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| Sujet: Vladimir Nojnitsov Jeu 6 Déc 2012 - 1:37 | |
| Vladimir NOJNITSOV Sexe: Masculin Lieu et date de naissance: Hloukhiv, au nord de l'actuelle Ukraine, le 11 janvier 1889 Race: Lycanthrope Apparence physique: Il essuya la surface du miroir d'un ample mouvement de manche. Pour la première fois depuis des années, il regarda craintivement sa propre image. C'était un vieillard qui lui faisait face, un vieillard à l'aspect bienveillant. Une longue barbe couvrait la moitié de son visage, et il n'osait la raser: si Dieu avait fait l'homme à son image et que l'homme avait une barbe, c'était que Dieu avait une barbe. Qui était l'homme pour contrarier les décrets divins? Une barbe lui couvrait donc le visage, et laissait à peine entrevoir ses fines lèvres pincées et pâles. Ses cheveux descendaient en cascade dans sa nuque, caressant sa peau d'albâtre, que sa nature avait plus ou moins protégé des rides et des autres ravages du temps. Il était vêtu d'une redingote noire, d'un gilet et d'une chemisette en lin blanc du Nil, à laquelle il avait cousu de superbes boutons de manchette nacrés. Il portait aussi un vaporeux foulard rouge et une paire de bottines. Finalement, il n'était pas aussi laid qu'il le craignait... Il retourna en boitillant à son fauteuil, le dos courbé sous le poids des ans, et s'y affala en soufflant. Signes distinctifsContrairement à beaucoup de vieux lycanthropes, Vladimir ne maîtrise pas ses transformations. Elles surviennent les soirs de pleine lune, mais aussi quand il s'énerve, et c'est tout juste s'il sent la transformation s'amorcer une minute avant que les premiers poils ne poussent.Vladimir est un tueur, mais avec cette excuse qu'il ne l'est pas volontairement. Il se souvient de ses actes au détail près, mais jamais la possibilité de les contrôler ne lui a été donnée. Cette impuissance le tourmente, et chacune de ses victimes pèse lourdement sur son coeur. Il souffre aussi d'avoir dû quitter sa femme et son fils par sécurité. Fervent croyant orthodoxe, un léger cal orne parfois son front, résultat des dizaines de prosternations qu'il réalise chaque soir devant les saintes icônes. Ses seuls plaisirs sont la lecture et la couture, ils lui permettent de s'évader momentanément de son morose quotidien. De tout cela, il découle que Vladimir est peu sociable, allant jusqu'à éprouver du mécontentement à la visite de ses clients.- Spoiler:
20 mars 1997
Toute la journée, les textiles glissent dans mes doigts… Mes ciseaux tranchent les fibres comme ceux des Parques tranchent les vies. C'est un bonheur que de disposer d'autant de matière première: lin, coton, soie, laine, velours, et bien d'autres… Un client est venu me déranger, un riche commerçant, il souhaitait que je lui confectionne un costume complet. Quelques schémas plus tard, il choisissait un classique queue-de-pie, et me fit la promesse de me faire "un publicité du tonnerre". Dieu m'ait en pitié! J'espère bien qu'il ne s'agissait que d'une simple exclamation poussée sous le coup de la joie et ne prêtant pas à conséquence. Sitôt qu'il fut parti, je ressentis les abominables prémices de l'honnie transformation… Oh, mes aïeux! Que faire, que faire? Sous ma forme animale, j'ai bondi par le vasistas du grenier et je me suis fondu dans les ombres de la nuit naissante. Le plus effrayant, c'est que dans ces moments là, je me sens pris d'une inégalable ivresse. Je me suis dégourdi dans les ruelles de la ville, puis me suis dirigé plus au centre… Rien à faire, dans cet état, je ne souhaite même plus être humain, Dieu me pardonne. Que Son nom soit béni entre tous… A mon réveil, j'avais encore les doigts pleins de sang séché. Je me suis remis au travail, je n'ai même pas osé penser à ce que j'avais fait. Ce n'est plus possible, il faut que ça cesse! Je ne puis plus le supporter.
Mes deux natures se battent, et moi je suis écrasé, brisé, et toutes les nuits je pleure. Chaque jour apporte son lot de peines, et c'est tout juste si le Seigneur daigne supporter mon fardeau. Est-il trop impur pour Toi? Je souffre. Il est temps de trancher entre les deux. Je ne le puis, car je ne décide rien, ce sont elles qui me commandent. Suis-je un homme ou une bête? Alors je couds pour oublier, mes doigts s'activent et mon esprit cesse de penser, cesse de s'égarer dans les sombres landes de ma conscience. La jour, je n'aime pas la compagnie, exceptée celle de mes ciseaux. La nuit, je la cherche, mais uniquement pour assouvir ma faim diabolique. Tout cela me dégoûte, je ne mange même plus de viande, tant elle me rappelle mes vils actes. Chaque soir, je fais cent génuflexions devant l'icône de mon saint Vladimir, le Soleil Radieux… Je viens de recevoir un arrivage de tissus… Je viens de coudre un manteau, qui ne dépareillerait pas sur un chef d'Etat. Seigneur! Je n'ai pas pactisé avec Satan, pourquoi éprouver ton fils de la sorte?
[...]
13 janvier 2001
Aujourd'hui, comme je le prévoyais depuis quelques jours, je me suis rendu chez un psychanalyste, poussé par une simple curiosité. Lorsque j'arrivais à son cabinet, situé à Court Lane, il était en consultation, aussi sa secrétaire me conseilla-t-elle de repasser une heure plus tard. Je lui donnais mon nom, puis quittais les locaux pour contempler les eaux tumultueuses du Corrib, près d'University Road. J'arrivais avec dix minutes d'avance, mais comme le précédent rendez-vous avait été annulé, il me fit entrer dans son bureau sans me faire attendre. L'homme inspirait la confiance, et nous discutâmes quelque peu avant qu'il ne commence à m'interroger. J'étais assis dans un confortable fauteuil de cuir si rembourré qu'il me semblait pouvoir m'avaler à tout moment. De la séance, je ne garde pas un souvenir très net. Il me posait des questions, j'y répondais, rien de bien excitant.
Voilà, en somme, ce qu'il tira comme conclusions sur mon cas: d'après lui, je suis traumatisé d'avoir eu à quitter ma femme et mon enfant après quelques années de mariage seulement. Cela est vrai. Il affirme aussi que je suis partagé entre deux aspects de ma personnalité. "Attention" -me recommanda-t-il "à ne pas basculer dans la schizophrénie, vous n'en êtes pas si éloignés de cela..." S'il savait! Il m'affirma, avec raison, que ma foi en Dieu était totale, et que la religion avait tenu et continuait à tenir un rôle prépondérant dans ma vie. Il me dit que ces trois faits m'empêchaient d'aller vers les autres, et même m'éloignaient d'eux. Toujours d'après lui, j'avais perdu tout espoir en ma vie, et je souhaitais inconsciemment ma propre mort. "Cela se traduit généralement par des troubles obsessionnels compulsifs, tentez de les réprimer." A la fin de la séance, je me levai, lui serrais la main et repartis à la boutique. Cette science n'était pas, comme je le pensais une énième escroquerie pseudo-médicale. L'homme avait dressé en quelques minutes un portait très complet de ma personnalité, et c'était inquiétant, troublant. Je regrettais presque d'être allé le voir, et me remis eu travail dès mon arrivée, pour ne pas me laisser entraîner par le flot de mes pensées.
A Monsieur Pavel Novák Monsieur Vladimir Nojnitsov Praha, Nové Mèsto, 137 stanice Ječna Rédigé à Galway le 5 décembre 1950 Cher fils, Cela fait bientôt sept ans que ta première lettre m'est arrivée, et dix ans que je t'écris avec assiduité. Mon vieux coeur en pleure encore de joie. Tous les jours, je prie Dieu et tous les saints pour que tu aies une vie heureuse, et pour que tu connaisses le succès qui t'est dû, quelle que soit la carrière que tu décides d'embrasser. Si je t'écris, c'est pour te raconter mon histoire, pour que tu comprennes enfin les raisons de mon départ. Je te dois la vérité, si difficile soit-elle à dire. Dieu le sait: elle est difficile à dire. Elle sera encore plus difficile à croire, je pense, mais j'espère que tu y croiras, je sais que tu es assez sage pour y croire. Je suis né le 11 janvier 1889 à Hloukhiv, une ville du nord de l'Ukraine, célèbre notamment pour ses grandes écoles, qui fournissaient la cour impériale en chanteurs et en musiciens. Les maisons y étaient belles, grandes et imposantes. Les avenues y étaient larges. Les parcs y étaient fleuris. Toute la journée, des calèches y circulaient, Dieu m'en est témoin. Et quand l'hiver venait, on utilisait la troïka, mais jamais la circulation n'était réduite. Ma famille -moi, mes parents et une tante éloignés- vivait au-dessus de l'échoppe de mon père, dans l'actuelle rue de Pouchkine. Ce n'était pas la plus belle rue de la ville, c'était la rue commerçante, mais l'hiver, je ne connaissais rien de plus agréable que de flâner au milieu des étroites boutiques éclairées à la bougie ou au gaz, de regarder les bibelots qu'elles vendaient, ou les artisans en plein travail. Mon père était un immigré russe qui exerçait la profession de couturier, et dès mon plus jeune âge, il m'inculqua les bases de ce métier, pour lequel il se trouvait que j'avais un don. Ma mère travaillait à la maison, et pourtant, c'était en grande partie grâce à elle que nous pouvions vivre aussi confortablement. En effet, elle avait hérité de son grand-père une importante fortune, que lui-même avait gagné en jouant aux dés contre un cosaque qui revenait d'une expédition en Turquie. Ma tante faisait le ménage chez les notables de la ville; elle mourut d'une pneumonie en 1896. J'étais un enfant heureux. Mon destin était tracé: j'allais travailler dans l'échoppe de mon père, je rachèterais éventuellement la boutique voisine pour agrandir la mienne, et je me marierais avec la fille d'un commerçant -le plus riche possible. Une seule tâche venait noircir ce tableau. Ma mère, de par sa mère, se transformait toutes les pleines lunes en louve. Dieu m'en sois témoin, je ne mens pas. Imagines-toi qu'en ce moment même, je touche la sainte icône de Notre Seigneur Jésus-Christ et que je le jure. Je suis donc, moi aussi, un homme-loup. Toi, tu ne l'es pas car cela se transmet uniquement par la mère, et tous les jours je remercie le Sauveur pour cela. En février 1917, j'avais alors 28 ans, des émeutes éclatèrent à Saint-Pétersbourg, là où siégeait le tsar. Il abdiqua en mars, je ne sais plus la date. Moi et ma famille étions très choquée par cet évènement. Un gouvernement provisoire fut mis en place, mais il n'était qu'un fantoche socialiste du prince Lvov. Nous pensions que le tsar constituerait une armée, et qu'il reprendrait le pouvoir, Gloire à lui, mais il n'en fut rien. En octobre 1917 débuta la plus odieuse et violente révolution de toutes celles qui secouèrent la Russie jusqu'au jour d'aujourd'hui. Elle était menée par un répugnant personnage qui m'était homonyme, Vladimir Oulianov, qui se surnomma Lénine en référence au fleuve Léna, près duquel, quelques années auparavant, ce bagnard avait été envoyé purger sa peine par le tsar. Cette révolution entraina beaucoup d'acte répréhensibles, et je dus quitter ma patrie l'Ukraine en mai 1918. Je me réfugiais à Gomel, une ville du sud-est de l'actuelle Biélorussie. Les Biélorusses avaient aussi pratiqué un coup d'État socialiste, et le pays s'appelait alors la République populaire Biélorusse. Gomel était une ville sans prétention, mais au riche patrimoine historique. Les deux mois que j'y passais s'écoulèrent sous l'éclairage tremblotant des bougies de la bibliothèque municipale. Sentant que je cherchais à retarder mon départ en me distrayant l'esprit, je pris la résolution de quitter la ville. Je soudoyais un postillon pour qu'il m'accepte dans sa calèche, et nous atteignîmes Pinsk, au sud de la Biélorussie, deux jours plus tard. Cette ville-là était plus grande, et surtout, j'y découvris la mer, que je n'avais jamais eu l'occasion de contempler. Malheureusement, je ne pus y rester qu'une semaine: les ouvriers menaçaient de se révolter, les rues n'étaient plus sûres. Encore une fois, j'eus recours au service d'un postillon, et atteignis Lublin, dans l'est de la Pologne, quelques jours plus tard. En temps normal, tous ces passages d'un pays à l'autre n'auraient pas été possibles, mais les troubles qui sévissaient rendaient mon voyage plus facile. Et puis, la Pologne venait tout juste de regagner son indépendance (en octobre 1918, me semble-t-il), la nouvelle république n'avait guère les moyens de placer des hommes à la frontière. Lublin était une charmante bourgade à l'architecture plutôt germanique que slave. Au centre se dressait une imposante forteresse de grès, qui avait apparemment abrité une famille de vampires quelques siècles auparavant. C'est là que ma nature d'homme-loup se manifesta pour la première fois. Je tuais une femme et son enfant, et trouvais mes habits souillés de sang le lendemain, au réveil. Je ne me souvenais de rien, mais pris tout de même la sage précaution de fuir la ville, un mois seulement après y avoir emménagé. Cette fois-ci, j'eus la chance d'être accepté dans un convoi de nobles russes en fuite (dans la calèche des serviteurs) en échange du reprisage de quelques vêtements. Très satisfaits de la qualité de l'ouvrage, ils me gratifièrent même d'un pourboire lorsqu'ils me déposèrent à Varsovie. Varsovie était, du moins à l'époque, une superbe métropole aux maisons colorées, aux clochers en bulbe et aux monuments couverts de neige… J'y restais un an, avide de découvertes. La nuit, lorsque j'arrivais à rester sous ma forme humaine, j'aimais à me promener dans les rues, à discuter avec les passants et à observer les intérieurs. Au bout d'un an, las des tracas politiques de la nouvelle nation, je quittais Varsovie en payant une place dans un convoi de marchands. Je souhaitais me rendre en Allemagne -j'en avais tant entendu parler dans les livres que j'avais lus! - mais je dus m'arrêter une courte semaine à Poznań, à l'ouest de la Pologne. Poznań ressemblait beaucoup à Varsovie, mais à moindre échelle, et le seul intérêt que je trouvais à cette ville résidait dans ses longues arcades commerçantes, qui ressemblaient beaucoup à des cavernes semi-éclairées. De Poznań, il était facile de gagner Berlin, seulement, il fallait passer par la frontière, qui cette fois était gardée. Cependant, la république allemande de Weimar était très impopulaire, et les douaniers avaient quitté leur poste lorsque nous passâmes. À Berlin, comme dans toute l'Allemagne à cette époque, les temps étaient durs… Le chômage entrainait la famine, la famine la violence, les grèves et les tentatives avortées de coups d'État. On se tournait vers les spartakistes ou vers des partis d'extrême droite. On en venait aux mains, en pleine rue, et personne n'intervenait. Les ruelles, autrefois largement éclairées, s'étaient transformées en véritables coupes gorge, aussi bien de jour que de nuit. J'y restais 3 mois, mais très vite, je pressentis une catastrophe, et partis en train et en calèche à Prague, capitale de la Tchécoslovaquie indépendante. Prague était une ville magnifique, superbe, mais cela, tu le sais sans doute. J'ai été séduit par les quartiers du centre: Staré Město, Nové Město, Malà Strana… C'est là-bas, dans un restaurant traditionnel, que j'ai rencontré ta mère. Elle était magnifique, dans son manteau de fourrure, avec son manchon de laine et son chapeau de dentelle. Parole, j'en tombais aussitôt éperdument amoureux… Aujourd'hui encore, je l'aime, Dieu le sait aussi bien que moi. Nous vécûmes cinq ans ensemble, cinq ans après lesquels je dus m'enfuir: une série de meurtres sauvages épouvantait les praguois, et moi, je ne me souvenais toujours pas de ce que je faisais la nuit. Ce fut difficile, mais je dus vous quitter, pour votre sécurité plus que pour la mienne. Et si je t'avais tué? Tu imagines ma douleur? Comment aurais-je pu vivre après cela? Je m'enfuis, donc, et gagnais Vienne dans un camion militaire. Vienne était la plus belle ville qu'il m'avait été donné de voir, et Dieu sait que j'en avais pourtant contemplé… Toute l'Europe, je l'avais traversé. Vienne, donc, était une ville superbe. Des grandes avenues, même les rues étaient larges, des espaces verts, toujours de la lumière, partout, des odeurs de café et de chocolat dans les boutiques des quartiers bourgeois… J'y restais un an, un an que je passais en grande partie à l'opéra. Ma réserve d'argent était toujours conséquente, je commençais à m'interroger sur les raisons de ma longévité. Je commençais également à me souvenir des actes que je commettais sous ma forme lupine, et ce que je me voyais faire ne me plaisait pas, Dieu le sait aussi bien que moi. Encore une fois, je fus obligé de quitter la ville avant que l'inévitable rapprochement entre moi et les cadavres que je semais dans mon sillage finisse par se produire dans l'esprit de quelque gendarme à l'esprit plus affuté que la moyenne de ses collègues. Je me dirigeais vers Ljubljana, une grande ville du tout nouveau Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Je m'y plaisais beaucoup. Le centre-ville était dominé par une butte boisée, qui accueillait en son sommet un château. Devant, la rivière Ljubljanica charriait une multitude de péniches et de barques. Autour, des maisons de tous types s'étalaient, plus récentes à la périphérie et plus anciennes au centre. Je partis, encore une fois, car j'étais las de la ville, sept mois après mon arrivée. Je voyageais quelque peu dans cette magnifique région des Balkans qu'on nomme Istrie. Quelles vignes! Dieu, quel pays… Les habitants, par contre, étaient très méfiants à mon égard, avec raison sans doute. Après un court séjour sur l'île de Cres, je louais les services d'un marin-pêcheur afin qu'il me conduisit en Italie. Il me déposa non-loin de Venise, puis repartit craintivement: les chemises noires patrouillaient même sur les côtes. Je me rendis donc à Venise, ville d'eau et de sang… Les vampires la gouvernaient depuis si longtemps que Mussolini lui-même ne pouvait rien faire contre eux. Il ne savait pas ce qu'ils étaient, je pense. Peu m'importe, finalement, ce que cette ordure fasciste savait ou non, le fait est qu'au bout de quelques semaines dans la Sérénissime, les suceurs de sang me poursuivaient. Seulement, j'ignorais encore tout de ma nature, et donc m'étonnais de cet acharnement à me tuer dont faisaient preuve ces inconnus. Je fuis, craignant qu'il ne s'agisse de représailles de la part de la famille d'une de mes victimes. Pour me déplacer plus rapidement, j'usais d'un ingénieux subterfuge. Ayant tué au cours d'une de mes escapades nocturnes vénitiennes une chemise noire, je récupérais au matin son uniforme et ses papiers. Je jetais ensuite son corps à l'eau, revêtis les frusques et les armes du défunt, et partis pour Milan dans un camion de l'armée fasciste. Je passais cinq mois de ma vie à Milan. Le plus clair de mon temps, je priais dans la superbe cathédrale milanaise, dont le souvenir emplit de bonheur mon coeur. Mais le quotidien en Italie était trop difficile à supporter et je repris mon chemin. C'est en Suisse, à Berne, que je passais les 3 années suivantes. Berne était une ville très agréable. Son centre-ville ressemblait à une presqu'île, et surtout, tout y était toujours d'un calme et d'une précision mécaniques. De Berne, je me rendis à Strasbourg, où je résidais 5 mois. Je transitais également une semaine dans un village nommé Nancy. De là, je gagnais Paris sans difficultés. Pour moi, et sans doute pour Dieu, Paris est la ville élue. Elle n'est pas forcément plus belle qu'une autre ville, mais c'est son ambiance, ses habitants, son mode de vie, sa culture qui rendent amoureux ceux qui s'y rendent. Je fêtais mon quarantième anniversaire à Paris, ce fut sans doute le plus heureux de ma vie. Je quittais Paris en 1939, en prévision d'une éventuelle attaque des Allemands. Je gagnais Londres, j'y résidais deux semaines, mais je n'aimais pas cette métropole au coeur glacé. Je voyageais un peu dans la campagne anglaise, à la recherche de la ville qui me plairait… Dès octobre 1940, les bombes résonnèrent dans tout le sud du Royaume Uni. Je me réfugiais en Irlande, qui était plus ou moins abritée des incursions nazies. Pendant un certain temps, je résidais à Belfast, une ville peu accueillante et morose. Si je n'aimais pas Belfast, j'appréciais par contre beaucoup mon séjour à Dublin, une ville totalement à part, européenne mais surtout et avant tout irlandaise. Aujourd'hui, je réside à Galway. Ce n'est pas par goût personnel. Cette ville est laide, tant en aspect qu'en âme, Dieu m'en soit témoin. Seulement, il m'est impossible de me contrôler: je me transforme de plus en plus souvent. Je me suis constitué une clientèle régulière, qui apprécie mon coup d'aiguille et mon savoir-faire d'un autre temps. Je vis confortablement, je vieillis lentement. Je devrais bientôt simuler mon enterrement. Bien à toi, ton père: Vladimir Nojnitsov. Comment avez-vous trouvé le forum ? Je l'avais déjà repéré à plusieurs reprises, m'émerveillant à chaque fois devant son aspect. Et puis, je me suis décidé sur un coup de tête. Ca devait être en passant par l'Imaginarium. Le JDR et vous? Idylle récente ou vocation de longue durée? Récente! J'ai toujours aimé écrire, j'ai bien entendu découvert les "Livres dont vous êtes le héros" et l'univers des jeux de table il y a un petit bout de temps, mais je me suis mis au JDR en ligne il y a tout juste un an. Des questions / remarques avant de vous lancer ? Non, pas vraiment.
Dernière édition par Vladimir Nojnitsov le Dim 9 Déc 2012 - 14:04, édité 16 fois |
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