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 L'entrée de la clinique

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Stasi
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Stasi

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MessageSujet: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeVen 3 Fév 2012 - 22:29

Il y a deux entrées pour la clinique privée de Galway, l'une réservée pour les visites normales et une pour les urgences. Elle sont adjacentes à un petit parc, et un ensemble de ruelles.

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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeVen 3 Fév 2012 - 23:35

Gaelle Vedrai
Enfin une bouffée d'air. Gaelle, emmitouflée dans son manteau étroit et les jambes nues, goutait avec un plaisir contrasté la sensation de liberté et de froid que le vent hivernal soufflait sur son esprit en fouettant son corps encore meurtri. Ses grandes chaussures paraissaient hors sujet, en dessous de ses jambes blafardes sur lesquelles flottaient les pans de la chemise d'hôpital s'échappant du manteau. Une cigarette éteinte dans la main, elle observait la rue au devant de la clinique sans la voir.

Elle s'était sentie étouffer au milieu de sa chambre. Les infirmières étaient prévenantes, les médecins consciencieux, la chambre propre et fonctionnelle ; l'ensemble lui semblait la serrer à la gorge, l'écraser sous sa blancheur lisse, parfaite et convenue. Elle devait s'en échapper, au moins quelques secondes, avant d'envoyer un plateau dans la face d'une femme de service ou de planter une infirmière avec l'une de ses jolies petites aiguilles. Elle avait cherché un prétexte, ruminant une raison quelconque de partir au plus vite, mais il lui fallait passer des radios, il lui fallait attendre que ses plaies soient convenablement traitées au risque d'avoir des cicatrices - ce qui lui était plus intolérable encore que cette prison de sourires figés - et ces gens semblaient vouloir également en avoir le cœur net au propos d'une éventuelle "infection". Ils prenaient sa température avec un souci soigneux et une régularité assommante. A croire qu'ils craignaient qu'elle ait attrapé une peste mortelle en se faisant griffer par...

Elle chassa l'image d'un soupir, roulant la cigarette inutile entre ses doigts. Son souffle, petite brume glacée, la divertit un instant et elle en suivit les volutes jusqu'à ce qu'elles se dissipent dans l'air ambiant. Derrière elle, deux infirmiers discutaient, fumant leurs clopes en grelotant. Leurs voix formait un murmure distant, brassant les sons étouffés de la ville. Elle avait, finalement, servi un mensonge aussi banal que pratique, pour voler quelques minutes de paix à sa condamnation aux soins : elle avait prétendu qu'elle devait absolument fumer, qu'elle était en manque et que c'était pour ça qu'elle était un peu de mauvaise humeur. Un sourire contrit et quelques réprimandes de rigueur ensuite, elle avait eu son droit de sortie. Sa clé des champs toujours à rouler contre son index sous les pressions de son pouce, elle ferma un instant les yeux, frissonnant de froid.

Elle se calmait, petit à petit. Le sentiment intolérable d'être à nouveau contrainte à un rôle lisse et atone dont elle ne voulait pas et qu'elle n'avait pas choisi se diluait dans chacun de ses souffles. Elle laissait voguer son regard d'une silhouette à une autre, les passants étaient rares. Elle avança un peu plus, vers le contrebas de la rue, sans y poser le pied pour autant. Laisser entendre qu'elle allait s'échapper était prendre le risque qu'un des deux infirmiers vienne la morigéner avec cette prévenance poisseuse dont l'idée suffisait à la hérisser. Elle se contraint à expirer avec soin, observant la brindille vaine en ses doigts comme une gamine qui l'aurait volée pour jouer à la grande et qui ne saurait qu'en faire, maintenant qu'elle est prise. Quelqu'un approchait, perdue dans ses songes doux-amers, elle ne releva pas encore le nez.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeSam 4 Fév 2012 - 1:21

Juan El Hidalgo CarlosLes Irlandais et leur foutu sens moral!

Juan Carlos ruminait. Il s'était rendu à l’hôpital public de Galway sur la recommandation d'un de ses contacts. Il avait épuisé sa réserve personnelle de sang et il n'avait aucune envie que la soif lui fasse faire une connerie sans nom. Et encore moins de le rendre sans force et faible comme une grand mère. Il avait cherché en vain l'aide soignant qui devait le fournir et Juan avait alors tenté de soudoyer quelques personnes. Il s'était vu refuser purement et simplement l'entrée de l’hôpital. Tant pis... Si le service public de la santé du pays des rouquins était d'une immaculée et respectable vertu, sûr que le privé se ferait une joie de satisfaire ses besoins. Les anglo-saxons avaient bien inventé le capitalisme après tout... Et Juan ne s'estimait guère plus qu'un consommateur avec un besoin particulier.

Il ne tuait personne que diable!

Foutus irlandais!

Juan Carlos fumait cigarette sur cigarette chemin faisant. Non seulement ça le calmait un peu mais en plus cela l'aidait à se concentrer sur autre chose que le froid ambiant que l'entourait. Idiots d'Irlandais! Qui pouvait choisir de vivre dans un pays où il faisait aussi froid l'hiver? Madre mia! L'autre problème qui se présentait à lui c'était l’absence total de plan visant à lui fournir ce dont il avait besoin... Juan ne doutait pas de son charisme et encore moins de l'épaisseur de son portefeuille. Mais par expérience il savait que ça ne suffisait pas...

Il arriva dans une rue et se demanda s'il était encore loin. Peut être même qu'on s'était trompé en lui indiquant son chemin. Foutu pays! Et bien évidemment pas le moindre panneau! Il sortit une nouvelle JPS de son paquet et entreprit de l'allumer tout en remontant la rue. Il avait aperçu une femme non loin : peut être pourrait-elle lui indiquer son chemin.

Il vint directement sur elle et remarqua qu'elle fumait. Ou plutôt qu'elle essayait de fumer sans feu. Cocasse. Il finit d'allumer la sienne propre et tendit son briquet argenté vers la jeune femme qui ne portait pas grand chose par un froid si intense. Quel contraste avec lui même emmitouflé dans un manteau!


Tenez je vous prie...

Vous savez par hasard où se trouve la clinique privée de Galway?
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeSam 4 Fév 2012 - 5:38

Gaelle Vedrai
Elle sursauta presque quand un homme lui adressa la parole, lui jetant un regard vif de biche aux abois, étincelle de colère peureuse rapidement évaporée, alors qu'elle posait les yeux sur ce briquet tendu sans malveillance apparente. Il portait un âge respectable, mûr ; il portait des origines ensoleillée dans les traits et dans le timbre, enfin, il avait assez d'allure pour ne pas être le premier voleur de sac venu. Elle prit une inspiration ample, pour répondre par un réflexe poli appris auprès des clients.
    C'est bien aimable, mais je ne fume pas.

Avant de s’apercevoir de sa propre bêtise, alors qu'elle reposait les yeux sur sa main et la brindille blanche qu'elle y torturait depuis une ou deux minutes. Elle rougit un peu, quand bien même la chose était difficile à voir, tant elle était pâle et le sang peinait à monter à ses joues et, alors qu'elle cherchait une réplique pleine d'esprit pour gommer son imbécillité, il lui lança une idiotie à la hauteur de la sienne, ce qui l'adoucit bien un peu. Elle leva le menton pour en pointer le bâtiment en arrière, par dessus son épaule.
    C'est juste là, Monsieur. Telle que vous me voyez, je suis sortie prendre un peu l'air, ça explique la... Tenue.

Elle leva légèrement la jambe, pour montrer un des pans de la charmante chemise blanche à motifs bleus délavés. L'agacement envers elle la rendait presque bavarde, alors qu'elle couvait l'espoir futile de noyer son malaise et sa maladresse. Qu'avait-elle à faire du jugement d'un inconnu ? Cet homme était simplement le premier à lui offrir le miroir adéquat pour un autre rôle que celui de la parfaite malade, aussi, inconsciemment, elle voulait résonner différemment en lui. Esquissant un sourire faussement contrit, elle souffla.
    Il me fallait un prétexte pour prendre un peu l'air. Vous la voulez ? En échange, ne me dénoncez pas à l'infirmière en chef, murmura-t-elle du ton de la bonne élève, avant d'ajouter dans un soupir complice et presque joueur, exagérant de ce qu'il fallait. Qui sait ce qu'elle me ferait subir.

Elle leva la cigarette entre l'index et le majeur, présentant le filtre, sans trop décoller son bras de son flanc. Elle laissa échapper un petit frisson, changea de pied d'appui. Il ne manquait plus que la pluie et ça serait le moment parfait pour se mettre à agonir d'injure la moindre chose qui l'entourait. Pour l'instant, elle gardait son expression pâle et avenante intacte.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeSam 4 Fév 2012 - 11:38

Juan El Hidalgo CarlosJuan Carlos ne put empêcher de lever un sourcil dubitatif en entendant la réponse de la jeune femme. Les explications qu'elle s'empressa de fournir le firent sourire. Manque de chance il avait déjà allumer sa propre cigarette. Il profita des volutes de fumées pour la regarder plus attentivement. D'aspect fragile, elle avait quelque chose de dur dans le regard qui contrastait assez fortement avec la première impression qu'on pouvait se faire d'elle. Les chaussures aussi. Un peu trop hautes pour une patiente "normale". Femme de la nuit. Juan décida de ne pas se perdre en conjectures et de rester naturel. Il prit la cigarette qu'elle lui tendait.

Ma foi... Je la fumerai en pensant à vous senora... Tous les prétextes sont bons pour trouver un peu de liberté!

Il tira une nouvelle bouffée. Juan prit un air bonhomme de vieux pépé méditerranéen et dit d'un air jovial :

Élégante chemise cela va sans dire! En parfaite adéquation avec vos chaussures.

Volontairement il changea d'expression et prit un air concerné :

Si ce n'est pas indiscret, pourriez vous me dire pourquoi vous êtes patiente ici? Rien de grave j'espère...

Se faisant il lui avait très subrepticement touché l'épaule dans un geste universel de caresse réconfortante. Etablir un contact physique aidait souvent à briser les barrières sociales et cela le vieil homme ne le savait que trop bien. Juan ne faisait pas ça par pure bonté de cœur évidemment. La fille étant patiente ici peut être cela lui permettrait-il d'entrer plus facilement et d'obtenir ce qu'il désirait. Elle allait l'aider mais pour cela il lui fallait s'attirer ses bonnes grâces. Malgré ce besoin bassement matériel, il n'était pas totalement hypocrite et voulait vraiment s'enquérir de l'état de la jeune femme. Toujours son côté altruiste. Pour un vampire c'était presque un comble.

Mais j'oublie toutes manières... Juan Carlos Montigo, retraité excentrique.

Et vous êtes...
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeDim 5 Fév 2012 - 4:35

Gaelle Vedrai
Le petit tube blanc changea de main, alors qu'il lui glissait une remarque qui ne pouvait que faire écho en elle. Le moindre prétexte pour de la liberté. Elle accentua son sourire, restant dans un cadre poli et lisse, même si, en ses tréfonds, la phrase tournait dans son esprit et percutait son âme, cherchant à s'y faire un nid. Elle trouvait la formule belle, élégante, forte de sa simplicité. Le lendemain, elle la trouvera sans doute niaise, mais pour l'heure elle la chérissait. Gaelle le laissa à ses bons mots au propos de sa tenue, ne prenant pas garde plus qu'il ne le fallait aux banalités communes à toutes rencontres, avec courbettes et petits jeux destinés à montrer à quel point on est plein d'intérêt, alors qu'on répète les mêmes phrases vides que le tout venant. Elle maintenait sa mimique agréable et effacée, pour renvoyer l'image fausse d'une interlocutrice attentive.

Il lui frôla l'épaule et elle pencha légèrement la tête, l'attention de nouveau rivée sur l'homme mûr face à elle. Le geste était tout aussi entendu que sa précédente diatribe, mais il était, d'ordinaire, réservé aux proches ou aux enfants, du moins à des personnes envers qui on pouvait se permettre une affection qu'elle jugeait volontiers condescendante. L'avait-elle donc touché si vite avec ses moues de fillette malade, ou attendait-il quelque chose d'elle ? Peut-être, se dit-elle, cet homme était-il simplement seul, ou venait-il de perdre quelqu'un et cherchait à gommer sa culpabilité en choyant le premier chat des rues venu se frotter à ses jambes. En dehors du travail, elle n'appréciait pas vraiment les contacts et encore moins la chaleur humaine, toutefois, tant qu'il se tenait devant elle, elle avait un prétexte pour sentir le vent brasser ses cheveux et ses pensées avec eux. Tous les prétextes étaient bons pour trouver un peu de liberté...

    Oh, hé bien... J'ai l'avant bras cassé.

Elle décroisa davantage le bras délesté de sa cigarette, pour relever la manche de son manteau cintré, dévoilant l'atèle de plastique bleu qui serrait son poignet jusqu'au coude. Le plastique bleu, entouré de mousse, était réellement laid aux yeux de Gaelle et elle rabattit sa manche avec un peu plus d'allant que nécessaire, donnant un effet d'impatience et lui tirant une brève grimace de douleur.
    Rien de trop grave, non, c'est juste... Qu'il faudra que j'attende un peu avant de grimper aux arbres.

Autant jouer sur la corde infantile, puisqu'il y semblait sensible. Elle espérait dévier sa curiosité, évitant que le sujet devienne trop précis et qu'elle doive rompre la conversation par un « Ça ne vous regarde pas ». Lequel serait toutefois mieux qu'un « J'ai joué à saute-mouton avec un loup bipède ». Il se présenta, ce qui la distrayait de ses pensées à la dérive, trop proches des crocs et des grondements et elle cilla, maquillant ses lèvres d'un sourire un brin plus chaud.
    Vous pouvez m'appeler Sophia, enchantée, Monsieur Montigo. Vous êtes hispanique, n'est-ce pas ?

Gaelle Deborah Sophia Vedrai. L'avantage d'avoir eu une famille si cliché qu'elle ne serait pas crédible dans un sit-com était qu'on avait toujours de la ressource en prénom. C'était un pieu mensonge et, quand bien même elle n'aurait su dire vraiment ce qui l'avait poussée à arborer ce genre de masque inutile, elle y trouvait un certain contentement. Personne n'avait besoin de connaître son véritable nom, en dehors des obligations administratives benêtes ou de ses collègues. C'était joli, Sophia, « la sagesse » : tout ce qu'elle n'aurait jamais en un seul mot. Elle reprit, après s'être très légèrement mordillé la lèvre.
    Oh, j'espère que vous ne demandiez pas le chemin de la clinique pour une affaire... Pénible. Je m'en voudrais de vous retenir.

Insista-t-elle avec un regard qui signifiait très nettement qu'elle ne désirait qu'un peu de compagnie. Elle n'avait pas besoin de le forcer, seulement de le décorer de quelques étincelles d'une innocence qu'elle n'avait jamais vraiment eue, pour éblouir et voiler ce qu'il y avait d'un peu avide dans sa demande détournée. Un instant, elle se fit la remarque qu'il était peut-être dangereux, cet homme. Elle oublia la seconde d'après.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeDim 5 Fév 2012 - 16:47

Juan El Hidalgo CarlosJuan regarda attentivement l'avant bras de la femme. Bien que souriante et affable l'andalou détectait quelque chose de sous-jacent en elle. Sa bouche disait quelque chose mais ses yeux... Ses yeux... Juan Carlos ne put s'empêcher de penser à une chanson andalouse, los ojos muertos en un espejo, "les yeux morts dans un miroir". Il s'agissait d'une chanson lancinante sur une femme belle comme le jour mais qui avait la nuit dans ses yeux, des hommes qui se languissaient d'elle et qui mourraient d'amour. La chanson conclut sur une morale bien paradoxale : l'avidité et l'envie des hommes ne leur ont apporté que mort et désespoir, leurs pêchés se reflétant dans les yeux de la femme. Bref... Il regardait donc son avant bras et se surprit à espérer qu'elle n'en souffrait pas trop. Quand il était encore tout petit son fils c'était fait la même blessure. Il sourit en repensant à l'attelle toute simple qu'il lui avait faite. Et au sermon comme quoi les hommes devaient endurer leurs peines en silence...

Une bien vilaine blessure en effet... Je vous souhaite un prompt rétablissement, fit-il dans un souffle.

Il tilta lorsqu'elle lui apprit son prénom. Sophia... Le prénom de sa propre mère. Coïncidence qui le fit quelque peu sourire. Mais il s'abstint de faire des commentaires sur le sujet. Pas besoin de tomber dans le mélo. Certes il était affable et sociable mais elle restait une inconnue. Toute vulnérable et nimbée de mystères qu'elle était.

Oui. D'Andalousie pour être exact. Vous y êtes déjà allé?

Non non rien de pressé... Ne vous en formalisez pas.


Il tira plusieurs bouffées de sa cigarette et la regarda sans en avoir l'air. Ses soupçons quand à la profession de la jeune femme allaient bon train. Barman, serveuse, escort... Les femmes régnaient sur la nuit à leurs manières et Juan Carlos avait suffisamment d'expérience pour les connaître et les distinguer. Et ces femmes ne connaissaient que trop bien la valeur de l'argent...

Comment allait-il se débrouiller pour obtenir du sang? Madre mia... Que de soucis...


Justement... Cette affaire... Disons que c'est un peu compliqué... Il faudrait que je trouve un moyen de rentrer sans trop me faire remarquer...

Mais basta je ne vais pas vous embêter avec mes histoires!


L'appel du pied était plus qu'évident. Juan allait bien voir comment Sophia allait réagir.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeLun 6 Fév 2012 - 4:36

Gaelle Vedrai
Elle recroisa les bras sur ses flancs, dans l'espoir dérisoire d'offrir moins de prises au vent et de garder sa chaleur pour elle. Elle remua les jambes, l'une après l'autre, pour ébrouer un peu le sang et amoindrir la morsure du froid sur ses mollets. Peu probant. Il n'avait pas appuyé de question sur sa blessure et avait clos le sujet d'une autre phrase forgée il y a des siècles par les artisans d'un quotidien fade. Prompt rétablissement, qui disait encore « prompt », de nos jours, hormis les cartes postales prêtes à être remplies, qu'on trouvait à côté de n'importe lequel des fleuristes commodes poussant aux alentours des hôpitaux ? L'homme n'avait pas de fleurs, d'ailleurs, pas même de chocolats à priori ; il ne devait venir pour personne. En tous cas, pas pour quelqu'un envers qui il voulait adresser de bons sentiments.
    Je n'ai jamais voyagé, murmura-t-elle à sa question. Le climat doit vous changer.

Elle feint un petit rire silencieux pour appuyer sa réplique volontairement pauvre, car prudente, hochant la tête à sa réassurance. Elle n'avait nulle envie de le braquer à lui imposer des interrogations maladroites au propos de sa raison d'être à Galway – on n'allait jamais par hasard aux portes de l'Enfer, elle en savait quelque chose – et si elle avait coutume d’entraîner autrui à parler davantage de soi parce qu'elle parlait ainsi moins d'elle, les origines comme le sang n'étaient pas des sujets à aborder juste après les premiers saluts. Il avait tiqué à son presque-pas-si-faux prénom. Elle avait du marquer un point sans le savoir, lui rappelant probablement une femme aimée, elle chercha avec habileté à ne pas le montrer.

Quelques secondes de silence s'installèrent, qu'il passa à fumer en l'observant à la dérobée, tandis qu'elle faisait mine de ne pas s'en apercevoir, reportant le regard sur la clinique et les infirmiers qui écrasaient leurs mégots et rentraient, derrière. Son vis-à-vis s'ouvrit soudain au propos de la raison de sa venue, ceci d'une façon laissant clairement entendre qu'il y avait anguille sous roche. Elle le regarda directement, l'expression neutre car indécise l'espace d'un battement de cils, avant de sourire avec un soupir rieur, pour souligner la note d'humour – pas terriblement bonne, certes, mais présente – de sa réplique.

    Vous faites du trafic de pansements ?

Elle sautilla encore une fois d'une jambe sur l'autre, brassant des pensées sombres et rapides derrière son masque de naïveté sympathique. Il n'avait pas exactement la tête du premier junkie venu, un vieux morphinomane ? C'était douteux, il ne semblait ni boiter, ni peiner. Quelqu'un à aider à choisir entre la vie et la mort ? Ah, possible. Il y avait bien un chirurgien jouant à la balle avec les filles de joie ici, on pouvait peut-être trouver des témoins gênants accrochés à leurs seringues... Est-ce qu'il venait pour elle ? Non, c'était idiot, avec tout ce qu'elle avait mangé et eu ici, Tabaristan aurait voulu se débarrasser d'elle, il en aurait eu tout loisir.
    Non, non, vous ne m'embêtez pas. Mais... Est-ce que je peux vous demander pourquoi ? Ça ne regarde pas, mais ce n'est pas tout à fait courant et j'aime bien les choses compliquées...

Elle raffermit son sourire, sans laisser perdre de candeur à sa moue, ni aux étoiles dans son regard. Elle devait donner l'allure d'une femme s'ennuyant juste un peu et ne pensant pas à mal. Après tout, c'était l'avant bras qu'elle avait de cassé, pas les jambes : en cas de problème, elle pourrait toujours courir.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeLun 6 Fév 2012 - 22:38

Juan El Hidalgo CarlosJuan Carlos tira une dernière bouffée sur sa cigarette mourante et il en jeta le mégot au loin. Il faisait toujours aussi froid et une bourrasque le lui rappela. Sophia frissonnait et cela ne l'étonnait en rien, couverte comme elle l'était. Il regarda l'entrée. Plus personne. Il était seule avec une fille frigorifiée qui en avait assez d'être enfermée comme une soirée de laboratoire. Il ne pouvait que trop bien la comprendre : Juan avait une aversion profonde pour les hôpitaux. Des lieux froids, où la mort et la souffrance régnaient plus qu'autre chose. Bien sûr c'était une institution utile et nécessaire mais autant se faire que peut Juan avait toujours évité les hôpitaux.

Jamais voyagée vous dites? Vous devriez, il n'y a rien de plus exaltant et vivifiant que de se rendre où l'on veut.

Juan s'en voulut aussitôt d'avoir sorti une banalité aussi honteuse. Il oubliait bien souvent que peu de gens pouvaient se targuer de mener son train de vie. Juan Carlos essaya vite de rattraper sa phrase de mauvais goût par une autre plus amène. Juan le gentleman andalou reprit donc le dessus bien vite. Il raidit un peu plus sa posture et parla d'une voix plus protocolaire mais toujours avenante.

Vous semblez frigorifié... Permettez moi de vous raccompagner à l'intérieur. Je ne souhaiterais pas qu'en plus de votre avant bras vous preniez froid. J'en serai fortement mari...

Il lui offrit son bras et se dirigea vers l'entrée. Rapidement il évalua la situation qui s'offrait à lui. Il lui fallait trouver un responsable ou un membre du personnel à corrompre afin que celui-ci le fournisse en sang. Entrer dans la clinique avec la fille était un premier pas. Non négligeable. Accompagner une malade peut ouvrir bien des portes. Surtout dans une clinique. La remarque sur le trafic de pansements le fit encore sourire. Décidément cette jeune avait le don pour toucher juste. C'en était presque troublant. Quelque part Juan eût préféré qu'il s'agisse effectivement de pansements! C'eût été bien plus simple.

Non senora... Pas des pansements.

En fait...


Il prit une grande inspiration.

En fait je suis là pour trouver du sang.

Le mot était lâché. Au cours de ses voyages Juan Carlos avait observé qu'il y avait quelques mots communs à toutes les cultures qui faisaient réagir les gens. Le sang, ce fluide vital, était un paradigme commun à toutes les cultures. Mais ici à Galway... Le sang était une denrée tout autant qu'un fluide vital. Beaucoup de choses reposaient sur le sang. Vengeance, commerce, orgies, chasse...

La jeune Sophia : comment allait-elle réagir? Il venait juste de la rencontrer mais Juan n'avait pas envie qu'elle parte aussitôt. Peut être avait-il commis une erreur...
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeMar 7 Fév 2012 - 2:56

Gaelle Vedrai
Gaelle considéra un instant le bras offert comme une façon habile de lui forcer la main, les convenances la contraignant à ne pas rester seule dans la nuit glacée et à servir gentiment de passe-droit pour poser pied dans la clinique. Cette attitude pourtant bienveillante, couplée aux deux mots « Vous devriez », durcit très nettement son jugement encore labile à propos de l'homme. Pour qui se prenait-il, à se conduire en patriarche ou en conseiller, alors qu'il venait seulement de la croiser ? Elle décala un pied en arrière, pivotant pour le suivre des yeux, mais pas du geste, restant sur place et légèrement plus en retrait.

Il laissa tomber entre eux la véritable raison de sa venue et quelque chose de particulièrement hostile passa dans les yeux de la Fey alors que se superposait les images déniées de Llylewin, dévorant devant elle un client capricieux. Elle déglutit alors qu'elle revoyait cette femme se gaver de sang, qu'elle entendait à nouveau le léger bruit de succion frôler ses oreilles et tout son être refluer d'horreur devant l'acte en lui-même. Cet homme était-il, lui aussi, ce genre de monstre cannibale ? Est-ce qu'il y en avait plusieurs ? Ces rumeurs sur la ville, est-ce qu'elle aurait du y prendre garde davantage ? Elle frissonna à repenser à Stasi, au monstre qu'elle avait cru voir et, suivant une impulsion subite, saisit la main de l'homme plutôt que son bras, faisant du coup ce pas vers lui qu'elle lui avait refusé la seconde d'avant.

Sa peau était froide, froide comme ne pouvait pas l'être une main humaine encore pourvue de vie. Ce temps si froid ne pouvait guère le masquer, ni suffire à justifier l'absence de pulsation dans le poignet, de frémissement vital dans la chair. Elle la serra entre ses doigts avec la force de celle qui voudrait retenir une illusion rassurante, avant de la lâcher avec un sursaut tout juste contenu, serrant le poing sous ses lèvres. Elle n'avait pas le choix, il fallait bien finir par ouvrir les yeux et affronter au moins l'une des vérités que la vie s'efforçait de lui enfoncer dans le crâne à grands coups de burin. Elle pinça les lèvres, la lueur dans son regard devenant indéfinissable.

    Le mien ne doit pas être d'une grande qualité, avec ce qu'on m'a injecté. Monsieur Montigo.

Elle n'avait pas craché son nom, elle l'avait souligné, comme un faible bouclier signifiant qu'elle pouvait s'en souvenir, qu'ils n'étaient pas tout à fait isolés. Elle jeta un bref coup d’œil vers la clinique, cherchant vaguement à calculer le temps qu'il faudrait à une aide hypothétique pour venir si elle se mettait à hurler. Le cœur battant plus fort et les pupilles dilatées par la tension, elle prit le parti de sourire, très légèrement, reprenant d'un ton courtois mais toutefois forcé.
    Vous... Allez bien en faire ce que j'imagine ?

Elle voulait en avoir le cœur net, peut-être, ou simplement se rassurer, remettre en place les quelques bribes du mensonge rassurant qu'elle pouvait encore garder à propos de sa sécurité ou de la valeur de sa vie. Elle ne pouvait s'empêcher de fixer ses lèvres, à présent, en alternance avec ses manches, cherchant l'ombre d'un meurtre, la trace d'un crime, tout ce qui pourrait dénoncer la présence du monstre derrière le masque de peau humaine. Elle entrouvrit les lèvres de nouveau, mais ne parla pas davantage. Que pouvait-elle dire pour sa défense ? Qu'elle allait l'aider ? Qu'elle allait crier ? Qu'elle avait des alliés ? Tout lui paraissait inutile ou ridicule. Elle n'aurait pas été blessée, elle aurait ri d'une idée pareille : un Vampire, et pourquoi pas un loup-garou, tant qu'elle y était ? Curieusement, alors qu'elle crispait sa main pour mieux sentir la douleur piqueter son avant-bras, elle trouvait la situation moins absurde et bien moins drôle que ce qu'elle aurait imaginé.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeMar 7 Fév 2012 - 19:10

Juan El Hidalgo CarlosEffectivement la simple évocation du sang avait eu son petit effet. Sans bouger, Juan Carlos la regarda s’approcher d’un pas et lui laissa lui prendre la main. La distance qui s’était creuser sous l’effet de sa phrase un peu idiote parut fondre quelque peu. Le temps sembla s’écouler très lentement jusqu’à ce que Sophia lui relâche la main et mit son poing sous ses lèvres. Une attitude autoprotectrice, l’attitude un peu passive de quelqu’un qui attend le prochain mouvement de la partie adverse. Anxiété, un peu de peur, de la fascination aussi : tout cela se mélangeait et suspendait le temps. Une attitude de proie. Juan regarda furtivement la main qu’elle avait serré. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu ce genre de contacts (les poignées de mains étaient bien trop brèves et protocolaires) et il eût un peu honte du bien être tout simple qu’il avait retrouvé dans la chaleur de la main de cette femme. Il referma son poing comme dans une tentative d’en retenir la sensation chaude qui semblait s’écouler comme du sable. Lentement il mit ses mains dans les poches de son manteau et regarda aux alentours. Il avait conscience que cela lui donnait un air de prédateur vérifiant l’absence de témoins mais il devait s’assurer que ses prochains mots ne seraient pas entendus. Il entreprit de choisir soigneusement ses mots, ceux-ci seraient déterminants pour la suite. Elle s’inquiétait pour sa propre sécurité, elle avait à la fois tort et raison. Tort parce qu’il n’était pas un prédateur. Raison parce qu’au fond de lui dormait un prédateur qu’il entendait bien contrôler. C’est cette dernière information qu’il fallait qu’elle comprenne.

Je ne suis pas du genre à…

Quel mot utiliser? Mordre? Tuer? Boire? Se repaître?

…prélever ce que je recherche directement à…

Gorge? Proie? Victime?

…sa source. Et si je suis ici c’est pour justement éviter ce genre de désagrément. Je ne le fais ni par plaisir ni par caprice mais par nécessité.

Juan Carlos avait prononcé ces dernières paroles avec force, rempli d’une conviction qu’il s’était forgé au fil des années. Combien cela faisait-il d’années qu’il n’avait pas parlé aussi sincèrement à une personne étrangère ? Le monde lui était totalement étranger en fait. Pour sa famille il était mort et c’était bien normal. Il n’aimait pas les sociétés de vampires qu’il considérait comme des parasites. Le reste du monde de la nuit… Disons qu’il le trouvait fascinant et dangereux à la fois, un peu comme un feu de joie. Inconsciemment il prit une cigarette de son paquet. Il la regarda avant de l’allumer : c’était celle que Sophia lui avait donné quelques minutes auparavant. Jolie pirouette du destin. Bien sûr ça n’était qu’une cigarette mais bon…

Et appelez moi Juan je vous prie…

Car c’est ainsi que j’aimerai que vous m’appeliez, aurait dût il dire. Une supplique, un souhait ou un désir : il avait bien du mal à savoir comment qualifier le ton de sa phrase précédente. Il la regarda. Elle avait peur et il la comprenait. Elle n’avait pas l’air d’être une habituée des créatures de la nuit, mais elle n’avait pas l’air complètement étonné non plus. Les blessures, raison de présence ici, étaient peut être dû à une quelconque mauvaise rencontre. C’est souvent, hélas, comme cela que se déroulaient la plupart des rencontres. Juan aurait aimé la rassurer, éternel reliquat de son ancienne vie. Chrétien convaincu (du moins pendant longtemps), ancien Don et patriarche, il avait cette propension naturelle à tendre une main secourable. Habitude désuète et attitude ridicule qui lui avait apporté plus de frustration au fur et à mesure de sa non-vie que de satisfaction. De nos jours les gens étaient plus méfiants, plus réservés et moins ouverts aussi. Perdu dans ses pensées, fumant de manière mécanique, la question de Sophia lui parvient comme un murmure. Il reporta son attention sur elle et décida de ne plus prendre de gants. Elle voulait savoir ? Elle allait savoir.


Ce sang je vais le boire. Le conserver et le boire lorsque mon « état » le réclamera. Je préfèrerai mille fois mieux avoir à manger des plats cuisinés normaux plutôt que d’en être réduit à cette extrémité. J’ai bien conscience d’être une horreur contre nature. De ne plus être une créature de Dieu. J’ai honte de ce que je suis, vraiment. Et la simple idée de devoir boire du sang me révulse.

Il prit une longue bouffée de la cigarette, laissa tomber le mégot et le l’écrasa du talon. Le symbolisme du geste était parlant et témoignait de l’énervement de Juan contre lui-même.

Mais si je le fais c’est éviter d’avoir à me comporter comme un monstre à la recherche d’une proie. D’une proie innocente. Je ne suis peut être plus humain mais j’essaie de me comporter comme tel, et ce, malgré l’épreuve que le destin m’a imposé.

Je ne vous ferai aucun mal Sophia, si c’est ce que vous craigniez. Et je ne vous demanderai, ni ne vous forcerai à m’aider. Ce n’est pas comme cela que moi, Juan Carlos Montigo, surnommé « El Hidalgo » et ancien Don de mon pueblo, ce n’est pas comme cela que je conçois les choses… Malgré ce que je suis présentement…

Il pointa du doigt l’entrée de la clinique.

Je vais entrer dans ce bâtiment, chercher un membre de son personnel et tenter de le corrompre pour qu’il m’obtienne ce que je souhaite. Et je repartirai. Sans fracas sans bruit.

Alors vous pouvez me rendre la tâche plus compliqué ou plus simple. Ou telle qu’elle est. C’est à vous de voir. Dans tous les cas je ne vous en tiendrai pas rigueur. La première fois que j’ai croisé des monstres comme moi, j’en ai tué un. Alors je ne vous reprocherai pas de hurler au secours…


Et il se tût. Il n’avait pas parlé bien longtemps non. Et Juan Carlos avait encore quantité de choses à dire. Mais ça n’était ni le lieu ni le moment. Loin d’avoir enlevé un poids sur sa conscience il avait été content de vider un peu son sac. Il inspira et expira en fermant les yeux, à la fois pour se calmer et pour s’éclaircir les idées. Pour le moment il se fichait pas mal de savoir comment allait se débloquer la situation. Au fond de lui il espérait que la femme ne hurlerait pas et ne s’en irait pas en courant. Comme cela s’était passé tant de fois. D’un coup l’énergie, à cette seule pensée, son énergie le quitta et il se sentit comme son enveloppe charnelle le montrait. Vieux. Fatigué. Il aurait bien aimé s’asseoir…
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeMer 8 Fév 2012 - 5:22

Gaelle Vedrai
Il confirma. Il se confessa, même, et à mesure de ses paroles, la lueur farouche dans les yeux de Gaelle variait, prenant un éclat sublime de révolte furieuse, laissant entendre un instant qu'elle allait prendre les armes contre les créatures impies, qu'elle allait purifier la terre de Galway la Terrible, qu'elle voulait mourir dans sa croisade, qu'elle... La lumière dans son regard vacilla comme une flamme mourante, ayant déjà consumé les fragments d’héroïsme dans l'âme de la demoiselle. Bientôt, il n'y avait plus qu'une ombre amère, une résignation renfrognée, la même que celle qui l'avait prise sur le pas de la porte de la maison familiale, que celle sur le port quand elle avait vu les marins s'approcher et le regarder de biais. Elle n'était pas née pour être quelqu'un, ni même quelque chose, elle était née pour souffrir et c'était à peu près tout ce qu'elle avait su faire jusque là : peiner.

Elle serrait ses bras autour de sa propre taille, l'écoutant sans accrocher vraiment à ses mots. Un Vampire, alors. Ils existaient donc, il y en avait plusieurs, il y en avait même pour avoir des états d'âme, grand bien leur fasse – cette démonstration de vertu faisait le même effet à la Fey que ces hommes mariés qui lui vantaient les qualités de leur femme sur l'oreiller, pour balayer l’arrière goût des regrets. Il cherchait peut-être à être davantage qu'un monstre, il était tout de même un cannibale se rêvant en voleur pour ne pas devoir être un assassin. Gaelle ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était sans doute parce qu'il était lâche, et non tourmenté. Mais il avait quelque chose de touchant, d'aimable, le ton de la voix ou l'affaissement des épaules lorsqu'il acheva sa diatribe, qui troublaient son tableau cynique et perturbait son monde sans nuance. Elle regarda autour d'elle. Il pouvait la tuer, aisément. Un mouvement de bras, une prise sur la nuque, c'était terminé – ces choses avaient une force terrible, elle le savait à peu près.

Et il y avait autre chose. Des questionnements, ce genre de culpabilité signifiait qu'elle pouvait jouer sur d'autres leviers. Elle pouvait s'assurer de survivre à cette rencontre, peut-être même de s'en faire un allié, un protecteur, un peu comme ces clients commodes lorsqu'ils voulaient jouer aux gentlemen. Il n'avait pas l'air de feindre son désarroi et, vu la blessure de Gaelle et leur isolement, ç'eut été inutile de s’épancher autant pour simplement amoindrir la méfiance qu'il avait fait naître lui-même. Bien sûr, ce genre d'instant ne devait pas durer chez ces choses affamées, elle devait saisir ce maigre fil maintenant. Peut-être pouvait-elle narguer ce destin dont l'hispanique avait parlé lui-même, peut-être pouvait-elle s'en tirer, cette fois-ci. Une étincelle d'espoir revint animer ses pensées en marasme. Elle prit une grande inspiration, comme si elle s'apprêtait à plonger, levant une main légèrement tremblante vers l'épaule de l'Hidalgo.

    Écoutez, Monsieur Montigo...

Elle garda sa main suspendue, hésitant à toucher ce Vampire, la reposer à sa propre épaule finalement alors qu'elle avançait vers lui, dans une posture pleine de doute et montrant encore une certaine appréhension sincère.
    Je veux dire, Juan. Je ne vais pas vous dire que je n'ai pas peur ou que vous... Que ce que vous voulez ne me met pas mal à l'aise.

L'art de la litote devrait être inscrit dans le cursus scolaire féminin. Elle mordit la pointe de sa langue pour chercher ses mots, alors qu'elle le considérait d'une œillade floue, incertaine. Écourter leur échange le plus possible était une pulsion tentante, mais c'était perdre l'occasion de choyer celui qui s'était découvert et qui pouvait, de fait, peut-être l'aider à son tour, ce que Gaelle n'envisageait même pas une seconde avec Llylewin. Elle frôla la manche de l'homme, comme pour accepter ce bras qu'il lui avait offert quelques instants auparavant.
    Mais je vais au moins vous aider à entrer et à croiser quelqu'un. Je, je pourrais dire que vous êtes mon oncle, fit-elle avec une fausse maladresse, et que je ne me sens pas trop bien. Vous pourriez profiter de l'occasion pour parler à un porteur de seringue...

Et moi de celle de me gaver d'un médicament atroce, pour m'assurer qu'on ne me boive pas, pensa-t-elle fugacement, alors qu'elle pinçait les lèvres. Il valait mieux qu'il ne l'accompagne pas à sa chambre, bien entendu, prétexter un petit malaise dans le hall était s'assurer d'être reconduite. Elle retint son pas pour temporiser, soufflant d'une voix où elle forçait l'émotion, sans qu'elle ne soit pour autant faite de toutes pièces.
    Je... Dois vous avouer que vous n'êtes pas le premier que je rencontre. Mais vous êtes le premier à... A...

Elle lâcha un soupir à la fois rieur et misérable.
    A avoir de la considération.

Derrière son masque, elle sentait quelque chose monter et se surprit elle-même lorsqu'elle constata que c'étaient des larmes, venant emperler le rebord de ses cils. Elle les chassa sèchement, se mordit la joue pour reprendre un peu de maîtrise. Elle pouvait se prendre au jeu, mais elle se trouvait, dans l'instant, parfaitement ridicule. Elle mit le tout sur le compte de la peur et enferma son émoi dans un coffre enterré au fin fond d'elle-même, alors qu'elle retrouvait un sourire dérisoire et mesuré.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeVen 10 Fév 2012 - 18:03

Juan El Hidalgo CarlosElle ne s’était pas enfuie, elle s’était même rapprochée. Etrange. S’il avait été comme la plupart de ces congénères – mais la vie ne serait-elle pas plus simple ainsi ? – il se serait pris pour un serpent en train de charmer sa proie. Il y avait tant de similitudes, l’immobilité, la crainte d’un côté et le calme de l’autre. Mais Juan Carlos ne pensait ni ne vivait comme un prédateur. Dieu sait pourtant qu’il en avait croisé des vampires ! Des hommes de foi et de vertu devenus des montres vivant dans le pêché et la barbarie. Vestiges de ce qu’ils avaient été ils se prélassaient dans la nouvelle opportunité que le destin leur avait offert. En vérité Juan méprisait ces hommes et ces femmes, pour lui il est bien plus difficile de vivres selon des principes que de s’abandonner à ses instincts. Il repensa aux nombreuses fois où il avait perdu foi en lui-même et avait failli se laisser tenter par cette existence. Mais il s’était toujours repris, arguant qu’il valait mieux que ça et que c’était un bien triste destin que celui qui consistait à épancher sa faim sur le premier cou venu. Perdu dans ses pensées il la vit donc se rapprocher et lui avouer qu’elle le mettait mal à l’aise. Le contraire aurait inquiété Juan, les générations d’aujourd’hui avaient également leurs aficionados des créatures de la nuit (peut être encore plus qu’avant) et il ne désirait absolument pas se retrouver dans cette situation. Elle avait peur mais pas d’une peur qui vous fait fuir. Intéressant.



Alors qu’elle murmurait quelques mots, Juan Carlos, attentif à ses propos, chercha à capter le regard de son interlocutrice. Il n’avait pas le talent de sa défunte femme pour lire dans les yeux, mais il avait été à bonne école avec elle. Celle-ci lui avait souvent dit que c’était toujours dans les moments critiques que les yeux devenaient le véritable miroir de l’âme. Donc Juan scrutait. Attentif. Patient. Il attendait l’étincelle qui ferait d’elle quelqu’un sur qui il pourrait un peu compter ou une nouvelle personne à écarter de son existence. Bien sûr il ne s’attardait pas que sur ses yeux mais le moindre de ses gestes lui parvenait comme une information supplémentaire. C’était presque une attitude de prédateur, pensa-t-il. Lorsqu’elle énonça qu’elle allait l’aider, il se détendit un peu. Il avait le premier pas, elle y avait répondu positivement. A sa manière. Sa main valide était presque en contact avec son bras, il n’aurait plus qu’à ouvrir légèrement celui-ci pour lui offrir son bras. Il y avait presque une note d’espoir dans les propos de Sophia. Presque. Il n’était pas stupide, si elle acceptait c’est qu’elle y trouvait son compte. Qui accepterait d’aider un voleur (il avait bien conscience d’en être un mais ça valait toujours mieux que d’être un tueur) sans contrepartie ? Les saints étaient rares de nos jours. C’était donc une femme dans le besoin. Qu’est ce que Juan savait d’elle ? Elle doit être seule (se faire passer pour son oncle ne lui déplaisait pas mais suggérait une absence de famille), vivre la nuit (son accoutrement et sa récente blessure), vulnérable et presque résignée (c’était les seules choses qu’il avait réussi à percevoir chez elle). Verdict ? Escort ou prostituée. Pas la moins chère de la rue en tout cas : elle possédait une beauté à la fois discrète et pourtant si ostensible… Elle se fichait d’être belle mais jetait presque cet état de fait comme une barrière entre elle et les gens environnant.



Puis elle prononça sa dernière phrase. Interloqué Juan jura avoir senti ses joues rougir, ce qui était physiquement impossible. Il avait été d’une extrême politesse et l’avait laissé s’exprimer mais il ne s’était pas attendu à ça. Alors il se sentit presque honteux de l’avoir ainsi inspectée. Valait-il finalement mieux que ses confrères si sanguinaires et bien moins calculateurs ? Il n’eût pas le temps de réfléchir sur la portée et surtout sur la sincérité de ses propos. Dans un mouvement naturel, il lui prit le bras dans le sien, sans gêne aucune. Se faisant il remarqua les yeux pleins de larmes, Juan détestait foncièrement de voir pleurer les femmes. C’était peut être macho de penser cela mais il les préféraient souriantes. Tranquillement il sortit son mouchoir (bien une habitude de vieux ça, pensa-t-il) et lui tendit. Son cerveau réfléchissait à 100 à l’heure : trouver quelque chose à dire vite ! Il commença à l’entraîner vers l’entrée, sans se presser. Juan Carlos faisait un effort pour éviter de la regarder larmoyante, parfois les gens détestaient qu’on les voit en état de vulnérabilité. Question d’ego sans doute…




Hum… Alors dites moi Sophia… Quel genre d’oncle je suis ? Le gentil qui vient voir sa nièce préférée ou le ronchon qui vient la gronder pour sa sotte conduite qui lui vaut tant de soucis ?



Je ne vous cache pas que je préférerai être le premier : j’ai toujours été un détestable père Fouettard. Feu ma femme, Catherina, me le disait toujours…



Le contact de la jeune femme, sa situation, le froid ambiant : tout cela semblait être devenu secondaire. L’andalou qu’il était parlait au naturel et seul lui importait que son interlocutrice aille mieux. Les mots qui étaient sortis de sa bouche lui semblaient naturels et avenants. Il posa sa main libre sur le bras de Sophia, comme un oncle qui essaierait de rassurer sa jeune nièce.
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MessageSujet: Re: L'entrée de la clinique   L'entrée de la clinique Icon_minitimeSam 11 Fév 2012 - 2:45

Gaelle Vedrai
Le bras glacé finit par soutenir celui qu'elle avait encore de valide et, malgré la froideur du contact, le geste était emprunt d'une certaine chaleur. Il lui tendit son mouchoir, ce qui la fit lâcher un hoquet de plus, alors qu'une bulle d'émoi remontait de ses entrailles, indocile, voulant forcer son expression. Sa main blessée se serra sur le tissu avec une reconnaissance mêlée de colère renfrognée et si le Vampire échappa à un rejet vif, épidermique, ce fut pour ses mots d'une rare sensibilité. Il ne commentait ni son débordement, ni son aveu stupide, allant au contraire ajouter du tact à sa pudeur et ajouta quelques mots très simples et très rassurants. Il lui faisait l'impression d'une sorte de grand père, les crocs en plus, mais des crocs qu'il ne montrait pas. Elle ignorait ce qui pouvait nourrir cette boule qui, depuis ses entrailles, montait nouer sa gorge. Était-ce l'accumulation, la douleur, le fait d'apprendre toujours avec plus d'acuité à quel point sa misérable vie ne tenait qu'à un fil, était-ce ses attentions à lui qui mettaient en lumière à quel point elle se sentait seule, effroyablement seule, sans même une cousine ou une véritable amie pour venir la visiter ? Qui tenait à elle, sincèrement ? Qui la connaissait ? Personne, strictement personne, et il n'y avait qu'un Vampire inconnu pour lui tenir le bras.

Elle laissa échapper un sanglot brutal qu'elle ne chercha plus à retenir, pour ne pas qu'il s'étrangle et la fasse coasser sans grâce. Elle reprit une inspiration hachée, murmura quelque chose de très bas et d'un peu trop aigu pour être audible et effaça les perles salines qui avaient roulé sur ses joues. Deux larmes uniques, les seules qu'elle avait versées depuis un temps dont elle ne se souvenait plus. Elle souffla sur l'instant et l'émotion qui, déjà, s'affadissait, revenait se terrer dans ce coffre profond où elle se cachait d'elle-même. Elle déglutit, puis répéta, serrant ce poignet glacé sous cette manche sans trop y prendre garde.

    Désolée. Je ne sais pas ce qui m'a pris...

Elle s'abstint de renifler, épongeant son nez plus discrètement d'un revers de mouchoir, témoin d'une éducation parfaite et d'un sens des convenances presque obsessionnel. Son souffle de nouveau dominé, elle releva un minois paré d'un sourire plus clair et d'yeux encore brillants, dont l'éclat de désespoir en soulignait l'étrange beauté délétère. Leurs pas les amenaient à l'entrée, dont le système automatique souffla un air chaud en s'ouvrant devant leurs ombres. Un claquement électrique en sourdine annonça la fin de l'ouverture, Gaelle suspendit son pas devant le seuil, posant le bout des dents sur sa lèvre inférieure, avant de reprendre.
    Alors restez... Naturel, Juan. Vous serez le gentil.

Elle ne sourit que d'un coin de lèvres, détournant le regard pour aviser leurs pieds devant les portes et laissant une ou deux secondes retomber sur son étrange phrase aux multiples sens et implications. Elle remonta les cils vers le couloir qui s'offrait, où des silhouettes, rares mais présentes, se croisaient. Les portes frémirent sur leurs gonds, le claquement électrique semblait les presser d'un bruissement courroucé devant leur hésitation. Elle eut envie de lui demander de rester un peu avec elle, de lui parler de l'Andalousie, de lui raconter comment était-ce au village, s'ils étaient heureux, si c'était parfois difficile, si elle avait des cousins, elle voulait une famille, elle voulait une présence, discuter, simplement, elle voulait rompre sa solitude si précieuse qui lui pesant tellement dans l'instant qu'elle lui semblait être une chape de glace enserrant ses entrailles. Elle lui jeta un regard intense, cryptique, serrant les doigts plus fort, puis refit face au couloir glacé menant vers sa prison blanche, pleine de sécurité.
    Et si vous aviez des conseils, plus tard, sur ce qu'il faut éviter la nuit, je suis preneuse.

C'était confié d'une petite bout, lâché du bord des lèvres et presque retenu par les dents. Ca n'était pas faible, ça n'était pas quémander : elle ne lui avait pas dit de revenir ou de rester, elle demandait son paiement pour ses services, voilà tout. Il volerait son sang, elle aurait ses informations et ils se quitteraient en bons termes, comme toute relation commerciale réussie. Ils entrèrent enfin dans le hall, où, malgré la chaleur nettement plus prononcée, Gaelle ne put retenir un frisson de la saisir, bien qu'elle le contint avec art, tout comme elle tenait le coffre clos et son âme fermée.

Spoiler:
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