tout à coup à l'esprit de Hunter.

- Nous avons un bébé je-ne-sais-quoi qui traîne dans les allées de la ménagerie. Cette créature vient donc de naitre et doit appeler sa mère. Sachant que cet oeuf n'est pas dans un enclos. Est-il possible que sa mère soit aussi sortie de sa cage ? D'ailleurs, Absolem, vous qui venez souvent ici, savez-vous de quel animal il s'agit ?

Ils étaient maintenant près du bébé on-ne-sait-quoi, bien qu'à distance, au cas où celui-ci, dans un instinct quelconque, aurait décidé de jouer des griffes.
Absolem regarda tout autour d'elle lorsqu'ils se demandèrent comment cet œuf était arrivé là. D'un coup elle prit conscience qu'elle tenait toujours le bras de son compagnon de visite, elle le lâcha précipitamment.
"C'est bien la première fois que je tombe sur un oeuf !" répondit-elle, amusée. "Il est... mignon..."


La logique d'Hunter était tout à fait exact, ce bébé devait appeler sa mère, et Absolem n'était pas sûre d'avoir très envie de tomber dessus à son tour. Elle regarda de nouveau tout autour d'eux mais avec une certaine appréhension cette fois.

"Ça pourrait être un bébé Boobrie, c'est la seule chose qui me vient à l'esprit là tout de suite."

Puis finalement, elle fixa son regard sur Hunter. "Mhm... que faisons nous ? Nous partons en courant vers une autre partie de la ménagerie ou nous restons là en quête de réponses à nos questions ?" Elle lui sourit timidement.

Absolem tenait Hunter par le bras est se rendant compte de son geste lui lâcha précipitamment. Hunter était amusé et eu un petit sourire en coin. Elle donna le nom de l'animal qui était devant eux.

- Un Boobrie ? Un nom vraiment étrange. C'est un parc tout à fait singulier.

Absolem regarda alors le Lycan et demanda ce qu'il convenait de faire maintenant.

- Pour en revenir à notre petit bébé heuu.. Boobrie, je pense que nous devrions en faire part à une personne compétente du zoo. Je pense que nous devrions chercher quelqu'un... il réfléchit un instant avant de reprendre, le meilleur choix est de revenir à l'entrée du parc. Nous trouverons une personne qui pourra gérer cette affaire. Allons-y ! dit-il.

Hunter repartit alors dans le sens d'où ils étaient venus, il s'arrêta un instant pour réfléchir à voix haute.

- Si nous admettons que ce bébé ressemble à un bébé autruche. Nous pouvons imaginer que ses parents sont grands. Ils doivent faire dans les 2 mètres environ. De sacrés bestiaux avec un bec dangereux. S'ils sont en liberté et s'ils croisent un humain, il risque d'y avoir du vilain, dit-il avec un certain plaisir.

Hunter ne prenait pas ce danger pour lui, ni se s'inquiétait pour ces pauvres humains. Il était même plutôt ravi de sa réflexion et serait aux premières loges pour voir un Boobrie dépecer ces êtres inférieures. Pour le moment, il ne pensait pas que ce danger pouvait toucher Absolem et surtout pas lui-même.

Hunter suggéra de revenir à l'entrée du parc afin de rendre compte de leur trouvaille à une personne qualifiée. Absolem acquiesça de la tête et suivit le lycan de près, toujours sur ses gardes au cas où un des parents ferait son apparition. Ils laissèrent le bébé "gargouiller" derrière eux.

La nuit rendait l'ambiance encore plus dangereux, il ne manquait plus que la pluie et l'on aurait pu se croire dans une scène de film, les héros pourchassés par de grosses bêtes en colère ! Elle secoua la tête pour chasser cette idée de son esprit, souriant devant ce petit coup de frousse qu'elle avait.

Elle regarda Hunter de bas en haut, essayant d'analyser s'il ferait le poids contre un de ces fameuses grosses bêtes. C'est à ce moment que celui-ci s'arrêta, elle fit de même, le regardant toujours.

Elle fronça les sourcils. Il semblait réjouit à l'idée que des humains puissent être blessés, voire pire. Ce n'est pas qu'elle venait de se rendre compte qu'il n'aimait pas cette race, sa race, ça elle le savait depuis un moment maintenant, mais le voir là, en parler, voir sa mine réjouit... Elle détourna son regard de lui et, en silence, reprit sa marche en direction de l'entrée de la ménagerie, pensive.

Le duo dut rapidement se rendre à l’évidence : malgré le fait qu’ils soient revenus sur leurs pas, ils ne se sentaient toujours pas seuls. Pourtant, le petit oiseau était désormais plusieurs mètres à l’arrière…

Soudain, d’intenses bruissements dans les fourrés bordant les chemins se firent entendre et avant qu’ils aient le temps de faire quoi que ce soit, les deux promeneurs furent encerclés par deux sortes d’autruches à l’air patibulaire : des boobries, l’un devant eux, l’autre derrière, qui les empêchait à la fois d’avancer et de rebrousser chemin.

Vu leur tête naturellement peu engageante il était difficile de savoir s’ils étaient bien disposés ou non à leur égard, la seule certitude était que l’un d’entre eux (celui situé vers l’arrière) émettait un son peu commun pour un oiseau : une sorte de mugissement bovin. Un cri de vache, quoi, tandis que l'autre demeurait totalement silencieux et avançait à petit pas vers le duo, tandis que son comparse demeurait lui immobile.

Hunter remarqua le changement d'attitude d'Absolem après qu'il est parlé de la possible rencontre entre un humain et un Boobrie. Il se sentait seul tout à coup. Il pensait pouvoir parler simplement sans cacher ce qu'il était vraiment avec une collègue de boulot. C'est vrai qu'il détestait les humains, mais il n'était pas comme certain à vouloir absolument tous les tuer. Il y avait parfois certains capables de se montrer intéressant voir même géniaux, mais ils n'étaient pas légions. Hunter continua d'avancer et le charme de la soirée venait de disparaitre. Il n'eut pas le temps de penser plus en détails à ce qui venait de se passer ni à en parler avec sa collègue qu'il sentit qu'ils n'étaient pas seul. L'apparition de deux Boobries adultes confirma son impression.

- Restez à côté de moi, Absolem ! Ce sont bien des adultes Boobries que nous avons là ? demanda-t-il. Avec un peu de malchance ce sont les parents. Soit ils veulent défendre leur petit, soit ils veulent nous donner à manger à leur petit. Concentrez-vous Absolem, sont-ils carnivores ? D'après leurs becs, je pense que oui.

Hunter réfléchit à toute vitesse. Il ne craignait pas pour sa vie, mais pour celle de sa collègue. A moins que son talent particulier ne puisse les aider en ce moment, il ne voyait pas comment elle allait pouvoir se défendre. Il fallait qu'il la protège. Mr Hycks serait furieux s'il apprenait que son chasseur de tête n'avait pas réussi à protéger une de ses employés face à deux autruches. Bon, deux autruches carnivores certes, mais des autruches quand même. Il vit un panneau d'indication en bois. Il décida de le prendre comme arme. Hunter agrippa le tronc du panneau et tira de toutes ses forces pour le casser en le pliant. Il dut s'y prendre à deux fois pour entendre le craquement du pied du poteau dont la base était prise dans du béton. Il se trouvait maintenant avec un gourdin improvisé en bois avec des flèches opposées qui indiquaient l'entrée du parc et la direction de l'enclos des Boggarts.

Le Boobrie derrière eux émis un mugissement ou plutôt un beuglement de vache. L'autre oiseau, lui, avançait vers les deux promeneurs.

- A coup sûr, celui qui avance vers nous est le mâle et l'autre qui beugle est la femelle. restez bien derrière moi et prévenez-moi si la femelle bouge. Je vais essayer d'intimider le mâle.

Hunter s'avança vers le Boobrie qui marchait vers eux. Il allait voir si sa méthode d'intimidation allait marcher. Hunter bomba le torse et fit quelques moulinets avec son gourdin improvisé et lâcha quelques "yah, yah" assez fort pour faire fuir son opposant.

Absolem était pensive, elle avait presque oublié le bébé boobrie, elle se demandait ce que son collègue pouvait réellement penser d'elle, étant humaine... Mais elle fut rapidement sortie de ses pensées lorsque les deux affreuses autruches firent leur apparition !
Elle regarda derrière elle, devant elle, Hunter, puis secoua la tête, ils étaient en mauvaise posture...

"Ce sont bien des boobries oui ! Et pour avoir assistée à plusieurs de leurs repas, je confirme, ils sont carnivores ! Vous vous demandiez ce qu'il se passerait s'ils rencontraient un humain, et bien, nous y voilà..."

Son regard passait d'une bête à l'autre, attentive au moindre mouvement tout en restant tout près du lycan. Lorsque l'un d'eux commença à s'approcher, elle se sentit soudainement très faible et impuissante. Hunter s'avança vers l'autruche en mouvement donc elle garda un œil sur celui qui hurlait... Elle essaya de capter son regard pour y lire ses intentions.

"Faites attention à vous Hunter..."

Elle tenta de son coté une approche très lente vers son autruche.

Le Boobrie jusqu’alors silencieux, appelons-le Mufasa, décida de sortir de sa réserve, visiblement réceptif à la manœuvre d’Hunter, et poussa un rugissement digne d’un lion.
La créature se mit alors à battre des ailes, mais loin de s’envoler majestueusement vers les cieux, il se souleva à peine sa hauteur, environ 2 mètres, tel un gros poulet.

Une manœuvre peu gracieuse qui dans d’autres circonstances aurait pu être comique, mais qui là se révélait plutôt effrayante à cause des serres acérées du volatile dirigées en plein vers le visage du lycan.

L’autre Boobrie, appelons-le Milka, ne semblait pas être au clair avec lui-même et se déplaçait de façon désordonnée tout en continuant de meugler de façon erratique : vers l’avant, vers l’arrière, à droite, à gauche, il ne semblait pas savoir où vouloir aller ni quoi faire des deux visiteurs, un peu comme s’il était en proie à une sévère gueule de bois version volaille.

Hunter moulinait dans le vide et essayait de faire fuir le bestiaux. Mais au lieu d'avoir une réaction de méfiance voir de fuite face à un adversaire avec un bout de bois mesurant quasiment la même taille que lui. Le volatile s'engayardit et tenta une manoeuvre peu orthodoxe, mais terriblement efficace, une attaque aérienne qui, soit dit en passant, était complètement ridicule. Hunter fut d'ailleurs admiratif du cri poussé par l'animal. C'était tout de même déroutant d'avoir un cri d'un carnassier dans un volatile pondant des oeufs gros comme des ballons de handball.

Le lycan ne réfléchit pas longtemps pour passer à l'action. Il prit des deux mains le panneau de signalisation et fit un mouvement horizontale pour balayer les jambes du volatil qui s'approchaient dangereusement de son visage. Il espéra qu'avec cette manoeuvre la simili-autruche serait déséquilibré et ne volant pas bien du tout, s'écraserait au sol. Il ne restera plus qu'au chasseur à lui smacher la tête avec son bâton improvisé tel un baseballer ou encore à lui éclater la tête au sol comme un canadien au fond de sa cabane qui coupe du bois. Un peu d'exercice ne peut pas faire de mal... enfin cela dépend de quel côté du bâton l'on se trouve.
Pour le moment, Hunter était bien occupé avec Mufasa et ne se préoccupat pas du tout de Mika et d'Absolem.

Absolem commença à regretter son approche. Elle s’arrêta un instant, fixant les mouvements désordonnés de son boobrie. Que cherchait il à faire ? Il semblait aussi perdu qu'elle. S'il venait à l'attaquer, elle ne voyait vraiment pas comment elle pourrait se défendre.

Très lentement, elle fit quelques pas en arrière, sans jamais lui tourner le dos, en direction de la lutte que menait Hunter avec sa bête. Comment s'en sortait son collègue de son coté ? Elle n'en avait pas la moindre idée et cette histoire commençait sérieusement à l'inquiéter. Elle aurait mieux fait de rester couchée, à couver sa crève !

Elle regarda à droite, à gauche... personne. Pas un chat pour les aider ou pour appeler des renforts. Ils étaient seuls, en tête à tête avec deux boobries visiblement en colère. Comment étaient ils arrivés là d'ailleurs ? Si tous les animaux du parc se baladent tranquillement dans les allées, ils n'étaient pas au bout de leur surprise !

Apres quelques secondes d'hésitation, elle lâcha un :
"Hunter, tout va bien pour vous ?"

Mufasa fut gêné par la manœuvre de Hunter : gêné dans son attaque, il ne réussit pas à lacérer le visage du lycan et dut opérer une manœuvre d’atterrissage d’urgence fort peu gracieuse quelques mètres plus loin. Toutefois, cet échec ne sembla pas avoir entamé sa bonne volonté puisqu’il se mit carrément à charger son assaillant en courant directement vers lui, son bec bien aiguisé vers l’avant, tout en lançant des « QUWAK » stridents extrêmement désagréables pour les tympans.

Son intention était claire : pour changer du rôti de veau, il se ferait bien un petit Mac Humanoïde.

Milka quant à lui ne fut pas insensible à l’appel de son compatriote : le cri lancé par ce dernier sembla lui faire l’effet d’un électrochoc et le sortit de sa torpeur. Tournant d’un coup sec la tête vers le lycan, il gonfla ses ailes, lançant un beuglement bovin fort peu engageant, et commença à avancer vers lui à pas lents, martelant le sol de ses grosses pattes…

… Puis, sans crier gare, le bestiau changea au dernier moment de cible et entreprit de se diriger vers Absolem. Peut-être n’était-il pas d’humeur partageuse et qu’il avait envie d’avoir son propre en-cas ?

La manoeuvre ne porta pas les fruits espérés. Le Boobrie (Mufasa) alla s'écrasait un peu plus loin et se releva aussi sec pour affronter le lycan. Il chargea tête en avant. Finalement, Hunter allait pouvoir tester sa batte improvisée sur la tête de cet animal. Il se mit en position, comme un batteur attendant le lancé. Le chasseur avait le sourire aux lèvres. Il aimait ce genre de situation où il fallait jouer des muscles. Il fit tout de même attention à ce qui se passait derrière lui, et il comprit bien vite que la situation ne s'arrangerait pas puisque le deuxième Boobrie (Milka) chargeait, plus lentement, vers lui. Il fallait agir plus rapidement.

- Absolem mettez-vous sur le côté, je vais les arrêter ! ordonna-t-il

Il n'avait pas vu que Milka changeait de cible. Il se précipita alors à l'encontre de Mufasa pour faire un home run avec sa tête, puis il avait en tête de faire le même geste avec son ami Milka, même s'il savait que le celui-ci risquait de se méfier un peu plus.

Alors qu'Absolem s'approchait d'Hunter comme il lui avait ordonné, elle remarqua que Mika changea d'avis et se dirigea vers elle. Elle s'arrêta net.

"Oh merde ! Il vient vers moi cette fois !" hurla t-elle à Hunter.

Deux choix s'offraient à elle, soit elle continuait sa route vers le lycan, très rapidement et advienne que pourra à deux contre un et demi, soit elle partait en courant, loin, très loin...

Voyant que son collègue avait déjà à gérer un boobrie avec pour seule arme, un panneau en bois...elle prit la décision de tenter sa chance à la course. Elle n'avait aucune idée de quelle vitesse pouvait atteindre ses bestioles une fois lancées, que ce soit au sol ou en vol, mais de toute manière, les choses étaient mal engagées. Il fallait essayer quelque chose !

Elle partit, courant le plus vite qu'elle le pouvait, d'où ils venaient. L'idée était de retourner vers le bébé et d'essayer de monnayer un bébé contre deux vies !
Elle ne se retourna pas.

Milka sembla pris au dépourvu par le changement d’attitude de l’humaine, qui se mit à courir à toutes jambes. Interloqué l’espace d’une demi-seconde, il retrouva rapidement ses esprits et se mit à courser de plus belle la jolie demoiselle, déployant toute la longueur de ses pattes pour allonger sa foulée au maximum. Allait-il l’arrêter ?

La suite au lancé de dé:

Les cris stridents de Mufasa, quant à eux, agirent sur l’oreille interne du lycan, lui provoquant une légère mais néanmoins palpable désorientation, ce qui lui fit manquer sa cible de peu. Au lieu de toucher la tête du volatile, le panneau en bois alla frapper la créature au niveau du poitrail, ce qui la fit reculer. Furieuse, la bestiole saisit l’arme de son bec puissant afin de la tirer vers l’arrière tout en prenant de la hauteur à l’aide de ses ailes, dans le but de désarmer son agresseur.

Le Boobrie allait-il réussir sa manœuvre ?

La suite au lancé de dé:

Le Boobrie n'allait pas se laisser faire aussi facilement. Il attrapa le panneau de Hunter et lui disputa. Il aurait pu rester longtemps comme ça, se tirant l'un l'autre le morceau de bois. Mais le lycan regarda tout de même en arrière et il vit qu'Absolem avait décidait de faire une autre manœuvre plutôt que de rester près de son collègue. Et malheureusement, la deuxième Boobrie la prit en chasse... et la rattrapa. Hunter n'eut pas le temps de voir ce qui se passait et la situation n'allait de toute manière pas aller dans le bon sens.
Hunter se maudit de ne pas être plus efficace. Ces maudits oiseaux étaient rapides et forts. Seul, il aurait peut-être réussi à les contenir avec un peu de chance. Dans la situation actuelle, il devait protéger une employée de la steel que son patron lui-même avait choisie.

Le chasseur allait passer la vitesse supérieur.

Il poussa de toute ses forces sur le bâton pour déstabiliser le Boobrie et le désorienter. En même temps, sa colère monta. Un grondement sourd sortit de sa bouche. Les ongles commençaient à pousser ainsi que ses poils.

Il allait y avoir de l'autruche à diner pour ce soir...

Absolem savait qu'elle n'avait qu'une très courte avance sur le boobrie, grâce à l'effet de surprise de sa course, mais surprise, elle, ne le fut pas, lorsqu'elle sentit le bec ou les griffes lui entailler le dos sans ménagement.
Elle poussa un hurlement de douleur. La situation ne pouvait être plus claire à présent : soit elle se laissait tomber à terre et une grosse autruche se ferait une joie de la manger au dîner, soit elle serrait les dents, fermait les yeux, et continuait vers son but comme elle le pouvait.

C'est alors qu'elle entendit le grondement sourd de son collègue, la bête en lui se réveillait. Cela, coupler à l'instinct de survie humain, permit à Absolem de garder une once d'espoir et d'avoir le courage de continuer d'avancer. S'il fallait mourir, elle aurait au moins tenté quelque chose, certes désespérée mais quelque chose quand même.

Elle se débarrassa de son manteau lacéré, espérant secrètement qu'il gênerait la bestiole quelques secondes, ferma les yeux et continua sa route en attendant d'être croquée.

Mufasa ne s’attendait visiblement pas à ce que Hunter le pousse dans cette direction. Déstabilisé, le volatile tenta vainement de battre des ailes pour garder l’équilibre mais finit par retomber en faisant un roulé-boulé version galipette arrière dans la poussière. C’est que l’option marche arrière n’était pas fournie en série avec ce genre de bestiau…
Il fallut quelques secondes au Boobrie pour reprendre ses esprits, se remettre sur ses deux pattes et se dandiner pour s’épousseter. Quelques secondes de trop ?

Milka de son côté ne chômait pas non plus. Tout content d’avoir réussi à embrocher la vilaine voleuse de poussin – croyait-il – le Boobrie fut fort déçu de la voir muer et continuer sa course. Fichus serpents, c’était toujours pareil avec eux ! Mais il n’avait cependant pas dit son dernier mot.
Prenant son envol, il espérait que par la voie des airs il serait plus rapide que son ennemi terrestre et arriverait en premier vers son petit.

Résultat au lancé de dé: