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 Messaline Zingaro

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Invité
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Messaline Zingaro Empty
MessageSujet: Messaline Zingaro   Messaline Zingaro Icon_minitimeVen 16 Déc 2011 - 21:37


Messaline Selana Zingaro

Sexe:
Féminin

Lieu et date de naissance:
Vitebsk, Biélorussie, 17 novembre 1986

Race:
Humaine

Messaline Zingaro Barre_14

Apparence physique:

On dit souvent que Messaline ressemble à un chat, et c’est vrai. Quand elle passe dans les rues, on dirait une chatte de gouttière qui parade sur ses terres, imposant sa présence à tout le monde. Nonchalante et gracieuse, un rien méprisante. La même démarche souple et élégante, soigneusement étudiée, le regard impénétrable, mystère opalin d’ambre sombre à demi-clos par les paupières peintes. Le même mystère, comme un manteau, la férocité cachée comme une lame au fourreau, le reflet cruel d’un regard à qui rien n’échappe, la gourmandise affamée d’un coin de lèvres soulevé au passage d’une proie potentielle. Un chat. Persan, pour l’oeil étroit et lourd, l’arrogance lascive et un peu molle. Siamois pour les membres graciles, la légèreté. Et pour emballer tout ça, comme un écrin, corsets et lingerie fine de cocotte Belle Époque ne sont pas de trop pour mettre en valeur un corps malmené par la drogue et l’alcoolisme, qui n’était déjà pas bien affriolant dès le départ. Mais Messaline a vite apprit que n’importe qui peut plaire aux michetons pourvu qu’on y mette les formes. Aussi, elle sait se faire belle et se mettre en valeur pour faire de sa silhouette quelconque et de son peu de poitrine des armes redoutables quand il s’agit d’embobiner la gent masculine. Au naturel elle est jolie, peau d’albâtre -elle prend soin de son teint, de toute façon en Irlande, les UV se font rares- et chevelure d’ébène, une Blanche Neige un peu spéciale qui aurait croqué la pomme et en aurait redemandé.

Messaline plaît, c’est certain; elle n’est pas sans charme, même s’il est un peu artificiel, un peu osé, un peu poussé, aussi. C’est une femme au look tapageur qui ne passe pas inaperçu, toujours en corsets et jupons, cultivant avec soin une image de courtisane à l’ancienne qui plaît aux esthète et satisfait globalement tout le monde puisqu’une fille de joie, quel que soit l’emballage, reste un produit de consommation. Mais Messaline aime plaire, princesse et fille de rien, madone des trottoirs, en perpétuelle représentation. Tout chez elle est étudié, la pose, les gestes, le moindre mouvement, la moindre pièce de dentelle. Mais ça, c’est quand elle est à jeun... en soirée, c’est une autre histoire.


Signes distinctifs

Aucun.

Messaline Zingaro Barre_15

Si au physique Messaline tient du bouquet de roses -un peu esquinté, mais quand même, au moral, elle s’apparente plus à un champ de ronces. Tortueux, sanglant, hérissé. Messaline est un peu folle, de prime abord, ça fait longtemps qu’elle a dérapé de l’orbite terrestre, pour oublier, un peu, beaucoup, passionnément, les horreurs et les souffrances, l’humiliation quotidienne, pour supporter ce sort sinistre auquel elle s’est elle-même condamnée par paresse. Messaline s’enfuit, dans la drogue, dans l’alcool, parce qu’elle ne supporte plus sa propre lucidité quand elle est à jeun, parce que c’est là que la vérité s’impose à elle, insupportable. Elle n’est pas bête, oh non, elle est même trop intelligente et trop perspicace à son goût, trop pour accepter son sort, alors elle s’étouffe l’entendement, s’abrutit, tout ça pour fuir. La réalité est pour elle une prison insupportable, et il faut des litres d’alcool, des océans de fumée pour qu’elle puisse aguicher les hommes et se plier à leurs désirs, elle qui était si fière, elle qui a au fond d’elle un caractère d’acier dont un vestige plane encore dans ses beaux yeux d’ambre, quand ils ne sont pas embués d’ivresse.
Messaline est pétrie de contradiction, ce qui fait d’elle un chaudron en perpétuelle ébullition, prompte à la colère comme au rire, avec vissé au cœur ce désespoir un peu fou, qui empoisonne chaque sourire, cette certitude de dégringoler dans les abîmes les plus insondables, sans arrêt, comme un pierre lancée dans la mauvaise pente. Elle se perd, et cette perdition, c’est sa vie. Se brûler les ailes, à tous les feux même les plus délétères, consumer tout son être et s’oublier dans les bras des hommes qu’elle aime ou qu’elle hait, dans le cul des bouteilles et les cendres des cigarettes. S’éparpiller à tous les vents pour trouver la mort, à la toute fin, quand il ne restera d’elle presque plus rien.

Elle n’est pas mauvaise, non, elle n’a simplement pas de morale, elle ne pense juste qu’à sa poire, parce que le monde n’a pas été tendre avec elle, parce qu’elle le lui rend bien. Une vengeance? Peut être. Elle ne s’attache pas, ses mots d’amour sont un mensonge - de toute manière, qui croirait une putain?- et ça l’arrange bien, elle qui épouse chaque soir un homme nouveau, elle qui ne craint aucune humiliation, parce qu’elle a déjà tout perdu. Un peu folle, oui. La démence de la tristesse, la rage de la douleur. Un cahot de trop lui a fait perdre les pédales. Ne priez pas pour elle, ne lui pardonnez pas, car malgré toute sa démence et ses folies, elle sait ce qu’elle fait.

Messaline Zingaro Barre_16

Vitebsk n'est pas exactement la bourgade la plus riante de Biélorussie, surtout pas en ce soir pluvieux de novembre 1986, lorsque les gitans arrivent à la nuit tombante. Dans une voiture branlante ils ont placé une femme prête à accoucher, avec son frère et son père pour l'accompagner. Elle tremble de froid, elle a peur, son enfant déchire son ventre gonflé, la fille-mère n'en veut pas, de ce gosse. Elle n'en a jamais voulu, mais on ne lui a pas laissé le choix, aussi, maintenant qu'elle est à deux doigts de se fendre en deux comme un fruit mûr, elle serre les dents, fièrement, sous le regard las de son frère qui la surveille, dans le silence lourd d'un crépuscule pluvieux. Il est à peine cinq heures, il fait déjà nuit noire, et les lumières de l'hôpital s'approchent.
Elle titube, si frêle! On la couche sur un lit glacé, on parle. Elle aurait pu accoucher à la maison, comme tout le monde dans sa famille, mais la vieille sage-femme du clan a préféré l'envoyer là, et ce n'est guère rassurant pour la pauvre jeune fille qui grelotte sous le regard des médecins et des infirmières.
C'est là, sous les lumières blanches et hystériques des néons, que Messaline ouvre les yeux sur un monde pas très gai qui n'a pas fini de lui en faire baver. Si sa mère la prend dans ses bras, c'est juste parce qu'elle n'a guère le choix lorsque l'infirmière lui colle le bébé sous le nez.
Elle ne crie déjà plus, et cligne de ses yeux bleuâtres et encore flous. La jeune maman, profitant d'un instant de répit, la berce sans douceur et lui parle à voix basse. Lui parle de l'homme, et du secret qui la tenaille. Elle ne voulait ni de l'enfant, ni à vrai dire du père, mais elle n'a jamais osé parler.
Les premiers mots que Messaline a entendus n'étaient pas des mots d'amour ni ceux d'une mère, mais ils étaient pleins de souffrance et de haine larvée; on dira ce qu'on voudra, ça l'a sans doute marquée, d'une façon ou d'une autre. Comment bien commencer sa vie dans ces conditions?

On ne peut pas dire, pourtant, que la maman n'a pas fait d'efforts pour aimer sa fille. Mais elle était fille-mère, et chez les gitans ça pardonne pas, il faut un époux, un mari et un père pour la gosse; et qui voudrait d'un fruit dans lequel on a déjà croqué? Alors c'est le déshonneur et la honte, et la pauvre femme qui voit chaque jour s'abattre sur elle les insultes et les humiliations se dit que c'est cher payé, et que le monde est bien injuste de s'acharner sur elle de la sorte. Et quand elle regarde sa fille, qui devient belle à en crever les yeux, elle se dit qu'il y a quand même quelque chose de bien dans tout ça.

D'année en année, de pays en pays, frontières, routes interminables, une liberté factice dont la petite Messaline jouit en toute innocence, ignorant ce qui risque de s'abattre sur elle sitôt qu'elle sera en âge. Petite, elle chante, elle danse, elle essaie d'être heureuse sans savoir pourquoi on l'appelle bâtarde, sans savoir pourquoi son père ne vient pas, pourquoi sa mère se tait quand elle pose des questions. Ces vides, elle les remplit avec des histoires; son père est ailleurs, aventurier, chevaucheur de dragons. Il viendra, pour elles, il les emportera avec lui, et si personne ne la croit, il verront bien! Un jour son père reviendra pour sa mère et pour elle.

La chanson orpheline d'un rêve illusoire ne dura pas, dix ans, onze ans, douze, et les garçons qui l'épiaient, et elle commença à attirer les regards, treize, quatorze, élans de puberté, murmures. Quinze, un époux qu'on lui colle dans les pattes sans qu'elle sache d'où il sort et de quel droit on lui met la laisse au cou. Mariage, fête, colère. Sa mère pleure de joie, Messaline pleure de rage. Elle a un caractère de garçon, dit-on, même si c'est indécent chez une femme, ça fera de beaux héritiers.
Messaline ricane et s'échappe dans ses rêves, dans la danse, et deux ans durant, en douce, elle fait en sorte de ne pas tomber enceinte, car il ne manquerait plus que ça, se retrouver transformée en vache à lait, et ne plus danser.
Jusque là, Messaline a toujours oscillé entre de brefs instants heureux, grappillés ça et là. Des amitiés d'enfant, des jeux, des chansons, et cette liberté que peuvent avoir les enfants, courant les trottoirs et les rues, les places, les routes et les champs. A pieds, en caravane, en voiture, de la Russie à la France, l'Italie et l'Allemagne, l'Europe entière en terrain de jeu; et le regard fasciné de la petite fille qu'elle était et qui aimait tant voyager. Il y avait ça, un bonheur fragile qui arrivait à survivre aussi vaillamment qu'une rose dans un terrain vague, et la faim, aussi, et l'opprobre qui pesait sur elle et sa mère, et la sensation d'être en marge parmi les parias. La dure existence de ceux qui aimeraient être libres, sur les routes, et qui ne cadrent pas dans un monde cloisonné où les frontières sont des murs de béton, où les hommes vivent et meurent dans de sinistres clapiers, au nom de la Civilisation.

Messaline et son époux se retrouvèrent donc mariés, presque du jour au lendemain, et sans que l'un ni l'autre ne l'accepte; à défaut d'être fertile, cette union fut couronnée par une tendre amitié qui les unit petit à petit. Le jeune homme avait un caractère au moins aussi explosif que sa promise, et aimait tout autant courir la gueuse quand il en avait l'occasion; l'un et l'autre étaient finalement faits pour s'entendre, bien qu'il eût fallut de nombreuses disputes homériques et autant de réconciliations boudeuses pour qu'ils s'apprivoisent l'un l'autre. Tous deux avaient pour la musique une passion effrénée, et plus d'une fois leurs sarabandes endiablées firent danser les jeunes gens dans les villages; Messaline s'était habituée à la présence de son époux, et ils s'aimaient non pas d'amour, mais d'une complicité faite d'entente et de compréhension mutuelle -et de pas mal de mauvaise foi quand il s'agissait de leurs aventures extra-conjugales. Deux êtres aussi fantasques, aussi rêveurs, aussi libres qu'eux, ne pouvait au final que s'entendre, après tout.

Mais malheureusement, il fallait bien que le destin s’en mêle. Le monde ne pouvait pas laisser Messaline rester heureuse et sans entraves, dans un monde dont les barrières devenaient de plus en plus implacables, un monde qui n’acceptait plus que l’on n’entrât pas dans une case. Un enchaînement d’événements, implacable, se mit en branle. Un village roumain un peu perdu, et l’hiver qui venait. Mauvais jours, des soupçons; on ne les aimait guère, ces gens qui venaient et allaient sans rendre de compte à personne, avec leurs femmes trop belles et leurs sales manies de mendier dans les patelins. Il y eut des rumeurs de vol, jusqu’au jour où des enfants disparurent; trois gamins, qui n’étaient pas revenus de la forêt près de laquelle les gitans s’étaient installés. Le rapprochement fut vite opéré par les parents fous d’inquiétude, et il y eut de longs jours de lourde suspicion, même lorsque les hommes du camp aidèrent ceux du village pour retrouver les petits.
Peine perdue, ou presque. Ce ne furent que des cadavres gonflés d’eau qu’on repêcha dans la rivière proche, des cadavres qui avaient au cou la marque d’une morsure... Un choc, une explosion qui déclencha une réaction en chaîne. Les superstitions étaient encore bien vivaces, aux pieds des Carpates et les gens n’étaient point si bêtes. On accusa les gitans de protéger un vampire, de l’avoir parmi eux et de le nourrir avec des petits enfants; le jugement était prononcé, ils étaient coupable, et ils devaient payer.
Ils payèrent, au prix fort. On ne leur laissa même pas le temps de quitter les lieux, à peine quelques temps après la découverte des corps, alors qu’ils n’étaient même pas encore en terre, on décida de les punir. L’oncle de Messaline essaya de négocier, mais les villageois, furieux, terrorisés, choqués, ne lui laissèrent que le temps de comprendre que tout était perdu pour lui et les siens. Toute sa famille était rassemblée derrière lui, et Messaline ne rata rien de ce qui se passa, ni les cris, ni le plomb de chasse qui traversa la poitrine de Rubens, et l’éclaboussa de sang tandis qu’il tombait à la renverse.
Après, ce fut le chaos. La fureur. Un lynchage en règle. On ne leur accorda même pas le privilège d’une mort rapide et sans souffrance, et beaucoup furent laissés pour morts et expirèrent dans la nuit qui tomba sur eux. Certains purent s’enfuir et restèrent indemnes, mais Messaline n’eut pas tout à fait cette chance. Alors qu’elle courait pour échapper au massacre, deux hommes la rattrapèrent à la lisière des bois; sachant très bien ce qu’ils voulaient d’elle, la jeune fille ne se laissa pas faire, mais elle ne pouvait pas grand chose face à deux adultes bien décidé à lui faire payer la mort des enfants, et à prendre un peu de bon temps par la même occasion.

Ce fut là, l’instant. Le choc, le cahot, le nid de poule qui fit perdre les pédales à la petite gitane, qui dès lors ne fut plus jamais la même, qui laissa une partie d’elle-même dans les buissons d’épines qui déchiraient sa peau. Cette nuit-là, elle était morte à demi, et tout ce qu’elle avait eu de pur et d’heureux fut détruit, arraché de ses reins par ceux qui avaient décidé de faire de sa vie un enfer.

A l’aube, elle s’enfuit, le jupon en lambeau, hagarde, désespérée, plus morte que vive.

Messaline ne dit mot pendant des mois, après cela; mariée à quinze ans, veuve à dix-neuf ans, et désormais errant sans bruit le long des routes, enfermée dans son chagrin, pâle fantôme enveloppé de noir, maigre à effrayer les ratiches et méconnaissable pour tous ceux qui avaient un jour croisé sa route. Son esprit n'assimila jamais vraiment ce qui s'était passé; elle se contenta de ranger ces événements dans sa mémoire, sans plus jamais y toucher, de verrouiller ses douleurs derrière un masque, et d'oublier. Se perdre, comme elle le ferait toujours par la suite, dans tout ce qui pouvait la détruire
Après un interminable hiver, elle sortit de sa torpeur, et replongea peu à peu dans le grand bain de la vie, bariolée et débridée, retrouvant sa parure d'oiseau de feu et de fête. Ce fut lent, car on ne retrouve pas en un jour ce qu'on perd pendant si longtemps; et jamais plus Messaline ne retrouva la flamme joyeuse qui l'avait habitée auparavant, aucune danse, aucune musique ne fut aussi belle à ses yeux que lorsqu'ils étaient vivants. Comme si quelque chose s'était brisé en elle, et que cela avait définitivement emporté une part d’elle-même, l'étincelle de vie qui l'animait; elle était morte, et contemplait le monde derrière un rideau de brouillard funèbre, à jamais séparée des vivants par des vestiges de sang et de souffrance. La solitude, déchirante, était son lot quotidien, en toute compagnie elle se sentait étrangère. Jamais elle ne trouvait de personne qui ait à ses yeux autant de charme, autant d'esprit, autant d'attrait que ceux qu'elle avait perdu, et ce fut une longue période de tristesse et d'abandon, avant que de son cœur mort ne vienne un feu nouveau, que dans les débris qui étaient en elle une nouvelle plante prenne racine: le noir liseron de la déchéance, de la colère, et de la haine.
Cent fois elle noya ses chagrins dans l'alcool, dans les bras d'un homme, dans la danse et la musique; cent fois elle perdit la tête pour oublier l'absence, ne trouvant jamais de quoi meubler le vide de son existence.

Ange apparut dans sa vie à ce moment là. Ce corse expatrié loin de chez lui pour des raisons qui ne regardaient que lui avait vite repéré la trop belle Messaline, qui n'était pas non plus indifférente aux charmes du français. Une amourette se noua entre eux, quelques confidences...
Et Messaline l'aima follement, et elle était encore jeune, encore naïve, et si fragile... Elle ne sut jamais si cet homme-là l'aima un jour lui aussi; personne à vrai dire n'aurait pu répondre à cette question tant cet esprit-là était tortueux et brisé.

Et puis les mois passant ce fut la chanson ordinaire des camés, manque d'argent, travail qui ne suffit pas, visa expiré, de toute façon qu'est ce que ça change? Plus de travail, chômage, et paf, solution miracle. Un jour Messaline se retrouva sur le trottoir, et ne le quitta plus jamais.

Au début, elle se sentait dégoûtée à la simple idée de ravaler sa fierté pour n'être qu'un objet de consommation; et puis nécessité faisant loi, la faim et le manque lui creusant les entrailles, elle se fit une raison. Ange semblait veiller sur elle, et elle l'aimait, ça lui suffisait, à elle. La vérité c'était qu'il lui avait passée au cou une bride encore plus solide et encore plus serrée que n'importe quelle autre, celle qui ferait toujours revenir Messaline au galop. La drogue et l'amour avaient réussi là où tout le monde avait échoué.
Un temps indistinct, des années, peut être; elle ne sut jamais vraiment combien de temps s'écoula avant qu'elle n'ouvre enfin les yeux sur l'homme qui partageait son lit.
Et petit à petit, Messaline oublia pourquoi elle avait aimé cet homme qui l'attendait chez elle quand, épuisée, elle ne songeait qu'à dormir, et qu'il lui réclamait l'argent des passes de la journée, qu'il partait sans un mot, qui allait et venait à sa guise et qu'il n'était plus, au final, qu'un étranger. C'est à cette époque qu'elle commença à haïr les hommes, c'est à cette époque que se logea en elle le venin insidieux de la folie, lorsqu'elle prit enfin conscience de ce que Ange, qu'elle avait tant aimé, avait fait d'elle. Une épave, un objet. Si c'était volontaire, elle ne put jamais le savoir car un soir, comme un diablotin sortant de sa boîte à misères, elle prit la décision de le tuer.

Et après, elle pourrait se laisser crever.

Tout ne se passa pas exactement comme prévu, et il réussi à l'attendrir, et elle pleura, beaucoup, le pistolet trop lourd tremblait dans sa main molle, et il tomba lourdement quand il la prit dans ses bras, quand il murmura à son oreille le poison de ses mots d'amour, parce qu'il la connaissait, la Messaline, et ce salaud d'Ange tombé des Enfers avait dans son sac plus d'un tour pour la garder près de lui.
Elle pleura beaucoup ce soir là et elle se sentait déchirée de toutes parts, entre la haine qu'elle avait pour lui, et cet amour tordu qui s'accrochait tant bien que mal, qui repoussait comme du chiendent, et dont elle ne pouvait se défaire.
Au matin, les idées plus claires, elle se leva. Assise sur le lit, elle le regarda dormir paisiblement, tandis qu'elle sortait l'arme de sa cachette. Le tuer allait tout résoudre, apaiser sa haine et la libérer de cet amour qui la détruisait; le tuer était ce qu'il fallait.
La détonation creva le silence de l'aube.
Vingt et un. Messaline, du sang sur les mains.

La police locale n'étant pas les Experts, Messaline, en se débarrassant méthodiquement de l'arme et de tout ce qui pouvait l'accuser, réussit à disparaître par miracle et ne fut même pas inquiétée. Elle se contenta de changer de patelin, de racler les fonds de tiroir et les poches du cadavre encore tiède, et de recommencer plus loin ses petites affaires.
Elle avait pu empocher un bon petit paquet, visiblement Ange, quand elle l'avait abattu, venait de faire la tournée des filles et de ses clients.

La chance lui sourit enfin lorsque le propriétaire d'une boîte de strip tease florentine un peu spéciale s'enticha d'elle et lui offrit une place dans son établissement. Le Marquis, comme il aimait se faire surnommer, avait transformé l'ancien hôtel particulier hérité d'un grand tonton lord en réminiscence de maison close, sous couvert officiel de la charmante appellation de "bar à hôtesses".
Le Marquis ne faisait pas vraiment dans l'humanitaire, mais il prit soin de Messaline comme il prenait soin des autres, et elle put enfin panser ses plaies, un peu, même s'il était trop tard. Elle put recommencer à danser, elle put s'habiller coquettement -même si elle ne gardait pas longtemps ses vêtements- et prit goût aux corsets, jupons, dentelles et lingeries surchargées de volants. ça rendait un peu plus supportable le fait de s'exposer aux regards de ceux qu'elle détestait par-dessus tout, et peu à peu elle se rendit compte du pouvoir que pouvait exercer une femme, fut-elle simple prostituée sans papiers et sans nom.
ça l'aida à remonter la pente, à tout le moins à stopper un peu sa chute, à la ralentir, car celle-ci était devenue inévitable tant Messaline avait la ferme intention de ne plus rien attendre de la vie et de se laisser crever.

Et puis à nouveau elle fut jetée dehors. La maison ferma suite à de sombres affaires et à l'imprudence du propriétaire qui avait laissé un avocat trop zélé fouiner dans ses comptes et dans les activités de la maison.

Messaline remballa ses jupons et ses numéros, versa une larme sur le bref répit qu'elle avait connu là, avant que le souvenir d'Ange ne se rappelle à sa mémoire sous la forme de quelques balourds qui vinrent frapper un jour à la porte de la chambre occupée provisoirement par elle et deux collègues. Miraculeusement absente ce jour-là, elle fut aussitôt mise au parfum par les deux femmes, et Messaline refit ses valises avant de filer s'enterrer quelque part où elle était sûre qu'on ne la retrouverait pas. A Galway, par exemple. A l'adresse que lui avait donnée, un jour, une vieille maquerelle retirée du service, en lui disant que là-bas ils manquaient toujours de sang neuf. Elle avait ricané bizarrement, après ça, et sur le moment Messaline n'y avait pas prêté attention.

Elle ne comprit que plus tard, une fois les pieds dans le bourbier, et le ricanement de la vieille putain se matérialisa sous une forme très concrète: vampire. Celle qu'elle croisa, une nymphette innocente qui l'avait presque saignée à blanc dans une ruelle, était sans doute loin d'être la dernier, mais elle n'en voulut rien savoir. Cela la rendit un peu plus méfiante, mais un peu plus curieuse, aussi.
La fin du Zombillenium lui fit un peu tordre le nez. Plus de touristes, moins de clients. Pour s'en tirer, il allait falloir aller frapper à la porte vers laquelle elle avait voulu se diriger en premier, celle de la maison close. Mais elle avait prit goût à ces vacances, vivant sur ses économies.

Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, il va bien falloir se remettre au turbin...

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MessageSujet: Re: Messaline Zingaro   Messaline Zingaro Icon_minitimeSam 17 Déc 2011 - 2:39

Re-bienvenue parmi nous mademoiselle!

Tout est en ordre, ne me reste donc qu'à vous ouvrir les portes de la cité Messaline Zingaro 2551600555
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Messaline Zingaro

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