La vampire remarqua tout de suite que la jeune humaine ne se sentait pas à son aise : elle tirait sur ses vêtements, regardait la pointe de ses chaussures, bref si ses paroles se voulaient franches et honnêtes son langage corporel, lui, traduisait directement un certain malaise. Et ça pouvait se comprendre : en tant que chargée de la sécurité du QS avant le drame, elle devait se sentir coupable de ne pas avoir su mieux protéger les filles, ou bien peut-être craignait-elle les remontrances de son employeuse, ou peut-être même les deux à la fois, qui sait ?

C’est sur, ça aurait été préférable, soupira Llylewin, une telle perte est tragique non seulement sur plan humain mais aussi sur celui économique : cela va nous coûter énormément en termes d’image, entre les clients qui ne vont plus se sentir en sécurité, ceux qui avaient leurs habitudes avec celles qui ont passé l’arme à gauche… Mais ça nous met également en délicatesse sur le plan des ressources humaines : je dois recruter plein de nouvelles filles, faire en sorte qu’elles soient formées et au top de leurs compétences pour la réouverture, parce que je ne te cache pas que nous n’avons plus le luxe de pouvoir nous planter… Non, c’est vraiment une situation délicate…

Elle marqua une longue pause de plusieurs secondes, décroisant puis recroisant ses longues jambes sur sa chaise haute avant de briser à nouveau le silence.
Pour être honnête après cet épisode j’étais prête à tourner la page et à partir très loin pour commencer une énième nouvelle vie tant l’avenir ici me paraissait désespéré, mais l’arrivée en jeu d’un nouvel acteur a changé la donne et m’a fait reconsidéré ma position, toutefois…

Son regard se fit plus perçant, scrutant froidement la blonde jeune femme de la tête aux pieds : Je ne compte pas reproduire les mêmes erreurs, et à ce titre je me dois donc d’offrir une meilleure protection à mon établissement, contre cette ville, contre ses habitants… Je ne remets pas tes aptitudes de garde du corps en cause bien entendu, mais tu comprendras qu’une humaine, seule, au beau milieu de vampires et de lycans… Ça ne suffise pas…

La vampire se leva de manière féline de sa chaise, faisant le tour de l’humaine pour venir se positionner de son autre côté, posant la main sur sa cuisse.

Je ne te cache pas que j’ai songé à te congédier après l’incident, mais finalement je me suis rendue compte que j’avais mes petites habitudes avec toi et que je t’appréciais plutôt bien, j’ai donc une question… Serais-tu prête à faire des sacrifices pour conserver ta place parmi nous ? demanda-t-elle en posant son autre main sur la jambe de l’humaine, plongeant son regard dans le sien, la mine tout à fait solennelle.

Meluxine écoutait attentivement Llylewin, son regard perçant la clouait littéralement sur plus. et risqua le torticolis pour la suivre du regard quand elle lui tourna autour. Par besoin de se rappeler à qui elle s'adressait : la Patronne, avec le P Majuscule.

Je vous assure que j'ai toujours fait mon maximum, lors de l'attaque, j'ai réussis à dégommer une des vampires, et amocher Chango, mais le chef était d'un calibre bien trop gros pour moi.
Ça nous pose un dilemme : si on renforce trop la sécurité, ce n'ai pas très chaleureux pour les clients qui viennent se détendre, et ça les ferait fuir. Et dans le cas contraire, on a vu le résultat catastrophique.
En tout cas je vous remercie de m'avoir garder à votre service. J'avoue que je m'attendais à être congédiée, ou finir en encas. D’ailleurs je craignais cela quand la mafia n'a plus donné signe de vie.

Quand Llylewin parla de sacrifices, Meluxine pensa que Llylewin voudra l'employer non plus en qualité de videuse, mais en tant que Girl avec ce que cela implique de rapport à la clientèle. Si un service d'ordre plus adapté à la faune locale était engager, c'est le seul poste qu'elle pourrait occuper, ou barmaid. Elle avait deja travaillé de la sorte mais ça restait exceptionnel. Meluxine plongea son regard dans celui de la vampire et posa ses main sur celles de Llylewin.

La raison voudrait que je vous demande en premier lieux ce à quoi vous pensez quand vous parlez de sacrifice. Mais au fond de mon coeur, j'ai deja la reponse et elle est positive. Je veux rester avec vous, j'assumerais mes erreurs et je ferais ce qu'il faut pour cela

La maquerelle vampire avait sondé l’âme de Meluxine pendant que cette dernière faisait une sorte de mea culpa.
Sincère ? Cela semblait l’être, d’autant plus qu’au vu de son discours elle semblait être dévouée corps et âme au service de cette maison. Pourquoi donc, alors qu’elle aurait très bien pu prendre ses cliques et ses claques pour aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs au lieu de rester coincée dans une ruine au beau milieu d’une patronne acariâtre et d’un nourrisson vagissant ?

Elle n’en avait strictement aucune idée, mais l’important n’était pas de se lancer dans une psychothérapie approfondie de la jolie blonde, seul le résultat comptait.

Tu souhaites donc rester parmi nous ? Fort bien, si telle est ta volonté, alors ainsi soit-il ! fit-elle en levant les mains au ciel, à la manière d’un prêcheur terminant son oraison.

Tu peux entrer maintenant, déclara-t-elle à l’intention de ce qui restait de la porte de sa salle de bain, qui s’écarta timidement pour laisser rentrer une Wednesday à l’air plus maussade que de coutume : les cheveux attachés en arrière en une simple natte, pas de maquillage, vêtue d’un survêtement léger gris et noir, elle n’avait plus rien de la créature chamarrée qui ondulait dans le lounge.

Les mains jointes, le regard sérieux, la tête baissée, elle s’avança de quelques pas en direction du duo.

Lorsque Llylewin m’avait recontactée après l’attaque je ne savais pas trop à quoi m’attendre : que pouvais-bien faire pour elle, maintenant que le QS était fermé? M’effeuiller devant les murs en espérant qu’ils se réparent tous seuls ?

L’annonce du rachat par une société importante et la réouverture qui allait suivre me réjouit au premier abord, car cela voulait dire qu’après seulement quelques mois de vaches maigres j’allais enfin retrouver la sécurité d’un revenu fixe…

Cependant, l’annonce d’une clause de reprise me fit vite déchanter, car je me doutais bien que pour que la vampire se mette à faire du chantage ce n’était pas pour une petit chose triviale, comme accepter cette fois-ci que les clients me donnent de petites tapes sur les fesses : non, si elle me disait ça, c’était qu’elle attendait de moi quelque chose de mauvais, de sale, que je lui aurais refusé sans contrepartie valable.

J’avais vu juste, car au vu de sa demande mon premier réflexe a été de refuser en bloc et de raccrocher le combiné. Non mais pour qui me prenait-elle ?

Cependant, la vampire était intelligente et savait tout de ma situation délicate qui me tenait loin de la scène tous les 28 jours du mois, et me tenait pour ainsi dire par les couilles. En gros, elle savait pertinemment qu’il y avait d’un côté de la balance mon avenir et mon compte en banque, et de l’autre mes principes.

Lequel pèserait le plus lourd ? Pour l’instant les principes tenaient bon, mais tiendrais-je le même discours une fois ma carte de crédit avalée par le distributeur, mes créanciers aux trousses ?

Je n’avais pour ainsi dire pas le choix, du moins c’est ce dont j’essayais de me convaincre avec force et conviction jusqu’au moment où je me retrouvais là, dans cette chambre dépotoir en face de Llylewin et Meluxine, la mine réjouie d’une porte de prison, et que je m’avançais vers ma collègue pour effectuer mon effroyable besogne, priant intérieurement qu’elle ne rendrait pas les choses plus difficiles.

N’importe quel syndicat aurait hurlé au scandale, traitant Llylewin d’horrible patronne, de tortionnaire et d’esclavagiste pour imposer une telle condition à son employée, mais la vampire voyait ça d’un œil complètement différent.

Était-ce cruel ? Peut-être un peu, mais pas tant que ça : Meluxine avait clairement exprimé le souhait de rester au sein du QS et ce sous n’importe quelle condition, et la lycanthropie était une condition comme une autre. De plus, on pouvait considérer ça comme une sorte de promotion, une formation accélérée : grâce à cette petite morsure de rien du tout, elle deviendrait plus forte, plus résistante, plus endurante que ce qu’aucun entraînement n’aurait réussi à produire. En prime, elle ne tomberait jamais malade: que d'économies réalisées sur le médecin et la mutuelle santé!

Les nuits de pleine lune ? Détail, elle pourrait toujours s’enchaîner dans une cave, d’autant plus que le bordel ferme toujours une lune avant et une lune après, pas de quoi pénaliser son salaire…

Bref, sa décision était prise et son jugement était sans appel : Wednesday et Meluxine savaient ce qu’on attendait d’elles, elle s’éclipsa donc dans un coin de la pièce pour les laisser faire leurs trucs de griffues entre elles tout en gardant un œil sur ses employées. En effet, elle n’avait aucune envie que cela se passe mal et qu’elle se retrouve d’un coup sans videuse et sans strip-teaseuse.

Le sourire de Meluxine aurait du me rassurer, me dire que voilà, elle était consentante, qu’elle ne m’en voulait pas, mais même en y mettant toute la bonne volonté du monde je n’arrivais pas à me sentir mieux.

Elle se croyait immunisée parce qu’elle était passée au travers de la morsure de l’africain ? Je ne l’avais jamais dit à personne, mais ce type n’était pas un lycan, pas l’un des nôtres. Bien sûr, ça y ressemblait vu de l’extérieur, mais je l’avais bien senti : il y avait un truc pas net, lui et moi n’étions pas faits de la même étoffe.
Donc si elle avait résisté à son venin à lui, rien ne disait qu’elle pourrait résister au mien, celui contenant le bon vieux virus du garou hurlant les nuits de pleine lune, le genre vieux comme le monde qui vous contamine dès le premier contact et que vous êtes sur d’avoir dans la peau jusqu’à la fin de vos jours.

Enfin, il n’était plus temps d’étaler ma science, et alors que ma collègue s’avançait vers moi, semblant se résigner à son sort, je réalisai d’un coup que je n’avais encore jamais mordu personne et que je ne savais pas du tout comment m’y prendre…
Dans le cou façon vampire ? No way, le cou c’est une zone hyper sensible, ça doit faire un mal de chien… Une zone plus charnue alors ? Non, je me voyais mal lui demander d’écarter les cuisses ou de me montrer ses fesses…

Arrivée à son niveau, et probablement avec une tristesse infinie dans le regard, je tendis la main pour lui caresser la joue. J’aurais aimé me montrer tendre avec elle, la mordre le plus doucement possible de façon quasi sensuelle pour terminer par un petit bisou magique, mais je sentais que ça n’était pas la marche à suivre : elle aurait angoissé, paniqué, ça aurait duré trois plombes…
Non, mieux valait faire comme chez le médecin qui vaccine un gosse : détourner son attention ailleurs, pour TCHIK ! Enfoncer l’aiguille vite fait bien fait.

Je me doutais bien que la technique du « Ouuh, je t’ai volé ton nez » ne fonctionnerait pas bien avec Mel, aussi je finis par pencher pour une méthode plus musclée, en adéquation avec le personnage.

Je lui décochais donc une puissante droite dans la figure, y mettant tout mon cœur et toutes mes forces dans le but de la mettre à terre, et si cela fonctionnait je me jetterais sur elle avant qu’elle ait le temps de réaliser pour lui planter mes crocs quelque part.

Meluxine était une femme d’action, je savais qu’elle me pardonnerait mon approche de Brutus.

J’avais espéré qu’elle ne répliquerait pas, et pourtant je ne fus pas surprise d’essuyer une vilaine balayette au niveau des chevilles. A quoi est-ce que je m’attendais au juste, à mettre la pâtée à une bodyguard professionnelle d’une simple pichenette ? Moi qui me battais comme une fille ?
Une fille-louve de la mafia, mais tout de même, mon quotidien consistait plus à batailler avec les ouvertures de soutien-gorge qu’avec des prises de catch…

Heureusement, mon instinct animal réussit à reprendre le dessus et me permit je ne sais trop comment faire face, parant un certain nombre de coups, en rendant certains, nous entraînant Meluxine et moi dans une rixe qui aurait pu faire la fortune du QS si seulement elle avait eu lieu dans une piscine de boue.

Alors que nous roulions-boulions sur le sol, une partie de moi ne pouvait s’empêcher de penser que cette situation était parfaitement ridicule, qu’il fallait en finir et faire le job qu’on m’avait demandé : transmettre mon virus. C’est alors qu’au cours d’une empoignade j’attrapai l’avant-bras dénudé de la jeune femme et que mon sang ne fit qu’un tour : c’était maintenant ou jamais !

Je l’attirai alors vers moi en la tirant d’un coup sec, ce qui me permit de porter ce morceau de chair à ma bouche, et de planter franchement mes crocs dedans. Je préférais y aller un bon coup, comme un bourreau avec une hache bien affutée, que d’y aller doucement mais de devoir y retourner plusieurs fois, la pauvre Meluxine méritait plus d’égards qu’Ann Boylenn…

HRP:

Je restais immobile, la mâchoire serrée sur l’avant-bras de Meluxine avec cet horrible goût ferreux du sang dans la bouche. Je détestais ce goût, car il me rappelait mes premières pleines lunes, après lesquelles je me réveillais nue dans un endroit inconnu, la bouche dégoulinante et le corps tout poisseux sans avoir aucune idée de ce que j’avais bien pu faire…

Je tenais tellement à être efficace que je pense avoir perdu la notion du temps à ce moment-là car c’est ma pauvre victime qui me demanda de lâcher prise.
En sursaut, je réalisai alors que je devais vraiment lui faire mal, et ce pour rien, je me relevai donc, l’air penaude et désolée de la gamine ayant ouvert tous ses cadeaux de Noël à l’avance.

Tout ce manège avait-il servi à quelque chose ? Avais-je réussi à transmettre mon virus ? Je n’en savais rien, je ne ressentais rien de particulier en moi, aucune manifestation de mon loup intérieur qui aurait pu être content d’enfanter un petit monstre, non, rien d’autre que cette affreuse culpabilité qui me rongeait les entrailles et emplissait ma bouche, que j’essuyai d’un revers de la main.

Je… Je suis désolée… Bredouillai-je maladroitement. Je… J’espère que je ne t’ai pas fait trop mal, tentai-je de m’excuser, avant de décliner poliment son offre : C’est… Ton offre est très généreuse mais, tu sais, je ne suis pas une combattante, je suis une artiste, toute cette hargne, cette violence qu’il y a en moi, ce n’est pas moi, c’est… L’autre. Je me tut alors, ne souhaitant pas enfoncer le croc dans la plaie en soulignant tout le dégoût que j’éprouvais pour cet être avec lequel j’étais contrainte de partager mon corps.

Mais… Si tu veux je pourrais t’entraîner, maintenant tu pourrais peut-être avoir besoin de 2-3 conseils pour gérer ta nouvelle… Condition ? hésitai-je, car si je me savais très mauvais pédagogue je ne comptais pas la laisser affronter cette situation toute seule, comme j’avais pu la vivre moi.

Llylewin était restée silencieusement dans son coin, préférant laisser les filles régler cela entre elles : à quoi aurait-elle pu servir de toute façon, tenir Meluxine pendant que Wednesday la mordait ? Bien entendu, si la videuse avait décidé d’opposer une résistance trop appuyée elle aurait pu prêter main forte à son effeuilleuse, mais constatant qu’elle savait très bien se défendre toute seule elle avait décidé d’attendre que le combat de catch se passe en se limant les ongles.

Les bruits de lutte avaient cessés, elle se décida donc à poser son nécessaire à manucure pour aller constater les choses par elle-même : Meluxine avait bien été mordue comme en témoignait son avant-bras ensanglanté, le travail semblait correctement fait, ne restait qu’à attendre la confirmation de la prochaine pleine lune pour voir si la greffe avait bien pris.

Good job Wed, je te remercie pour ta participation, fit-elle en tapotant l’épaule de la jeune femme, tu peux disposer au lieu de rester plantée là comme une godiche, vous discuterez des différentes façons de vous lustrer la fourrure plus tard ! lui dit-elle d’un ton ferme. Cette approche pouvait paraître assez brusque, mais elle ne comptait pas s’attarder sur ce qui venait de se passer et laisser les deux filles donner dans le pathos : elle venait de donner à Meluxine une espérance de vie doublée, une immunité à quasiment tous les problèmes de santé et une force surhumaine en contrepartie d’une soirée off par mois, pas de quoi en faire tout un plat !

En attendant que la lycane la plus ancienne quitte les lieux, la vampire se saisit d’une bouteille de vodka et d’une taie d’oreiller qu’elle tendit à la louve nouvelle version afin qu’elle s’occupe de sa plaie, qui si tout se passait bien ne mettrait pas trop de temps à cicatriser.

On ne saura pas si l’opération a marché d’ici la prochaine pleine lune, qui aura lieu dans 13 jours exactement. Mais si d’ici là tu commences à ressentir des changements et une certaine allergie à l’argent, tu seras en bonne voie. Des questions ?

Llylewin ne s’attendait pas à ce genre de questions pratiques : elle pensait à des questions sur sa nouvelle condition, les modalités de transformation… Mais non, elle s’inquiétait pour les aménagements de pleine lune.

Ne t’inquiète pas, nos mécènes ont une connaissance appuyée du monde de la nuit, je suis sure qu’ils auront des solutions adéquates à nous proposer, mais je retiens ton idée de la cave, elle pourrait bien nous servir en-dehors des nuits de pleine lune.

Toute une ribambelle d’images peu recommandables incluant menottes, cages, fouets, latex et billets de 500€ défila devant ses yeux avant de se concentrer à nouveau sur l’instant présent.

Je ne suis pas une grande stratège militaire, mais à mon avis le temps n’est pas encore à la riposte, mais à la reconstruction. Pour le moment, nous ne sommes qu’une bande de gonzesses vivant dans un chantier avec une gamine en bas âge, pas vraiment l’idéal pour vendetta…

Reconstruisons le QS, consolidons-nous, recrutons des nouvelles filles, faisons nous de l’argent pour nous remplumer, testons nos nouveaux alliés pour voir ce qu’ils ont dans ventre, ensuite on avisera. De toute façon si on tente quoi que ce soit maintenant contre les négros qui nous ont attaqués, on perdra. Fortifions-nous et gardons un œil sur l’Eventreur Insomniaque pour le moment, et s’ils tentent à nouveau quoi que ce soit contre nous…

La vampire se dirigea vers un coin de la pièce, et se saisit d’une masse oblongue d’un bon mètre de largeur cachée sous un drap,

… Je pense que tu en feras meilleur usage que moi, fit-elle en dévoilant la lame japonaise qu’elle avait gagné au Bloody.

Effectivement, c’est bien mon prix du Bloody Valentine. Je me suis dit que ça te serait plus utile pour nous protéger des méchants qu’exposé au-dessus de mon bureau pour dissuader les mauvais payeurs, plaisanta-t-elle, un rictus au coin des lèvres.

Llylewin avait longtemps réfléchi sur le devenir de cette arme. La revendre ? Malgré son prix plus qu’attractif, cela ne la tentait pas plus que ça, car pour en tirer les meilleurs bénéfices elle aurait été obligée de faire toute la lumière sur son origine et ainsi attirer la convoitise des fétichistes de tout bord. La garder ? Oui, mais pourquoi faire ? Lui faire prendre la poussière dans un carton ou à côté des limes à ongle ?
Non, le mieux était de la donner à quelqu’un capable d’exploiter son potentiel au maximum, et Meluxine s’était tout de suite imposée comme la candidate idéale.

A son grand étonnement, ce qui préoccupait le plus la garde du corps n’était pas sa nouvelle condition ou son nouveau jouet, mais l’imminence de la prochaine pleine lune. Frisait-elle le burn out pour être ainsi obsédée par la sécurité du bordel ?

Ne t’inquiète donc pas, c’est moi la patronne, c’est à moi de gérer ce genre de chose.
Toi, pour le moment ton job est de te reposer et d’apprivoiser ta nouvelle personnalité ! Il est évident que 13 petits jours ne suffiront pas pour creuser les fondations, créer un sous-sol et l’aménager de façon sécurisée. Pour cette pleine lune là, tu iras avec ma nounou, qui bénéficie des installations de la Steel Tower. Elle m’a raconté que certains bureaux étaient aménagés en sorte de cellules matelassées sécurisées pour les employés qui souhaitent passer tranquillement leur mauvaise période du mois, je te réserverais une de leur suite.

La vampire se dirigea alors vers le mini bar dont elle sortit une bouteille de Scotch Wisky seize ans d’âge, dont elle déversa une bonne rasade dans un verre qu’elle tendit ensuite à la nouvelle lycane.

Tiens, c’est bon pour ce que tu as. Je t’ai réservé une chambre à l’hôtel des Catacombes pour que tu prennes un bon bain et que tu passes une nuit reposante pour te remettre de tes émotions, ça te changera un peu des gravats et de la poussière !

From <<<

Après avoir été chercher des réserves chez l’apothicaire – de la version soft, vu que la version hard semblait un poil trop bien dosée pour le commun des mortels – Llylewin avait décidé d’emmener son comparse dans son antre.

Certes, avec les travaux et la poussière, le décorum n’était pas spécialement reluisant mais c’était tout ce qu’elle avait à lui offrir pour le moment, et la salle de vie des girls leur servant de cuisine et de salon était quant à elle terminée, mis à part quelques traces de pas d’ouvriers étant venus se servir de la cafetière en douce, l’ensemble était flambant neuf une fois qu’on avait fermé la porte.

Invitant Elijah à prendre place autour de la table de la cuisine, elle lui annonça :
Je pense que nous serons plus au calme ici, si on exclut le bruit des bétonnières : pas d’yeux indiscrets, pas de petits jeux à jouer, nous pourrons réellement aller à l’essentiel…

Montrant les placards d’un grand geste de la main :
Ici se trouvent les réserves des girls et les fins de stock de notre bar, je vous invite donc à nous concocter un petit cocktail et à y doser sagement votre substance, en attendant je vais vous laisser travailler au calme et aller à la pêche au cobaye, ça ne sera pas très long.

La maquerelle s’éloigna alors et disparut dans le brouhaha des ouvriers, à la recherche d’une proie innocente.

Tout s'était enchaîné très vite ce soir, les événements étaient encore flous dans la tête de l'apothicaire qui suivait mécaniquement Llylewin, le menton enfoncé dans le col chaud de sa veste, sans un mot. Il était comme dans un mauvais rêve, incapable d'affirmer que ce qui venait de se passer avait été bien réel, mais avec le sentiment d'angoisse et les mains moites comme après un réveil brusque. Pour couronner le tout, il n'avait plus une seule cigarette à allumer pour lui permettre de remettre ses idées en place. Par chance, la vampire demanda à faire un crochet par la boutique afin de reprendre de quoi préparer une nouvelle dose de DLM et ainsi tester le produit dans des conditions plus adéquates. Cook n'était plus très chaud, l'expérience du début de soirée l'avait quelque peu refroidi, mais sa cliente avait insisté pour continuer le test.

La halte ne dura pas plus d'un quart d'heure, Elijah connaissait l'emplacement de chaque ustensile sur le bout des doigts, et les deux silhouettes embrumées se faufilèrent dans la nuit froide jusqu'à ce qui semblait être le quartier général de la belle vampire. L'intérieur encore en chantier ne rassurait pas l'apothicaire qui se contentait d'avancer dans les pas de Llylewin tout en cherchant d'éventuelles issues de secours en cas d'embrouille. Mémoriser le chemin pouvait s'avérer vital en cas de repli précipité. Ils arrivèrent enfin dans ce qui semblait être une salle de détente, finie par rapport au reste des locaux, dans laquelle Elijah fut invité à s'asseoir autour d'une petite table afin de préparer une nouvelle dose de sa mixture.

Ce n'est qu'une fois que sa cliente eut quitté la pièce à la recherche d'un ultime cobaye qu'Elijah rassembla toute sa concentration. Il ouvrit son sac et en sorti un petit système de réchaud à alcool qui flamba aussitôt que l'Apothicaire craqua une allumette à proximité. Elijah utilisa également l'allumette pour la cigarette qu'il serrait entre ses dents depuis quelques minutes, si bien que le filtre en était devenu maintenant humide. Il posa ensuite sur son réchaud un petit récipient en verre destiné à accueillir les différents ingrédients à infuser. Un petit tube, en verre également, attendait de recueillir l'essence de la mixture contenant les substances actives de la drogue. Le petit laboratoire portatif de chimie était en place.

La pièce était maintenant emplie d'un mélange odorant relativement désagréable, mixant des saveurs d'alcool à brûler, de flore et de clope. Une atmosphère dans laquelle Elijah se sentait parfaitement bien et qui lui permit de reprendre totalement le contrôle sur son karma. Il avait revu les dosages afin de trouver un bon équilibre dans la balance des effets, et ainsi éviter les désagréments rencontrés au Bloody. Si tout se passait comme prévu, cet essai devrait être le dernier. La drogue de synthèse décantait tranquillement dans un petit glouglou discret alors que l'apothicaire tirait silencieusement sur sa blonde, recrachant la fumée par le nez, relaxé et satisfait.

Encore une petit dizaine de minutes et il allait avoir une dose de DLM amoindrie par rapport à celle du premier essai, tout en espérant que cette fois, sa cliente ne lui ramène pas un enfant n'ayant même pas encore tiré sur un joint...

Il ne fallut guère longtemps à Llyl pour revenir en tenant sa "proie" par le bras. La dite proie avait la mine revêche des mauvais jours. Sa chère et tendre patronne l'avait réveillée sans le moindre ménagement alors qu'elle se repostait les yeux très fort, lui parlant d'un boulot à faire ou un truc dans le genre, sans qu'elle n'écoute vraiment de quoi il en retournait.

Elle s'était roulée en boule sous sa couette, espérant se camoufler suffisamment bien pour passer inaperçue mais c'était malheureusement sans compter sur l'œil de lynx de Llyl qui lui avait arraché la couette avec une fourberie égale à sa cruauté.

C'est ainsi que Milie l'avait suivie, portant une tenue minimaliste, un tee shirt rose malabar qui aurait pu appartenir à sa petite sœur de 8 ans - probablement rétréci au lavage, Milie avait du mal avec cette satanée machine - et un shorty assorti qui ne cachait que le strict nécessaire pour ne pas choquer la pudeur plus que de raison. Et, à ses pieds, une splendide paires de chaussons lapins roses dont elle faisait trainer la semelle avec force pour bien montrer à quel point elle ne voulait pas être là.

Elle fronça les sourcils en remarquant où elle était trainée mais s'abstint de tout commentaire, ou plutôt de tout commentaire intelligible, se contentant de marmonner dans sa barbe et de grogner à chaque pas. Elle s'arrêta net en voyant qu'elles n'étaient plus seules et laissa échapper un soupir.

"Nan mais franchement patronne. Me réveiller pour un binoclard ? T'abuses un peu non ?! Et puis, c'est quoi cette odeur chelou ?

Ah euh... ouais... salut jeune homme, ça va bien ?!"

Tandis qu'elle parlait, elle se passait une main dans sa crinière ébouriffée pour tenter vaguement de la démêler et jetait un regard franchement perplexe au nouveau venu.
L'innocence incarnée, je peux vous l'assurer.

Llylewin s’était arrêtée à la première girl qui lui était tombé sous la main, et malheureusement pour elle il s’agissait de Milicent. Sur le moment, l’idée de continuer son chemin pour trouver une autre victime lui avait traversé l’esprit car la maquerelle trouvait que la rouquine était suffisamment à l’ouest comme ça sans risquer d’endommager le peu de neurones fonctionnels qui lui restait, mais elle ne comptait pas non plus faire attendre l’apothicaire toute la soirée.

Elle avait donc pris le parti d’arracher la couette de la rose au bois dormant pour la ramener à moitié réveillée dans la cuisine, où flottait une odeur pour le moins… Spéciale.

Ne faites pas attention à ce que dit cette écervelée, déjà qu’en temps normal ce n’est pas brillant mais là je viens de la sortir du lit… fit-elle à Elijah comme pour s’excuser de l’incivilité de sa girl.
Vous savez, au passage, notre gazinière fonctionne très bien, remarqua-t-elle devant la pseudo kitchenette de camping qu’il avait installé sur la table.

Milicent, tu t’assieds là et tu ne bouges pas ! ordonna-t-elle en tirant une chaise. Monsieur est un de nos collaborateurs qui va nous aider à formuler de nouveaux cocktails pour la réouverture, et nous avons besoin de papilles innoc… Impartiales pour donner leur avis, donc quand monsieur te donnera quelque chose à boire tu m’avaleras ça cul-sec sans discuter, vu ? termina-t-elle sur un ton qui ne laissait pas vraiment place à la discussion avant de se baisser pour arracher les chaussons des pieds de la jeune fille.

C’est pour la benne à gravats, ce genre d’horreurs n’a pas le droit de séjour ici, si jamais un client tombe là-dessus c’est la faillite assurée ! soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. Ne leur avait-elle donc rien appris?

Les deux jeunes femmes firent irruption dans la pièce au moment ou Elijah récupérait les petites gouttelettes d'essence que sa décoction avait donné. L'apothicaire s'empressa de refermer le petit flacon en verre avant de l'agiter délicatement afin d'en parfaire le mélange. La jeune femme qui accompagnait Llylewin, qui était plus jolie que polie, ne semblait pas au courant de ce pourquoi on l'avait fait venir ici. Tant mieux, pas d’appréhension signifiait une réaction spontanée aux effets du DLM.

Elijah ne releva pas la remarque déplacée de la jeune cobaye et souffla sur la flamme bleue de son petit alambic en kit afin de le laisser refroidir avant de le ranger dans sa petite sacoche. Il ne releva pas non plus la remarque de Llylewin concernant la gazinière, il ne voulait pas prendre le risque de louper le dernier échantillon test parce qu'il n'aurait pas maîtrisé la flamme crachée par le brûleur, mais ça, il était inutile de le préciser.
Il porta son paquet à sa bouche et en saisit une cigarette à l'aide de ses dents, tout en tendant la fiole à sa cliente. Après avoir allumé sa blonde et crapoté les deux premières bouffées, il prit la parole sur un ton calme et assuré.

- Bien voilà ce sera moins fort que les précédents essais, je vous laisse le lui donner, question de principe.

Elijah ouvrit sa sacoche en deux et y plaça délicatement ses ustensiles encore tièdes avant de refermer la fermeture zip d'un coup sec. Il tira une nouvelle fois sur sa cigarette avant d'ajouter.

- Je vais rester le temps du test, mais je ne vous cache pas que j'ai hâte de retourner chez moi. Puis il se tourna vers Milicent. Ah oui, et je vous rassure, je n'ai pas besoin de vos "services", j'estime dans ce domaine que l'on est jamais mieux servi que par soi même. Maintenant, si vous voulez bien vous donner la peine. Ah oui, et bon voyage...

L’apothicaire ne semblait même pas l’écouter, et lui tendit une petite fiole censée contenir la nouvelle version du précieux nectar. Partisan du moindre effort, il ne se donna pas la peine de la diluer lui-même dans une boisson quelconque, aussi c’est en levant les yeux au ciel que la maquerelle entreprit de transformer ce liquide peu engageant en boisson que Milicent accepterait d’ingurgiter sans être ligotée avec un entonnoir dans la bouche.

Après avoir négligemment jeté les horribles pantoufles à la poubelle, elle alla farfouiller dans les placards de la cuisine, et mélangea dans un grand verre une bonne dose de cointreau et de vodka. Continuant son excursion par un petit tour dans le frigo, elle ajouta du jus de cranberry qui trainait par là et un peu de jus de citron avant d’apporter la touche finale en vidant la fiole à l’intérieur.

Mélangeant le tout à l’aide d’une petite cuillère, elle tendit ensuite le verre à Milicent :
Comme je te l’ai dit, j’ai besoin de ton avis pour tester notre nouvelle gamme de cocktails pour la réouverture… Là il s’agit d’une version du Cosmo un peu plus corsée que d’habitude, tu me diras ce que tu en penses !

Les yeux plissés et la mine revêche, Milie s'installa quand même sur la chaise, les bras croisés sans rien dire. Après tout, la patronne restait la patronne, aussi vile et cruelle soit-elle. Et quand elle donnait un ordre, il valait mieux obéir si on tenait un tant soit peu à ses miches. Et la jeune femme y tenait tout particulièrement même si l'idée de boire cul-sec un breuvage préparé par un parfait inconnu qui avait l'air d'être tout droit sorti d'un labo de chimiste après une explosion.

Pourtant elle ne put s'empêcher de pouffer de rire à sa remarque, sans tenir compte de son ton de voix peu affable.

"Alors là, je suis pas d'accord. Je suis persuadée que je saurais vachement mieux me débrouiller que vos mains ! Enfin euh… c'est pas le sujet je crois bien… hem…Comment ça bon voyage ?"

Avant qu'elle ne continue à raconter n'importe quoi elle poussa un petit couinement en voyant que Llyl détruisait ses précieux petits chaussons lapinous. C'est vrai quoi, si on avait même plus droit de s'habiller comme on voulait, où allait le monde, moi je vous le demande ! Toujours est-il qu'elle fixait sa patronne d'un regard assassin, essayant mentalement de lui jeter un mauvais sort comme elle avait vu dans le film devant lequel elle s'était endormie. Avec un peu de bol, ça marcherait et la patronne serait un crapaud avant même qu'elle n'ait eu le temps de dire ouf.

Malheureusement, les pouvoir de Milie étaient particulièrement limités et elle se retrouva avec un cocktail sous le nez. Le reniflant d'un air tout sauf rassuré, elle poussa un soupir et se décida à boire sans moufter, sachant pertinemment que ça ne ferait que retarder l'inévitable. Ce ne fut pas un cul-sec mais pas loin. Mine de rien, la demoiselle avait un levé de coude non négligeable même si elle avait appris depuis longtemps quelles étaient ses limites en matière d'alcool et avait développé une remarquable résistance à ses effets secondaires ou, tout du moins, n'était-elle pas dans un état pire que d'habitude quand elle buvait.

Alors qu'elle finissait son cocktail, elle fixa le binoclard, puis sa patronne, puis de nouveau le binoclard avant d'éclater de rire et de reposer son verre sur la table sans le moindre ménagement. Elle venait, l'espace d'un instant d'imaginer Llyl porter les lunettes de son nouvel "associé" et de le voir lui-même dans la tenue de sa patronne. Et, allez savoir pourquoi, cette idée provoquait en elle un fou-rire de plus en plus difficile à contrôler tandis qu'elle se tortillait sur sa chaise mais à peine plus que d'habitude.

"Ouhouuu ! Il détonne ton cocktail patronne… hihihi…Il est vachement bon…"

Malgré le fou-rire qui ne semblait pas vouloir la quitter alors qu'elle essayait de se calmer en vain, elle tentait de réfléchir à cette drôle de sensation qui l'envahissait. Alors que quelques secondes auparavant elle n'avait qu'une envie c'était étriper la patronne, ou tout du moins essayer, elle se sentait maintenant en paix avec le monde entier et pour un peu, elle se serait presque levée pour lui faire un gros bisou bien baveux. Une fois de plus, cette idée fit repartir son fou-rire de plus belle, les larmes commençant à perler sur ses joues alors qu'elle arrivait à peine à reprendre son souffle.

"Ouuhouuu… mais il se passe quoi là ?"

Llylewin donnait l'impression d'activer son employée afin de ne plus perdre de temps à de stériles conversation, au plus grand bonheur de l'apothicaire. La jeune cobaye s'éxécuta, peut être par crainte des représailles de la part de sa maquerelle, ou peut être simplement par dévouement. Elijah s'en foutait, il voulait tout bonnement voir sa drogue donner les effets attendus par sa cliente, se faire remercier, et repartir avec une commande qui lui assurerait un mois bien tranquille, ou plus si affinités. Le verre était maintenant vide... le tic tac de la montre de l'apothicaire résonnait dans sa tête comme un roulement de tambours.

La jeune femme commença à rire de façon insistante. Cook Jr ne savait pas si il devait se réjouir, ou s'il devait se sentir insulté par le fait que la cobaye ait ri juste après l'avoir dévisagé. Il adopta finalement un petit sourire en coin satisfait. Il fallait maintenant prouver à sa cliente que sa drogue donnait également une envie particulière de s'adonner aux joies de la débauche, mais il ne se sentait pas l'âme d'un Dom Juan, et n'avait aucunement envie de s'éterniser ici, il fallait une tierce personne. En posant ses yeux sur la maquerelle, il eut un éclair qui, dans sa tête, semblait être une idée de génie. Il préféra finalement joindre l'utile à l'agréable... Elijah ajusta ses lunettes et s'alluma une nouvelle cigarette avant de fixer Llylewin, avec un regard des plus neutre possible.

- Bien, maintenant si vous voulez... tester son excitation, je suis sûr qu'elle est plus chaude que le coeur du soleil lui même... Vous pouvez tester allez y, moi je ne joue pas.

Il espérait vraiment que la maquerelle fasse le test elle même, il n'avait pas envie d'attendre que l'on aille chercher encore un larbin, ou qu'il faille débattre encore de longues minutes afin de savoir qui s'y collerait. La vampire devait avoir l'habitude de ce genre de pratique, comment l'avait elle embauché après tout, et puis, c'était aussi une façon pour Elijah de partir d'ici avec de bons souvenirs, et ainsi, faire de jolis rêves.

La maquerelle scrutait avec une certaine appréhension les effets de sa petite expérience : en effet, les deux premières de la soirée s’étaient soldées par ce qu’on pouvait appeler un fiasco, et elle n’avait pas spécialement envie d’abîmer sa marchandise. De plus, son idée de cocktail euphorisant lui tenait assez à cœur, aussi renoncer à ce projet l’aurait fortement contrariée.

A peine Milicent eut-elle reposé son verre qu’elle commença à rire comme une baleine : est-ce que les baleines riaient, ça c’était une bonne question, mais si c’était le cas et que le rire était proportionnel à leur poids cela devait correspondre assez bien à la situation : la jeune femme se bidonnait à s’en donner des crampes aux abdos.

*Bon, au moins elle est joyeuse, c’est déjà pas mal*

Alors qu’elle observait attentivement son cobaye pour voir la suite des évènements, l’apothicaire lui jeta une suggestion pour le moins perverse : tester elle-même l’effet aphrodisiaque sur sa girl.
La vampire lui jeta un drôle de regard, à mi-chemin entre le « Roh, la flemme » et « Non mais ça va pas la tête ! »

Non pas que Milicent ne soit pas à son goût, mais Llylewin ne frayait jamais avec ses employées, du moins plus depuis qu’elle avait accouché, et surtout pas avec celles qu’elle avait plus envie de taper que de se taper.

Mais dites-moi, ce n’est pas à vous d’assurer le service après-vente roudoudou ? Et puis franchement, une belle jeune fille comme ça qui s’offre gratuitement, ce n’est pas une offre qu’un mâle normalement constitué refuserait, à moins que… Vous ne soyez un sympathisant de la braguette arrière ? demanda-t-elle à Mr.Cook dont la tête mentionnait clairement que la seule calotte qu’il accepterait de tripoter ce soir serait celle du cercle polaire Arctique.

Regardant tour à tour Milicent, puis Elijah, la maquerelle se décida à passer à l’action, puisqu’il lui fallait tout faire elle-même, et enlaçant la jolie rouquine l’embrassa à pleine bouche, un vrai french kiss du tonnerre.