L’unité lycane anglo-saxonne était finalement arrivée à destination et avait encerclé la ville de Galway afin de l’assiéger. Cette stratégie poursuivait deux objectifs : attendre la pleine lune afin que les forces soient optimales, mais aussi engourdir la vigilance de l’ennemi. Une fois retranchés sur eux-mêmes, surs de leur protection, ils finiraient par « s’habituer » à leur présence et à relâcher leur vigilance.

Les militaires avaient donc établi leur campement à une distance respectable de la muraille afin d’éviter les tirs d’archers tout en restant suffisamment proches pour ne permettre aucune allée et venue.
Tous connaissaient bien la stratégie du Général de Burgh qui se terminait toujours en boucherie générale, et si cela ne leur posait pas de problèmes moraux – ils étaient des soldats après tout – ils n’appréciaient guère de donner autant de leur personne pour un roi qui ne leur montrait aucune gratitude et gardait la gloire de leurs actions pour lui seul.

La nuit, alors que Cloud et Marcus étaient de garde autour d’un bon feu de camp, Cloud décida de faire part de ses idées à son frère d’armes : pourquoi ne pas garder la ville pour eux, une fois l’attaque menée à bien, et inféoder l'armée lycane de leur roi inutile ?

Sexe: Masculin

Age: 32 ans

Race: Lycan

Marcus se montre le plus souvent froid et taciturne, n’exposant que très rarement, sauf à ses proches et uniquement si on le lui demande, le fond de sa pensée véritable. Son passé et ses multiples expériences difficiles ont largement contribué à ce caractère ombrageux.
Il se sait redevable envers l’armée d’Angleterre. Dans cette logique, il a la réputation d’un bon soldat, doté d’un solide sens moral, ainsi que de l’honneur. Parfois dur, mais toujours dévoué envers ses camarades, chacune de ses cicatrices est une histoire qui raconte son implication au combat.
Au fil des années, il a appris à mieux maîtriser sa malédiction ainsi qu’à canaliser sa fureur durant ses transformations. Cependant, mieux il apprit à contrôler sa déviance nocturne et plus une certaine tristesse commença à grandir en lui au quotidien. Sentant que quelque chose n’allait pas dans sa vie, il s’est de plus en plus renfermé sur lui-même. Ce malaise se montre visible pour ses proches par la distance de plus en plus flagrante qu’il instaure avec certains, surtout vis-à-vis de sa hiérarchie.

Marcus n’a pas eu une enfance facile : orphelin très jeune, il a grandit dans la rue en vivant de la mendicité et du fruit de ses menus larcins. Une mauvais rencontre alors qu’il avait 15 ans l’affubla d’une horrible malédiction qui le faisait se transformer en monstre les nuits de pleine lune et commettre des actes innommables : il ne s’en souvenait jamais, mais le sang dont il était recouvert et dont sa bouche était emplie le lendemain se chargeaient de lui donner quelques indices sur ses occupations nocturnes.
Une nuit alors qu’il était sous le coup de la malédiction, il fut attrapé et condamné à mort, mais le général de Burgh vint le sauver in extremis en lui proposant de racheter ses fautes en servant son pays. C’est ainsi qu’il intégra l’armée d’Angleterre à l’âge de 19 ans pour la servir corps et âme, ce dont témoignent ses nombreuses cicatrices.

Sexe: Masculin

Age: 27 ans

Race: Lycan

Cloud était ce qu’on appelait un bâtard: fils naturel d’une servante et d’un riche seigneur anglais, il passa son enfance livré à lui-même dans les écuries du château, délaissé par sa mère qui voyait en lui la matérialisation de sa déchéance sociale.
Un beau jour, alors qu’il venait d’avoir 18 ans, il se fit plus ou moins enrôler contre son gré dans l’armée : soi-disant que son pays avait besoin de lui, et qu’il n’avait plutôt pas intérêt à refuser cette offre. C’est donc bon gré mal gré qu’il fut recruté puis transformé par le général de Burgh qui lui fit intégrer l’unité lycane.
Etait-il heureux de son sort ? Il ne le savait pas trop. D’un côté, il était ravi d’être sorti de ses écuries pour voir le monde mais de l’autre il n’appréciait guère la hiérarchie et les ordres militaires, lui qui avait toujours été son propre maître.

La nuit venait de tomber sur la plaine entourant les fortification de la ville de Galway. En pleine guerre d'usure, l'armée Anglo Saxonne n'avait toujours pas tenté d'attaque massive pour prendre la ville, attendant patiemment la pleine lune pour frapper fort.
Le moral des soldats, rompus à cette stratégie était au beau fixe. Cependant, ce n'était pas le cas de tous. Assis auprès d'un feu qui avait autant pour fonction de réchauffer que de rappeler aux ennemis leur présence ; occupé à se faire griller un morceau de viande fiché au bout de son épée, Marcus ne cachait même plus l'amertume qui semblait être apparu chez lui depuis quelques jours. L'ennui quand un soldat restait inactif, c'est qu'il avait tout le temps de réfléchir. Surtout lorsqu'il était collé de garde comme ce soir...
Une garde bien inutile à son avis. La population même de Galway semblait s'être résignée à son sort et n'avait plus tenté aucune sortie depuis longtemps.

Mais ce n'était pas ces préoccupations guerrières qui occupaient l'esprit du Lycan... Plus rien ne semblait le satisfaire ce soir, pas même cette infecte viande qui prenait un malin plaisir à tester la solidité de ses dents...

De dépit il recracha dans le feu le morceau qu'il était parvenu à arracher à son épée. Il en vint à se dire qu'il aurait meilleur compte de partir lui même en chasse s'il voulait changer son ordinaire.

Un bruit de pas dans l'herbe folle vint interrompre ses réflexions. Il s'agissait de Cloud, son compagnon de garde pour la nuit. Un soldat qui n'avait pas très bonne réputation auprès de ses camarades, mais qu'il ne s'était lui même jamais permis de juger. Son caractère discret et taciturne s'accordait parfaitement avec le siens et il n'avait jamais eu à se plaindre des quelques fois où ils avaient dû faire équipe. Tout deux savaient qu'ils avaient des choses en commun et il lui concédait un minimum de respect pour cela. Il le considérait même plutôt comme un véritable frère d'arme et un ami, si tant est que ce mot ai un sens dans l'armée...

Tournant la tête dans sa direction, il ne lui adressa aucun sourire pour l'accueillir. Juste lui jeta-t-il à ses pieds une portion de cette viande minable au cas où il souhaiterait tenter l'expérience. Lui venait déjà d'y renoncer pour s'attaquer à une gourde de vin pas trop mauvais qu'il avait réussit à voler au cuistot.

Après avoir bu quelques gorgées, il consentit tout de même à adresser la parole à son partenaire histoire de ne pas briser les derniers liens sociaux qu'il avait encore avec quelques uns.

" La nuit fait pas honneur à ta sale gueule Cloud ! J'ai cru qu'un ours venait m'attaquer... La viande c'est juste parce que j'espérais le faire fuir."

Les vannes de ce genre étaient courantes dans l'armée, ce n'était cependant pas une marque d’antipathie ici. Juste un moyen comme un autre de communiquer. Cloud put en avoir la preuve lorsque Marcus lui lança sa gourde de vin afin qu'il puisse se désaltérer à son tour.

" De ton côté... Rien à signaler ? "

Cloud était comme à son habitude de bien sale humeur. Il était de garde cette nuit, une mission que l’homme n’aimé pas particulièrement. Il faisait partie de la troupe lycanne, et avait suffisamment chère payé sa promotion. Se retrouver autour d’un feu était pour lui un affront, une humiliation, voir même une insulte à ce qu’il était devenu. Il rejoignit son compagnon d’infortune qui semblait s’acharner sur un morceau de viande, avant de saluer son arrivé comme il se devait.
Cloud regarda le morceau de viande tomber devant ses bottes et répondit sur le même ton.

« Il fait pas encore assez noir à mon gout Marcus, j’arrive encore à voir ta gueule. »

Cloud vint s’asseoir à coté des flammes tout en saisissant la gourde, le remerciant par un sourire en coin.

Il prit une large rasade avant de rendre la gourde à Marcus.

« Nan rien à signaler, c’est calme comme la mort. »

Cloud regarda furtivement le morceau de viande sur le sol. Pour le lycan la situation était comme ce morceau de viande… En train de pourrir. Et lui qui d’habitude était eu loquace décida de rompre le silence.

« Soirée de merde, regarde nous, l’élite de l’armée, ceux qui ont réussis à prendre cette foutu ville à jouer les toutous de gardes ! Situation de merde ! »

Il cracha dans le feu, un moyen de montrer tous le mépris qu’il avait face à la situation.

Marcus reprit la gourde d'un geste vigoureux pour la porter à ses lèvres et boire aussi salement que faire se peut. La piquette dont il s'abreuvait, depuis un bon moment déjà, avait au moins le mérite d'engourdir ses sens et de le rendre légèrement plus locace. Du moins, de prendre au moins la peine de répondre aux remarques qui lui étaient faites.
Il passa sa main sur son visage afin d'en effleurer les cicatrices. Chacunes d'entre elles racontaient son histoire au sein de l'armée. Ainsi répondit-il légèrement désabusé à son compagnon de la soirée.

" C'est le visage de ceux qui ont déjà eu à combattre et non pas seulement massacrer... Tu aurais le même si ça t'étais arrivé ne serait-ce qu' une fois dans ta vie."

Il s'était permis une pique plutôt méchante envers son compagnon d'arme, mais c'était également une manière de dire qu'il était assez d'accord avec son propos. Depuis quelques temps, trop de temps en fait, ses activités au sein de l'armée ne se résumaient qu'à une succession de massacres, sans grand danger pour le rouleau compresseur qu'était la faction lycanne. Écraser à coup de masse un ennemi qui se bat au lance pierre. Telle était la stratégie du général de Burgh... Si au moins il s'agissait de soldats... Mais quand les loups garous étaient lâchés, rien, pas même les civils, y compris femmes et enfants n'en réchappaient. Ce n'était plus de la guerre... Leur chef lui avait promis le rachat de ses fautes, mais ou se trouvait la rédemption dans tout ça ? Au contraire, depuis qu'il contrôlait et canalisait de mieux en mieux sa malédiction, le souvenir du visage de ses victimes hantait de plus en plus Marcus qui se sentait s'abîmer chaque jour un peu plus dans la tristesse.

Il se releva alors pour assouvir un besoin naturel contre un arbre tout proche. Ce qui ne l'empêcha pas d'ajouter à l'intention de Cloud.

"Si ça peut te rassurer, la ville n'est pas encore prise... Attendons au moins l'assaut final avant de fanfaronner... Là tu pourras assouvir ta soif de sang et de tuerie à loisir."

Il avait dit cette dernière phrase en affichant clairement un ton sarcastique. Tout en égouttant ses dernières gouttes d'urines, il tourna légèrement la tête en direction de son interlocuteur.

"Je ne devrais pas te le dire... Mais moi, c'est pas l'inaction... Mais plutôt cette dernière perspective qui commence à sérieusement m'emmerder..."

Cloud écoutait les propos de son compagnon d’arme, tranquillement, alors qu’il louchait sur le morceau de viande posé sur le sol. Hésitant encore sur la solution la plus plaisante, à savoir rester à contempler le morceau de barbaque en crevant de faim, ou tenter l’expérience en mordant dedans.
Il ne put s’empêcher de sourire à la pique lancé par Marcus, mais il n’avait pas tort, il n’y avait rien de plus efficace qu’une bonne boucherie…

« Félicitation, tu pourras te vanter d’avoir combattu avec ta sale gueule seul au bar, pendant que je serais à l’étage en train de baiser tranquillement grâce à ma boucherie. »

Finalement il opta pour le second choix et balança un coup de pied dans la morceau de viande.

« La ville, la ville… Tu parle on va se taper le sale boulot, et puis dès que la ville sera prise, on va nous demander de rentrer dans nos joli petite cage pendant que je ne sais quel trou du cul va récolter la gloire en expliquant a quel point il a été héroïque alors qu’il à passé tout l’assaut le cul dans son petit siège molletonné sirotant son petit verre attendant que le boulot soit fait… »

Cloud regarda le morceau de viande disparaître dans les flammes crépitantes, avant de rajouter.

« Sérieux ça te fait pas chier toi de te retrouver à te les geler devant un feu toute la nuit, te taper le sale boulot le lendemain et après retourner tranquillement à la niche la queue entre les jambes ? »

Une fois sa petite affaire terminée, Marcus retourna en direction du feu afin de se réchauffer un peu les mains, tout en contemplant le morceau de viande faisandé qui commençait déjà à noircir et à siffler dans les flammes. Il ne jugea pas utile de répondre à la remarque de Cloud sur ses exploits sexuels et sanglants. Chacun avait sa propre manière de se divertir et il n'était pas là pour le juger.

L'intelligence, surtout l'intelligence militaire, n'avait jamais été le fort de Cloud... Mais au moins respectait-il sa franchise et son naturel

En revanche, les propos qu'il tint par la suite... Il ne pouvait s'empêcher de les relever.

"Je suis un soldat... Tuer d'autres soldats ennemis parce que c'est mon devoir, pour rentrer à "la niche", la queue entre les jambes... ça ne me dérange pas trop... c'est mon métier.

Même la méthode du "vieux", je suis plutôt d'accord avec elle si ça permet d'éviter des pertes dans nos propres rang... ça s'appelle de la stratégie.

Non moi ce qui m'emmerde, c'est qu'après les soldats ennemis, nous allons poursuivre notre élan. Derrière se trouve une ville... Avec une population de femmes et d'enfants... Que nous allons traquer et massacrer jusqu'au lever du soleil."

Il se tourne alors en direction de la ville assiégée pour en admirer les feux dans la nuit. Tout paraissait si calme avant la tempête qui s'annonçait. Il répondit alors, sans pour autant baisser la voix, semblant se moquer éperdument de si leur conversation pouvait être surprise ou non. Il était sûr que non de toute façon.

" Ainsi demain, nous allons partir à l'assaut, faire notre soit disant boulot de soldat, puis rentrer bien sagement au chenil pendant qu'un général s'appropriera les lauriers de cette victoire que l'Histoire, qu'il écrira de ses mains, décrira comme héroïque."

Il sortit ce dernier mots entre ses dents comme si c'était une torture pour lui de salir une nouvelle fois ce mot qu'il respectait pourtant et avait toujours tenté de faire sien.
Pour conclure son Layus, il se tourna enfin en direction de son camarade.

" Mais tu sais quoi ? j'en ai plus rien à branler de tout ça. La prochaine bataille, vous la ferez sans moi. Je plie les gaules ce soir.

Massacrer des civils innocents, ce n'est pas la rédemption que je recherche et que Burgh m'avait promis.

Libre à toi de poursuivre tes petites tueries sans gloire... Moi ce n'est pas la vie à laquelle j'aspire."

Il venait de se rendre compte qu'il n'avait jamais autant parlé que ce soir. Peut être était-ce là les effets conjugués de l'alcool et de la frustration qu'il contenait déjà depuis longtemps. Tout ce dont il était sûr, c'était qu'il se sentait soulagé d'avoir lâché le fond de sa pensée à une personne dont il savait qu'elle saurait tenir sa langue. Après tout, Cloud avait commencé de lui même sur cette voix.
il attendit tout de même la réponse de son compagnon du soir avant de se décider à lui faire des adieux... ou à devoir le faire taire.

Cloud écoutait son compagnon déblatérer ses conneries. Épargner les femmes et les enfants ? Ils étaient des lycanthropes les soirs de pleines lunes combien d’innocents ils avaient déchiqueté sans réellement le savoir ? Alors pourquoi faire comme si on cherchait à épargner des vies alors qu’on était devenu une arme ?

Non pour Cloud c’était de l’hypocrisie… Peut être parce qu’il ne vivait pas si bien que ça sa lycanthropie et qu’il cachait cet état par une recherche constante de boucherie…
Il mit un petit temps avant de comprendre que Marcus venait de lui dire qu’il raccrochait, qu’il voulait en finir avec ça, mais quand il comprit sa réaction fut fulgurante.

« C’est ça barre toi espèce de lâche. Regarde toi ! Un lycan qui n’assume pas son état, laisse moi me marrer ! Et tu vas faire quoi déserter ? Voyons voir… Alors soit tu arrives a te barrer et tu vas vivre comme un claudo, ne bouffant des femmes et des enfants plus qu’une fois par mois, soit tu va te faire chopper et te faire fusiller pour désertion, crevant comme une merde piétiné par le mec qui t’a forcé à faire ça… Haha il est beau le héros ! »

Cloud c’était redressé, fixant Marcus.

« Franchement c’est comme ça que tu réagis alors qu’on est en train de te la mettre ? Tu vas te barrer ? Explique moi en quoi ça va empêcher tous ce qui te débecte ! Franchement moi aussi j’en ai marre de ces connards qui me manipulent, et même si je ne suis pas dans ton putain de monde rose ou les lycan se mettent a bouffer des pâquerettes, moi au moins je vais me bouger le cul pour que ça change, je vais… »

Cloud s’arrêta net, une idée venait de germer dans son esprit torturé, mais ce n’était pas le genre d’idées que l’on énonçait à voix haute…

Alors qu'il commençait déjà à s'éloigner du feu, il entendit Cloud l'interpeler et le tancer copieusement sur son attitude. Il ne pouvait pas lui en vouloir... Mais ce n'était pas agréable à entendre tout de même. En tout cas il eu la confirmation que son compagnon d'arme ne maitrisait toujours pas sa transformation autant que lui commençait à le faire.

Ce qui l'ennuyait c'était qu'il avait toujours cru que Cloud valait beaucoup mieux que ce qu'il prétendait être. Il s'était probablement trompé... Mais lui dire comment lui même vivait sa transformation pourrait peut être parvenir à le faire réfléchir sur la sienne.

Il s'arrêta alors pour répondre à son compagnon

" Tu es un crétin..."

Il poussa ensuite un profond soupir de lassitude avant de se retourner. Il n'avait rien contre Cloud hormis cette tare congénitale qu'il ne pouvait pas maitriser après tout...

" Je vais t'apprendre un truc, connards d'attardé... La lycanthropie n'est pas une malédiction qu'on ne peux maîtriser. Loin de là.

Tu dois commencer à avoir des souvenirs de plus en plus précis de tes folles nuit ? Ce n'est qu'une première étape."

Il s'approche alors de nouveau de son interlocuteur, comme pour lui confier un secret. Son expression restait cependant extrêmement blasée.

" Ça m'a demandé du travail mais moi, j'arrive désormais à de vrais moments de lucidité pendant transformation... Avec de la maîtrise... Il est possible de canaliser la fureur et je suis certain qu'on peut encore aller plus loin. Surtout les soirs éloignés de la pleine lune.

Donc libre à toi de rester un clebard en laisse si c'est ce qui te fait bander...
Mais moi, maintenant que j'ai enlevé le collier, j'ai bien l'intention de vivre comme je l'entends. Mais t'en fais pas pour moi, j'ai des projets d'avenir beaucoup plus amusants que de devenir clodo."

La colère de Cloud était telle qu’il ne contrôlait pas forcément ses paroles, il sortait tous ce qu’il avait en lui, tous ce qu’il avait enfouit depuis bien trop longtemps à l’intérieur.

« Félicitation, maintenant tu arrive à calmer ta bestiole, et tu tues une personne de moins par pleine lune, bravo, et demain sans que ta bestiole intervienne tu vas en buter combien ? »

Il donna un violent coup de pied dans un morceau de bois, à proximité du feu.

« Mais putain regarde nous ! En devenant ce qu’on est on a tout perdu, tu crois vraiment qu’en contrôlant un peu ton lycan tu vas réussir a avoir une famille ? Que tu vivras pas dans la crainte de les bouffer un jour ? On leurs a donner notre vie, et regarde ou on est, devant un feu de camps a bouffer de la viande dégueulasse, en la fermant. Ça te met pas la haine, tu as pas envie d’en finir avec tous ce bordel de pouvoir choisir autre chose que jouer au toutou du générale ou passer ta vie a te barrer parce que poursuivit par le reste de la meute car déserteur ? Bordel tu trouves pas qu’on mérite mieux ? »

Il savait pas trop ou mènerait la discussion, mais bordel qu’est ce que ça faisait du bien de sortir tous ça !

Marcus avait beau philosopher, il fallait admettre que Cloud n'avait pas tout à fait tort. Du moins la colère qu'il exprimait avait bien un fond de légitimité. Cependant cette dernière n'était pas incompatible avec ses propres projets... Il était même possible de s'en servir pour faire quelque chose d'utile.

Un léger sourire cynique sur le visage il répondit alors à son interlocuteur.

"Je n'ai pas parlé de ne plus tuer. J'ai parlé de canaliser la violence. Ce n'est pas du tout la même chose."

Il le regarda alors donner un violent coup de pied dans le feu. Laissant totalement libre cours à sa colère et ses idées de révolte contre un système qui se révélait finalement ne pas lui convenir à lui aussi.

S'il pensait de la sorte également, il y avait effectivement quelque chose de plus intelligent à faire que de se barrer tout simplement du camps.

Il lui fit alors un signe de la main sans équivoque pour lui dire de se calmer tout seul. S'il ne le faisait pas, il n'hésiterait pas à le faire taire lui même. Leur engueulade risquait déjà suffisamment d'attirer l'attention comme ça.

" Tu as raison. Si on ne fait que se barrer, on sera à jamais des fugitifs et ce n'est pas dans mes propres projets...

Mais je maintiens qu'un loup peut vivre parmi les moutons sans avoir à craindre pour son avenir..."

Son sourire se veut carnassier tandis qu'il se tourne en direction de la tente de commandement.

" Il suffit simplement de prendre la place des bergers."

Malgré sa métaphore, sa dernière phrase ne pouvait pas être plus claire. Restait à savoir cependant si c'était réalisable.

" En vérité... c'est cette option que j'avais envisagé en premier lieu... Mais seul, je ne peux rien faire.

Une ébauche de plan avait même déjà commencé à germer en mon esprit."

Le lycan afficha un sourire en entendant les réponses de son compagnon. Ainsi il était du même avis que lui. Il avait sortit ces propos sous l’effet de la colère, sans vraiment y réfléchir, mais maintenant qu’il venait de dire ça, et que Marcus venait de répondre en son sens. Ce qui était d’abord des paroles dites en l’air prirent un tout autre sens.

C’était vrai, ils étaient tous les deux en colères, révoltés, et en réalité du même avis. Malgré leurs différences ils avaient un point commun, ils étaient des pantins, et il était temps que cela cesse !

La colère de Cloud se volatilisa, alors que son compagnon énonçait l’idée de « prendre la place des bergers ». Oui il avait raison il était temps de devenir leurs propres chefs, de devenir indépendant ! Après tout ils étaient sans doute la section la plus puissante de cette armée, ils méritaient donc de commander il méritaient donc cette ville !

« Écoute… »

Le lycan commença a parler moins fort, bien moins fort , car dans un camp les murs avaient des oreilles. Et durant toute la nuit, les deux compagnons parlèrent de la possibilité d’enfin devenir indépendant, d’enfin devenir libre. Une simple discussion autour d’un feu, qui fut le départ d’un événement historique majeur de Galway. Peut être ne se souviendrait on pas des deux soldats qui en furent les précurseurs, de ce moment qui semblait anodin, mais ce fut le premier acte, la première pierre d’un bouleversement historique.