Raven et Kieran avaient reçu par courrier la veille la missive suivante :

Verso de Kieran:

Verso de Raven:

Le commissariat

Comme d'habitude, à cette exacte même période de l'année, la St Patrick avait lieu. Une journée dédiée au saint patron de l'Irlande. Cette année, elle avait vu qu'il y avait une chasse au trésor et par soucis d'ennui plus qu'autre chose elle décida d'y participer. Elle passa s'inscrire et passa le reste de la semaine à être volage et lunatique, ci et là.
Un matin elle reçu une enveloppe où, à l'intérieur se trouvait une lettre explicative ; un morceau de parchemin usé où on pouvait trouver au recto les détails et au verso, une énigme. Elle adorait les énigmes mais elle espérait tout de même que la personne avec qui elle serait soit au moins douée dans ce domaine... Mieux vallait avoir une corde de secours !

Le soir même elle se rendit au dit lieu. Vêtue d'un corset vert possédant un noeud au niveau de sa poitrine ainsi que d'une jupe noire assez banale, avec des ballerines vertes claires avec un petit noeu sur bout et son éternelle ombrelle noire, elle regardait de ses yeux ambrés - soulignés par la noirceur du kohl qui les entouraient - les alentours pour voir si quelqu'un venait dans cette direction. On n'échappait pas à la règle du 17 mars ; il fallait toujours porter du vert où être habillé en vert au risque de se faire pincer par toutes les personnes qui passaient. Elle ne loupait jamais cette tradition, preuve en était ses habits verts, qui ne se résumaient pas qu'à ça... Cependant, ne voyant personne, elle se mit à tourner en rond en jouant avec l'ombrelle qu'elle tenait ouverte dans ses mains dans ce geste machinal qu'elle avait attrapé au fil des siècles passés. Non accompagnée, se sentant seule et surtout un peu impatiente, elle se mit à se parler en français foudroyant du regard ceux qui la regardaient de travers.

- "Franchement je me demande pourquoi je me suis inscrite... J'aurais mieux fait de rester chez moi avec une bouteille de vin en main... Au moins je n'aurais pas eu à attendre ! Je déteste attendre, sérieusement..."

C'est alors qu'elle posa délicatement son seyant sur les marches du commissariat et attendit là, tout en remettant du rouge à lèvre couleur sang sans dépasser d'un millimètre. Le tout c'était de ne pas le faire baver... Sortant le parchemin de son corset, elle l'examina de plus près.

- "L'officier au képi, détient la clé... Qu'est-ce que tu me racontes toi ?... Ils sont tous avec un képi... Je présume qu'il te faut l'autre moitié de mon coéquipier ou bien ma coéquipière." dit-elle en soupirant.

Spoiler:

Sans se retourner, elle su que quelqu'un était sorti. Un homme, à en juger par l'absence de bruit produit par les talons. Elle resta dans la même position quelques instants et se retourna pour jauger son compagnon, un vampire tout comme elle. Un visage d'albâtre, des cheveux quasi blancs et un visage austère à la limite du colérique la regardait. Elle sourit et le regarda s'asseoir, sortant une clope d'une poche et l'allumant avec des gestes qui correspondaient tout à fait à son visage - plutôt à son expression. Cependant ses yeux ne mentaient pas ; un air lasse et fatigué s'affichait sur ceux-ci. Elle tenta une approche assez sobre et joyeuse.

- "Je ne sais pas monsieur l'agent. Ai-je fait quelque chose de mal ? dit-elle, tout en changeant son contralto en un air enfantin. Un sourire franc se dessina sur ses lèvres et puis elle lui présenta sa main. Raven, enchantée. Je présume que vous êtes mon compagnon."

Elle saisit le morceau de parchemin que lui tendait le policier et se mit à le lire. "La matraque de, vert". Quatre mots plus ses mots à elle. Ok, ça ne devait pas être très compliqué de déchiffrer ces deux parchemins ; après tout c'était fait pour des gens normaux et non pas pour des pros des énigmes. Elle y passa une minute, voire deux et puis d'un coup, elle trouva, comme ça ; "La matraque de l'officier au képi vert détient la clé". Le plus marrant dans tout ça c'est que des officiers vert... Il allait y en avoir beaucoup ! Le jour de la St Patrick, parler d'un officier vert c'est pas l'idéal.

- "Trouvé ! Les parchemins disent que "La matraque de l'officier au képi vert détient la clé." mais le petit hic là-dedans c'est que le jour de la St Patrick, des officiers en vert il va surement y en avoir beaucoup. Peut-être a-t-il un signe qui le distingue des autres, qu'en pensez-vous ?"

Spoiler:

Raven lui sourit majestueusement. User de son influence ? Rho, comme il était mignon le petit vampire ! Elle se pencha vers lui tout en dévoilant une légère partie de son décolleté - personne n'aurait pu dire si c'était fait exprès ou non - et elle lui souffla un baiser. Depuis le début elle le sentait tendu, froid - enfin logique pour un vampire me direz-vous - et assez distant. En était-elle la cause ? Présentement elle aurait dit oui, mais les vampire sont assez imprévisibles quand il s'agissait de leurs émotions.

- "Et bien merci, mon petit Kieran. Mais d'abord, j'ai une petite question. Vous savez tout comme moi que nous ne sommes pas humains, tous deux. Comprenez ma curiosité, on ne survit pas 100 ans à Galway sans s'intéresser un minimum à sa population, alors ma question est celle-ci : quel age avez-vous ? Allons-y, vous me répondrez en chemin !"

L'agrippant par le bras elle monta les marches deux par deux, le tirant comme s'il ne pesait rien - un des avantages de sa non-vie. Elle poussa délicatement la porte et se rua vers l'accueil. Son visage afficha une ribambelle d'émotions mais celle qui vint primer sur les autres fut la curiosité. A cet instant même on aurait dit une gamine, avec son sourire jusqu'aux oreilles et cette lueur dans les yeux. Se raclant la gorge elle attira l'attention du réceptionniste qui reluqua en premier ses deux airs-bags. Ignorant cela, son contralto s'éleva dans la pièce en une douce mélodie.

- "Bonsoir monsieur, Kiera ici aimerait vous poser une petite question d'une extrême importance. Allez-y, Kiki..." dit-elle en lui faisant un clin d'oeil complice.

Spoiler:

Raven s'amusait de voir comment réagissait le vampire ; un tantinet coincé quoique troublé, ça, mêlé à cette froide indifférence amusait fortement la "jeune" femme. Mais la réaction qu'il eut lorsqu'elle lui donna le petit - sans mauvais jeu de mots - surnom, fut ce qui lui décrocha une rire suave dont la tessiture pouvait presque être palpable. Il fallait dire ce qui était, elle prenait un plaisir fou à le voir patauger dans cette situation.
Oh, elle l'avait bien vu, ce petit regard en coin jeté sur son décolleté, tout comme cette expression qui était passée une fraction de seconde sur son visage. Elle en sourit fièrement, jusqu'à ce que monsieur "rabat-joie" fit aller son nez. Familiarité ? Et lui qui venait tout juste de passer le cap du tutoiement. Cependant elle ne releva pas la chose, du moins, pas dans l'immédiat...

- "Elle l'est, seulement si c'est toi qui me la pose, mon gros bêta ! Haaah... Ces jeunes, il faut tout leur apprendre. En quoi cela m'intéresse ? Comme je te l'ai dit, ici on ne survit pas longtemps si on ne s'intéresse pas un peu à la population."

Il semblait encore plus gêné, une fois passé l'entrée. La vampire à son bras et "Kiki" en train de parler à la réceptionniste, le pseudo couple ne passa pas inaperçu. Regardant le rire contenu général et l'hilarité réprimée tant bien que mal de la réceptionniste, elle fit un clin d'oeil à cette dernière et, tout en s'agrippant de plus belles au bras de Kieran, elle décida de lui susurrer quelque sa réponse à l'oreille, comme deux amants se seraient dit des mots d'amour.

- "Dixit celui qui me tutoie puis me vouvoie et puis me retutoie... Tu me fais rire, dit-elle en se retirant pour plaquer un bisou sur sa joue. Puis en parlant de nouveau haut et fort, de son joli contralto elle ajouta ; Merci beaucoup à vous tous ! Allez, viens mon chéri..."

Le mot "chéri" avait raisonné dans toute la pièce et l'insistance qu'elle avait mit sur le mot ne fit que renforcer cette impression. Suivant son "mari" elle rigola d'une façon chantante et mélodieuse. Son merveilleux déhanché attira l'attention de certains de ces messieurs et puis, sans raison aucune, elle poussa un soupir long de désirs. Si seulement Klaus avait été là... Il aurait rigolé avec elle.

Apparemment, personne ne savait où se trouvait l'officier au képi vert. Tant mieux, c'était plus marrant de chercher et puis elle s'amusait beaucoup à décrédibiliser "Kiki". Lorsqu'il la traîna vers un ascenseur indiquant "sous-sols" elle sourit d'une façon assez... Sadique.

- Mon chéri, si tu voulais le faire, il suffisait de me le demander... Je ne disa pas non à un type de ta carrure..." dit-elle tout en ronronnant.

Elle l'entraîna dans l'ascenseur et appuya sur le bouton indiquant "-1" - qui devait sûrement être les sous-sols. Plaquée contre ce torse imposant, elle le regardait d'un regard plein de malices, tout en dégageant une odeur de roses fraîchement coupées - qui aurait fait tourner la tête de beaucoup d'hommes.

Raven adorait ennuyer l'autre vampire. Ce pauvre bougre avait presque atteint ses limites, ce qui fit redoubler d'intensité le sourire mesquin dessiné sur les gracieuses courbes voluptueuses des lèvres de la vampire. C'était un sourire qui prenait naissance dans le plaisir engendré par ces petites actions anodines pour elle mais cependant, aux conséquences monstrueuses pour le policier. Ce sourire se mua en quelque chose de plus sensuel, de plus animal, en quelque chose ayant les allures d'un prédateur chassant sa proie. Seulement le petit n'était pas très coopératif et cela allait être assez... Pimenté. Sa réponse le fut en tout cas.

- "Rhooo... Rabat joie ! Qu'est-ce que tu peux faire ta mijorée en étant comme ça." dit-elle en sachant très bien qu'elle allait titiller une cordelette sensible.

Elle ignora la dernière remarque tout en sachant qu'elle aurait le dessus sur lui et qu'elle pouvait le tuer bien avant qu'il n'alerte qui que ce soit. Elle continua son petit jeu, batifolant, folâtrant comme un petit chiot qui voulait jouer avec son maître ronchon.

Lorsqu'il approcha son visage du sien, elle en fut grandement étonnée mais ce qui suivit balaya tout étonnement pour laisser place à un instinct de prédateur vieux de plus de six siècles. Elle ouvrit cette "porte" qui la porta dans cette état serein qu'elle avait lorsqu'elle tuait - bien qu'ici elle n'allait que lui l'effrayer.
Se laissant faire elle sourit et dévoila ses propres crocs dont l'ivoire blanc alla se planter d'un geste vif et empreint d'une force titanesque pour le petit bout de femme qu'elle était. Elle bu goulûment quelques gorgées puis s'écarta essuyant la petit perle écarlate qui luisait sur le bord de ses lèvres. Elle le regarda et son air redevint celui qui devait tant agacer le petit Kieran.

- "Un conseil petit, tu es peut-être sur ton "territoire" mais de nous deux c'est moi qui ai le plus d'expérience, ne t'aventure pas dans la cour des grands, attends encore deux siècles pour cela. Qui plus est, j'ai surement presque six fois ton age alors niveau instinct et force, ne cherche pas à savoir qui porte la culotte. Compris ?"

La porte s'ouvrit, dévoilant le "couple" l'un dans les bras de l'autre. Quelques sifflements digne des films des années 20 retentirent et des regards féminins lourds d'envie fusillèrent Raven. Tirant son "mari" par la main, elle erra dans les couloirs. Elle cherchait une petit silhouette coiffée d'un étoffe verte.
Soudain, l'oeil vif et aiguisé de la vampire remarqua cette silhouette. Elle s'approcha d'elle et l'accosta.

- "Bonsoir ! C'est bien vous l'officier au képi vert ?"

L’étonnement qui dépeignit le minois de la vampire lui donna les informations qui lui manquaient. Elle ne s’attendait pas à une telle réaction, vraiment ? Peut-être s’était-elle imaginée qu’il serait plus ardu de le sortir de ses gonds, ou encore que ça n’irait pas jusque là. Tout du moins, cela lui confirmait qu’elle n’avait pas recherché cet effet-là, malgré son petit jeu de provocation. La vampire jouait la séduction mais ne comptait pas le séduire.

Ses crocs percèrent sa chair avec une facilité déconcertante et Kieran s’étonna de son manque de réactions. Il se servit dans cette source de vie dont le goût, fade, conservait néanmoins bien le parfum de la mort. Il n’eut pas le temps de se rétracter que la vampire lui rendit la pareille. Un grondement un rien animal filtra de ses lèvres, sans qu’il ne cherche à se détacher. Elle paraissait étrangement calme, en cet instant, loin de l’excentrique dont il avait eu affaire. Une grimace passa sur ses traits alors qu’elle retirait ses crocs à son tour. La garce l’avait mordu profondément.
Il réajusta son écharpe avec un air désabusé, alors qu’elle se maculait doucement de sang … Avant que l’hémorragie ne se stoppe subitement. Mais la plaie, elle, peinait davantage à se résorber que celle qu’il lui avait infligé. Mauvais plan. Difficile de se retenir…

« La force seule n’est pas suffisante, « ma vieille ». Tu devrais te méfier davantage, car je ne plaisante pas avec les vampires. Trouve-toi un autre jouet. Tu devrais en avoir suffisamment à ton goût en ville. Je ne suis pas intéressé par ce rôle-là. »

Il passa sa langue sur ses crocs qui se rétractèrent assez vite alors que le policier reprenait son expression habituellement neutre. Non, vraiment, il avait déjà assez donné dans ce rôle. Trop longtemps le jouet de ses confrères … Etait-il réellement étonnant, qu’après tant d’années, il soit finalement résolu à en détruire le plus grand nombre ? Elle compris.
Kieran lui rendit un regard clairement hostile en se détachant d’elle. Il n’avait plus besoin de simuler, maintenant. Alors autant ne pas lésiner sur les moyens et lui arracher son bras dès que l’occasion se présentait.

« Remettez-vous au travail. Circulez. »

Il rejoint Raven avec un temps de retard auprès du fameux officier au képi vert, l’expression fermée.

Le policier au képi vert avait été mandaté spécialement par Mme le Gouverneur – enfin par l’intermédiaire du Commissaire général Giacometti – pour cette nuit de St. Patrick. Lui avait-on demandé de veiller à la protection des citoyens ou bien de jeter un œil aux saoulards ? Pas du tout, on lui avait demandé de prendre part à une sorte de course au trésor, et se tâche consistait à porter un képi vert et une matraque spécifique. On avait vu pire niveau mission.

Lorsqu’une charmante demoiselle vint l’accoster, il se dit que finalement cette course n’était pas une si mauvaise chose.
« L’officier au képi vert ? C’est bien moi ma jolie, qui sait, peut-être que je serais le petit lutin qui viendra te porter chance pour la soirée ? »

Alors qu’il amorçait sa tentative pas du tout flagrante de drague, il remarqua que la personne qui l’accompagnait n’était autre que son boss, le commissaire Nealson.

« Ha, heu, la dame est avec vous commissaire ? Je… Je suis désolé, je ne savais pas… Alors comme ça on participe à la course de la St. Patrick ? » Tenta-t-il comme diversion.

« Non, pas avec moi. » Répondit-il, du tac au tac, piqué au vif. « Nous avons simplement un objectif commun dans cette affaire. Bien, officier, quelle est la suite du programme, maintenant que nous vous avons trouvés ? »
Kieran ne s’embarrassait pas d’une conversation construire, comme souvent. La présence de Raven le rendait d’autant plus sec et agacé. Il était décidément pressé d’en finir, cette course ressemblait à une vaste farce avec une telle coéquipière … Difficile de se persuader qu’on pouvait obtenir la victoire.

Confus, le policier balbutia :
]Heu oui, très certainement commissaire, je… Je pense que ce que vous cherchez se trouve là-dedans, fit-il en tendant sa matraque à son supérieur, malgré le fait qu'on lui ait spécifiquement demandé d'attendre qu'on la lui demande afin que les candidats aillent jusqu'au bout de leur énigme.
Le pauvre bougre ne s’attendait à tomber sur son patron ce soir-là, aussi il se retrouvait un peu décontenancé et se trouvait soudain un peu ridicule ainsi déguisé en lutin avec son képi vert, il allait encore se faire chambrer par ses collègues...

La matraque qu’il avait tendue était beaucoup plus légère qu’une arme classique et pour cause, elle était creuse. En faisant pivoter la partie supérieure on pouvait l’ouvrir en deux comme une capsule de kinder surprise et dévoiler le parchemin qu’elle contenait :

Apparemment, le petit sortait légèrement de ses gonds. Bien, son objectif était atteint. Elle pouvait enfin penser à la chasse au trésor, surtout que maintenant, ils avaient trouvé l'officier au képi vert. Elle passa délicatement un mouchoir sur la "plaie" que lui avait infligé Kiki et regarda ce dernier. Aucune trace de sang, bien ! Elle regarda ensuite le commissaire et lui sourit, assez fière d'elle. Son discours tenait la route mais elle savait déjà tout ça, elle savait aussi qui il était, mais ça elle le gardait pour elle. La vampire prit une inspiration profonde dont elle n'avait guère besoin et lui répondit avec un contralto traînassant et sans aucun accent à l'horizon.

- "Je sais déjà ça, petit. On m'a sorti la même litote en Angleterre il y a de cela 400 ans. T'étais même pas né que je faisais déjà attention à ce que je faisais. Attends d'avoir mon age et puis tu verras comme jouer avec les nerfs des autres et les faire sortir de leurs gonds est amusant. D'ailleurs, mon but étant accomplis, je vais plutôt me concentrer sur cette chasse. Ne m'en veux pas, mon chou."

L'officier au képi avait l'air assez sympathique, elle l'appréciait plus que son "mari" mais bon, elle devait faire avec. En parlant de "mari", le sien faisait, peur au gentil monsieur.

- "Ne l'écoute pas, mon brave, il est un peu ronchon le commissaire. Je serais ravie de te revoir pour un peu jouer avec la chance. Qui sait..."

Par jouer, toute créature de la nuit savait ce qu'elle entendait, mais pas le petit bonhomme au képi vert. Un moment elle se sentit désolée pour lui mais la seconde d'après, ses intentions "guillerettes" reprirent le dessus. Elle resta tout sourire quand Kieran répondit qu'elle n'était pas avec lui. Donnant un faux espoir au petit officier, elle lui adressa un chuchotement inutile vu que Kiki l'entendrait quand même.

- "Si tu veux tenter ta chance avec moi, tu peux, mon brave. Je suis libre comme l'air."

Elle prit des mains de Kieran la matraque et l'examina. Elle l'ouvrit en un temps record, sortit le nouveau parchemin et le lu. Un bouquet de dix trèfles à trois feuilles et un à quatre feuilles ? Ils ont dû se casser le cul pour trouver ça... Bref, un verre au Bloody Valentine ne la dérangeait pas !

- "Merci bien mon brave, dit-elle en attrapant Kieran par le bras. Allez viens, Kiki, on va le chercher ce bouquet ?"

« On vit dangereusement, je serais mort avant. » Se contenta t-il de préciser.
Il n’avait jamais songé à atteindre un siècle de plus, au mieux quelques dizaines d’années… Quand on est constamment en pleine action, à se battre contre ses propres congénères, même le plus prudent des vampires finit par y passer. Ceux qui se vantent d’avoir un certain âge ne sont rien de moins que des planqués à ses yeux. Raven ne faisait pas exception.
D’autant qu’il n’était pas question de rompre avec ses principes … S’il les perdait, que lui resterait-il de son humanité ? De ceux pourquoi il s’était toujours battu ? Rien que de la poussière. Autant qu’il gagne alors cet état, si cela venait à arriver. Il ne deviendrait pas ce qu’il haïssait.

Il avait pris la matraque que lui tendait l’officier au képi vert avec une expression parfaitement neutre, mais avant même qu’il ne découvre son mystère, Raven lui avait pris des mains. Bien, comme elle voulait. Maintenant qu’elle pensait avoir réussi son petit tour de force sur lui, au moins serait-il tranquille.
Ce ne fut pourtant pas de son goût quand elle prit ses propres hommes pour victime, cette fois-ci. Il se retint de commettre un impair, se contentant de clamer sur un ton froid et détaché :

« Je vous le déconseille, officier. C’est une vampire … Quand elle aura fini de jouer avec vous, elle se contentera de vous vider entièrement de votre fluide vital. A moins qu’elle ne vous casse avant, si vous êtes un jouet récalcitrant ? Croyez-moi ça me plairait beaucoup d’avoir une raison valable de la mettre derrière les barreaux, mais j’aimerais autant que vous restiez en un seul morceau. »

Il lui adresse l’ombre d’un sourire, presque effrayant après son petit discours. « Merci pour la matraque, travaillez-bien. »

La voilà à nouveau à son bras. Il chercha à s’en détacher une énième fois en reprenant sa route vers la sortie du commissariat. Pour cueillir du trèfle … Où aller, hormis en forêt ? Ils avaient déjà perdus pas mal de temps bêtement.

« On … ? Tu vas le chercher. Cueillir un bouquet, c’est une mission parfaite pour les dames, non ? Tu veux gagner cette chasse au trésor, pas vrai ? Donc tu iras plus vite sans moi. Je t’attends au Bloody Valentine pour te payer un verre. »

Il n’avait pas attendu de réponses ou de protestations, se mettant déjà en route. Puisqu’elle voulait jouer à la femelle, qu’elle le fasse jusqu’au bout.

Le commentaire que Kieran venait de faire avait un goût amer, assez redondant. Il devait soit être très jeune ou soit être naïf pour penser comme cela. Passait-il la majeur partie de ses "journées" à chasser ses congénères et les enfermer sous les barreaux pour se dire ouvertement en danger tel qu'il mourrait dans les dix années qui viendront ? Tant de questions et aucune réponse... La non-vie laissait tellement de loisirs que parfois, on en oubliait que c'en était, du coup ils sortaient de l'imaginaire des "immortels".

- "Attends de grandir mon petit et tu verras. Surtout que, contrairement à ce que les gens peuvent croire, survivre c'est s'exposer au grand jour, attirer l'attention sur soi. On passe les siècles comme ça ; en devenant la masse, monsieur ou madame tout-le-monde. Plus tu as l'attention des gens, moins ils te remarquent : c'est ce qu'on appelle être un caméléon."

Encore et toujours le rabat joie de service, Kiki fit aller de son autorité et dévoila la véritable nature de la belle Raven. Elle poussa un long soupir de désirs brisés. Elle s'approcha néanmoins de nouveau près du petit et lui murmura à l'oreille "T'en fais pas, je vais pas te mordre ; du moins pas sans ton accord. Il pense que je suis une bête sanguinaire tout ça parce qu'il en est une. Laisse-le rêver de ce qu'il n'aura pas. Si tu veux me revoir un jour, passe au Bloody, j'y suis presque tous les soirs.". Chose fait, elle retourna vers Kieran qui la contraignit à aller cueillir ce fichu bouquet.

- "Très bien ! C'est ça, casse-toi chéri, hurla-t-elle avec un fort accent français. Fichus mâles et leur égo de sexiste !"

Tout près de la forêt

Raven sillonna ci et là des parterres. Ceux à trois feuilles c'était facile mais... A quatre... Elle n'avait pas spécialement besoin de lumière, non, là ne résidait pas le problème. Le problème c'était leur rareté. Elle mit une bonne heure à trouver ce fichu trèfle, une heure agrémentée de jurons tous plus exquis les uns que les autres, certains en vieux français, d'autres en vieil anglais, quelques uns en occitan, de l'italien traînassant sur les côtés avec comme compagnon d'infortune de l'espagnol et même de l'allemand dans d'extrêmes cas. Lorsqu'elle le trouva, un long "Enfin" sorti de sa bouche. Le bouquet en mains, elle repartit à toute allure vers le Bloody.

Au Bloody Valentine

Elle aperçu la silhouette de Kieran et se mut d'un pas glissant vers lui. Le bouquet en mains elle s'assit à son côté et le regarda d'un air narquois.

- "Alors chéri, je t'ai manqué ?"

Kieran s’était retourné, jetant un regard méfiant derrière son épaule. Mais non, elle n’avait pas cherché à le suivre pour lui arracher la tête. Il aurait pourtant parié sur cette décision … Tout ce qu’il entendit, ce fut quelques jurons en français assez peu élogieux et … Entièrement justifié, sans aucun doute.
Il avait repris sa marche tranquille vers le Bloody Valentine, dégustant sa courte victoire en même temps qu’une cigarette. Il lui faudrait bien vite l’éteindre, une fois arrivé à ce pub select … Soudainement, le vampire se rappela pourquoi il n’y mettait jamais les pieds en aucune occasion. S’arrêtant sur le palier, il prit même le temps de s’en allumer une seconde avant d’entrer. Après tout, rien ne pressait. Raven n’arriverait pas avant au moins une heure sur les lieux. L’occasion lui était enfin donné de respirer …

Quand il pénétra enfin l’enceinte du bâtiment, il s’attabla en silence et regretta de suite le parfum de sa cigarette quand la serveuse vint à lui pour prendre sa commande. Il se contenta de choisir une boisson au hasard parmi les moins coûteuses avant de délaisser son verre plein en face de lui. Quelle idée … Peu importe le prix, le goût était toujours aussi absent. Ca ne lui donna même pas envie d’y tremper les lèvres pour donner le change.

L’ennui avait fini par le gagner quand Raven se pointa au Bloody Valentine … Ce qui lui rappela subitement que sa condition précédente était bien plus préférable. Il tiqua quand le silence qui l’avait enveloppé fut rompu par un « chéri » si agaçant.

« Non. Tu ne m’as pas manqué le moins du monde, ma vieille. »

Il ne prit même pas la peine de se redresser sur sa chaise, lui coulant une œillade ennuyée, évitant soigneusement de la détailler pour en venir aux faits : Le bouquet qu’elle tenait en main. Parfait. Elle n’avait pas saccagé le travail.

« Et bien, félicitations. Cela devrait convenir à la serveuse du Bloody Valentine … »

D’un signe de main, il appela la fameuse serveuse, laissant le soin à Raven de prendre place.

La serveuse du Bloody toute de vert vêtue s'approcha du couple avec un sourire, pointant le bouquet de trèfles du doigt.

Bonjour à vous deux ! Je crois que vous avez un petit quelque chose pour moi on dirait ! La chasse semble avoir été fructueuse. Je peux ? Sans vraiment attendre de réponse de la vampire, elle tendit la main et attrapa le bouquet, comptant rapidement les végétaux pour s'assurer que le compte était bon et surtout qu'il y avait bien le sacro-saint trèfle à 4 feuilles tandis qu'elle se dirigeait vers le comptoir pour les déposer et qu'elle parlait au petit duo.

Bon, maintenant j’ai un défi à vous faire relever avant de vous donner la suite de l’aventure…
Elle dégaina alors une première pinte (0,6L), qu’elle remplit d’une première bière servie à la pression.
Une Draught… Puis une deuxième : Une Stout, une troisième, une Ale, et enfin une quatrième, une Lager.

Les 4 pintes fraîchement tirées et dégoulinantes de mousses furent fièrement alignées sur le bar tandis qu'elle les fixait avec un sourire amusé, les mains sur les hanches.
Vous devez me boire ça intégralement, pas question d’en perdre une goutte, ça serait un blasphème en ce jour de St. Patrick ! Pas la peine d’essayer de tricher, je vous surveille.

De retour à la dure réalité, Raven n'allait pas laisser passer cela. Il l'avait faite poireauter une heure, une heure qu'elle avait passé à cherche ce fichu bouquet de trèfles et pas le moindre sourire ou bien compliment de sa part... Ingrat de jeunot ! Elle le regarda, furibonde se préparant à lui lancer une longue tirade d'insultes en français mais le serveuse vint à la rescousse du petit Kiki. Bonjour ? Et puis quoi encore ? Si ça continuait elle allait se lancer dans la picole pour passer les nerfs...

- "Mais bien sûr, allez-y ! On va devoir faire quoi maintenant ? Se soûler la gueule comme tout bon Irlandais qui se respecte ? dit-elle ironiquement en se retournant vers Kieran. Si seulement elle avait su... Quant à toi, espèce de trou du cul ! Tu ne vas pas t'en sortir à si bon compte ! J'ai passé une heure à chercher cette merde comme une conne ! Alors la prochaine chose difficile, c'est toi qui t'y colle !"

Elle suivit la serveuse vers le bar sans attendre l'autre vampire en s'asseyant sur un des tabourets. Elle la regarda sortir une première pinte, puis une seconde, puis une troisième et puis une quatrième... Quatre pintes de bières différentes de plus d'un demi litre. Le but étant de les boire, elle ne se fit pas prier et en termina une en moins de dix secondes. Regardant la serveuse elle sourit et haussa les épaules. Finalement, les travaux d'intérêt généraux du policier allaient attendre. Boire de l'alcool, c'était pas si difficile non ?

- "Faut croire que ça donne soif la chasse aux trèfles ! Et toi, petit bouge ton cul et bois-en deux ! Je suis costaude mais j'ai pas envie de finir la chasse avec un verre de trop dans le nez."

Sirotant sa dernière bière, elle se demanda ce que lui réservait le reste de la cette fichue chasse. Tuer un ours à mains nues et le donner à un taxidermiste pour qu'il l'empaille ? Probablement pas mais, sûrement une connerie dans le genre. Ici, les gens se démerdaient toujours pour inventer des trucs improbables et assez... Fous.

L’agacement de Raven lui mettait du baume au cœur. La haine d’un vampire lui était douloureusement agréable, surtout d’une vampire qui arborait ce visage avec un rien familier. Ca avait sans doute quelque chose de malsain d’éprouver autant de plaisir devant un tel visage enragé, mais il n’en avait que faire. Il profitait de l’instant qui serait bien assez court à son goût. Kieran la fixait avec une rare intensité mais qui n’avait rien de bienveillant. Il s’imprégnait de ses traits dévorés ainsi par des émotions vives. Il comptait bien les garder comme un trésor de guerre.

Il en oublia un instant la serveuse… Jusqu’à ce que sa chasse ne lui revienne en mémoire. L’épreuve suivante lui était bien plus désagréable. Quatre pintes à boire à deux ? C’était faisable mais ça représentait quand même une quantité non négligeable. Enfin, ce n’était pas comme s’il en ressentait la saveur, non ?
La serveuse avait beau leur décliner les noms de chaque bière, c’était une peine inutile. Il en prit une au hasard et la but assez rapidement avant de s’en emparer de la seconde et de lui réserver le même sort. Une perte de temps … Boire de l’eau lui aurait fait le même effet, hormis l’alcool. Il n’avait plus qu’à espérer que les effets secondaires de ce type de boisson ne lui soit pas préjudiciable.

« Hormis que j’ai l’estomac plein à ras bord, c’était proprement désagréable comme sensation… Et ça m’a réellement creusé, maintenant. Qu’on en finisse de cette chasse avant que j’ai le besoin urgent d’en mener une autre. »

Il fixa un regard sévère sur la serveuse, marquant un court silence tout en ignorant sa congénère sans rien laisser paraître de plus.

« Quelle est la suite des réjouissances ? »

Fallait dire ce qu'il était, ces conneries c'était plus vraiment de son age et ça l'agaçait, tellement qu'elle était furieuse envers tout le monde ; Kiki le grognon, l'autre pétasse en vert qui avait voulu son fichu bouquet de trèfles, le pecnot mort saoul là-bas et puis elle aussi là - celle qui la regardait de travers. Elle termina d'une traite la bière et poussa un long soupir. Elle se retourna vers le commissaire et décida de passer ses nerfs sur lui. Elle attrapa sa main et se saisit de l'indexe pour le mettre entre ses dents. Elle resta ainsi quelques secondes, plongeant son regard miel ambré dans celui de Kieran et d'un coup sec, elle mordit assez fort pour qu'il y ait une lacération plutôt profonde. Elle aurait pu lui arracher au minimum les deux premières phalanges mais, où aurait été l'intérêt à faire ça ? Faisant l'innocente, sa bouche souffla un "oups" muet dans les airs et un sourire en coin se dessina sur son joli minois.

- "Ça c'est pour que tu m'écoutes quand je te parle, mon petit." dit-elle avant d'éclater d'un rire à vous glacer le sang.

Certes, il était un peu son bouc émissaire de la soirée mais, il n'en pouvait rien si elle voyait en lui le vampire aigri qu'elle avait été il y a quatre siècles. Du coup, elle voulait le dérouiller et faire en sorte qu'il se trouve un objectif et pas attendre activement qu'on vienne le tuer sur le terrain. Un autre soupir sortit de sa bouche et puis elle se tourna vers la serveuse. Le regard austère, la mine vieille mais le visage figé dans cette éternelle jeunesse de porcelaine, semblable à celle des tableaux de De Vinci ou de Courbet - pour qui elle avait eut un petit faible à cette époque - elle la regarda l'interrogeant et du regard et de vive voix.

- "Alors, qu'est-ce qui va suivre ? Empaler un ours sur un pique et l'exposer aux portes de Galway ?"

La serveuse attrapa chacun des choppes vides et les retourna une à une au-dessus du comptoir avant de les débarrasser, théâtralisant ainsi le fait qu’elles étaient toutes bien vides.

Vous semblez bien pressés de connaître la suite mes agneaux…
Je suis désolée ma jolie, mais il ne s’agira pas d’ours ni de piques, d’ailleurs je crois qu’il n’y a même pas d’ours en Irlande ailleurs que dans les zoos, enfin là n’est pas la question…

A ce stade de la course vous devez vous rendre dans le bureau du gouverneur Giacometti à l'hôtel de ville afin de recevoir votre lot, et c’est là que vous saurez si vous avez gagné ou pas !
Elle passa vite fait un coup de torchon pour faire reluire le comptoir avant de reprendre Je vous souhaite une bonne chance pour la suite de l’aventure ! Et vive la Saint Patrick ! Youhou! s’écria la serveuse avant de retourner s’occuper de ses vrais clients, ceux qui consommaient vraiment et qui aimaient ça, pas comme ce blondinet qui avait accueilli la nouvelle de deux pintes gratuites généreusement offertes par la maison comme un châtiment suprême, et qui lui laissaient d’ailleurs de vrais bons gros généreux pourboires.

Le vampire pianotait sur le bar d’une main, dans un intervalle régulier, tout en surveillant sa compère finir son œuvre d’un regard de biais. Les voilà tous deux avec deux pintes en plus dans l’estomac. Cela aurait peut-être dû le rendre plus joyeux et loquace mais il n’en fut rien. Les effets secondaires arriveraient plus tard … Il n’en était pas sûr, à vrai dire, l’alcool n’ayant plus grand intérêt pour lui, ces notions lui étaient devenues floues. Il se souvenait bien du taux d’alcoolémie réglementaire pour conduire mais … Il secoua lentement la tête.

Son geste devait agacer Raven pour qu’elle lui tire la main de la sorte. Avant qu’il ne se demande à quel nouveau jeu elle souhaitait se livrer, la douleur fulgurante dans son doigt lui tira un grognement furieux entre ses crocs, qui s’étaient subitement révélés. Il reprit sa main ensanglantée en lâchant un « salope ! » tout à fait incontrôlé avant de contenir son envie d’exploser en la portant lui-même à ses lèvres.
Il lécha sa blessure un moment, et il lui semblait bien qu’elle avait ripé sur l’os qu’il sentait sous sa langue. Certes, il l’avait bien mérité, mais cette réaction sanglante lui avait définitivement passé l’envie de la considérer autrement qu’en ennemi.

Kieran délaissa quelques pièces sur le comptoir, sans un mot pour la serveuse, et s’en retourna les lèvres pincées sur ses crocs qu’il peinait à voiler. Il ne fit aucun commentaire et sortit du bar avec sa tête des mauvais jours, ce qui passa l’envie à quiconque de lui adresser la parole.

Le plus dur était passé, du moins, il l’espérait. L’hôtel de ville n’était pas très loin du Bloody Valentine et Kieran aurait pu faire le chemin les yeux fermés, tellement il était habitué à patrouiller dans Galway. Aussi ne se préoccupa t-il de rien, même pas de Raven, si elle prenait la peine de lui emboîter le pas, se dirigeant tout droit vers sa destination finale avec deux idées seules en tête : Finir cette chasse et se débarrasser proprement, ou salement, de celle qui lui servait de coéquipière.

Bien, le message qu'elle avait voulu faire passer était passé. Elle ne prêta guère oreille au "salope" qui fut lâché par son "mari" et elle sourit jusqu'aux oreilles. Elle demanda à la serveuse un verre de la bouteille rougeâtre qu'elle connaissait bien pour avoir passé plusieurs de ses soirées ici à jouer au poker et, une fois son verre fini, elle déposa un pourboire sur le comptoir à l'intention cette dernière. Elle se leva pour aller vers l’hôtel de ville et une fois dehors, dans cette mi-chaleur ambiante d'un mois de mars tout à fait normal elle entama son petit bout de chemin, seule. Pour une fois il ne pleuvait pas et ça, c'était bien. Elle savait que le petit était bien en avant et elle prit son temps pour le rejoindre sautillant comme une enfant qui se hâtait d'aller voir mère-grand.

- "Haaaah, ces hommes, il faut toujours les apprivoiser... Aussi non ils finissent par faire ce qu'ils veulent et ça dégénère, comme toujours." pensa-t-elle tout haut.

Tout près de l'hôtel de ville

Toujours sautillante, elle commença à apercevoir la silhouette de Kieran mais elle ne se pressa pas pour autant pour le rejoindre. Elle ralentit la cadence de ses petits sauts et progressivement, elle commença à marcher doucement. Non loin, on pouvait voir le bâtiment massif et ancien qu'était la demeure de Gianna Giacometti, gouverneur de la belle Galway.
Pendant un moment elle était à l'endroit d'avant et l'instant d'après, elle se trouva près de Kiki. Vitesse surnaturelle ? Non, c'était un mythe, quoique un peu vrai avec l'age mais pas autant qu'on pourrait le croire. Non, la réponse était encore bien plus simple ; elle s'était mise à trop rêvasser et elle n'avait pas été consciente de ce qu'elle faisait. Une fois près de Kiki, elle ne lui adressa même pas la parole, continua tout en transportant dans son sillage l'odeur de rose qui lui collait littéralement à la peau et grimpa les escaliers pour pousser la porte et entrer avec grâce et noblesse, tout ça calculé pour impressionner quiconque pouvait la voir. Son contralto ronronnant résonna dans la salle.

- "Hééééhooooooo ! Il y a quelqu'un ?"

La gouverneur Giacometti était retournée à ses dossiers, profitant de sa « soirée de garde » à l’hôtel de ville pour rattraper son retard de paperasse. Plongée dans un dossier des plus épineux – la construction de cellules spécialisées pour la pleine lune – elle avait presque oublié cette histoire de chasse au trésor lorsqu’une voix féminine résonna dans son bureau, la tirant brusquement de ses pensées.

Il est d’usage de frapper avant d’entrée, le saviez-vous ? lâcha-t-elle après avoir brusquement re-atterrit sur terre. La lycane sentit alors qu’elle avait affaire à un couple de vampires, vraisemblablement un homme et une femme d’après ce qu’elle pouvait sentir. Après la petite humaine et la lycane russe, on pouvait dire que son évènement tenait ses promesses de diversité !

Bonsoir et bienvenue à l’hôtel de ville ! Je vous félicite pour avoir mené cette chasse au trésor jusqu’au bout, mais malheureusement vous arrivez seconds… Cependant, nous vous avons tout de même réservé une petite surprise ! Pourrais-je savoir à qui j’ai l’honneur de remettre ce présent ?

Raven avait gaffé. Elle avait oublié de toquer et maintenant, mademoiselle était en rogne. Fichtre ! Elle sourit néanmoins et fit une gracieuse courbette. Il fallait apprivoiser le loup. Elle écouta les propos du gouverneur et tout en apprenant qu'elle n'était que deuxième, une moue boudeuse se dessina sur son visage. Elle ouvrit la bouche deux secondes puis la referma, ainsi de suite quatre fois le temps de trouver comment se présenter correctement. Il était évident que cette chasse était pour s'amuser mais et si c'était aussi pour collecter des informations sur les habitants ?

- "Oups... Excusez-moi... Une surprise !? Chouette alors ! J'espère qu'elle sera satisfaire les attentes de Môssieur le gronchon qui me sert de partenaire ! dit-elle en souriant. Elle n'allait pas donner le nom qui était sur le registre... Elle allait mentir, à moitié. Je me présente, Elianore, pour vous servir gouverneur Giacometti."

Elle se retourna vers Kiki, tout sourire en attendant de voir sa réaction. Allait-il relever ce semi mensonge ou bien le laisser filer ? Elle aimait le torturer et le taquiner. Cette chasse au trésor s'était plutôt bien passée finalement...